Recherche renseignements sur Portbail, Denneville.

[rborne]

Salut, je passe tous les ans mes vacances d'été à Portbail et Denneville dans la Manche. Je recherche des renseignements sur ces 2 communes pendant la bataille de Normandie. Si quelqu'un a des infos, ou des sites, je suis preneur. Merci

[Florence]

[quote="rborne"]Salut, je passe tous les ans mes vacances d'été à Portbail et Denneville dans la Manche. Je recherche des renseignements sur ces 2 communes pendant la bataille de Normandie. Si quelqu'un a des infos, ou des sites, je suis preneur. Merci :salut:[/quote]

Bonsoir,

Notre spécialiste es "Manche" va sûrement te répondre, j'ai nommé le beau Manu :lol:

Cordialement,

Florence

(ne rougis pas Manu D )

[Invité]

Oui je sais, je suis très beau , merci Flo
.Près de Portbail, il y a Saint -Lô d'Ourville, et là il y a l'épisode où le colonel Bacherer (commandant la 77ème division) a réussi à s'échapper de la coupure du Cotentin, avec 1200 à 1400 hommes en prenant un pont sur l'Ollonde, et en emmenant avec lui des prisonniers américains.
Portbail a été libérée par 9ème division et la 82ème aéroportée. Pas loin de Portbail, tu as aussi la station radar de Sortosville-en-Beaumont, et de ce lieu les américains ont bombardé un convoi allemand qui s'étendait sur 8km de long entre Bricquebec et Carteret.

Voilà une chtite carte du secteur de Portbail >>>>>>>> http://www.army.mil/cmh/books/wwii/utah/maps/Map31a.jpg

Mais bon, c'est pas une ville où il y a eu des grands évenements pendant la WW2.

[rborne]

Merci Manu, la station de radar, je l'a connais, tous les ans je vais lui rendre visite. J' ai même mi des photos de la station sur le forum. J' ai trouvé quelques trucs dedans. Autre question, connais tu la grotte de Barneville, et ou se situe t'elle?

[Invité]

Non je connais pas, il y a eu des faits WW2 dans cette grotte

[Florence]

[quote="manu50"]Oui je sais, je suis très beau , merci Flo D D D
.[/quote]

Tu sais bien Manu que je déc.... tout le temps! :lol:

[rborne]

[quote="manu50"]Non je connais pas, il y a eu des faits WW2 dans cette grotte [/quote] Apparement cette grotte aurait été occupé par un groupe de résistants. J'avais lu un article sur internet, mais impossible de le retrouver

[portbail44]

Bonjour,

Moi aussi, un amoureux de Port-Bail et de l'histoire du débarquement j'ai quelques informations à vous faire partager.

Premièrement, Port-Bail est aussi connu pour la mort du colonnel Bowler King au village de la Rivière, tué par balle alors qu'il regardait les mouvements des troupes allemandes à la jumelle. L'endroit exact où il fut tué n'étant pas là où il y a la stelle.

Le front, après la coupure du Cotentin, s'est stabilisé pendant 15 jours. Les américaines ayant concentré leurs efforts sur la prise de Cherbourg, leurs objectifs sur la ligne Port-Bail Carentan étant de maintenir leur position jusqu'a la prise de Cherbourg. Ainsi, Port-Bail et les villages alentours ont beaucoup soufferts des combats qui y se sont déroulés. Par exemple plusieurs soldats US ont été tués, les allemands se sont regroupés dans les dunes en ayant creusé des tranchés au pied des haies de Tamaris et invisible du ciel. Ce fut un très lourd combat. Ensuite, le front s'est déplace jusqu'a la prise de La Haye du Puit, ce fut des combats acharnés, on parle d'un soldat US mort par mètre.

Le bourg de Port-Bail a également été bombardé, allemands ou américains ? mais des photos existent sur le bourg en ruine. D'ailleurs Port-Bail fut déclarée ville sinistrée.

Plusieurs anecdotes existent notamment un portbaillais qui un 14 juillet est monté sur le clochet de l'église pour y dresser le drapeau français. Ce fut le cas également sur Barneville.

Pour ce qui est des résistants et de la grotte je n'en ai jamais entendu parlé. Il me semble par contre que trois hommes à Saint Jean de la Rivière ont été tués parce qu'ils avient cachés des armes dans l'église.

Enfin ne pas oublié le curé de l'époque qui fut déporté.

Voici quelques informations sur Port-Bail.

[rborne]

Salut Portbail44, il faut aller te présenter dans la rubrique "nouveaux membres" avant de reposter.

[Tex Hill]

Je connais également bien Portbail. Mes grands-parents y habitaient, ma mère y est née, j'y passais toutes mes vacances, j'y ai connu Mme Tex Hill (également née à Portbail), etc...

Pour en revenir à 1944 :
Le colonel King a été tué (probablement par un sniper) alors qu'il était dans la cour de la maison de mes grands-parents, au village de "La Rivière". Ma grand-mère avait récupéré son casque dans lequel il y avait encore quelques uns de ses cheveux. Bien des années plus tard (années 80 ?), lors de l'inauguration de la stèle dressée en mémoire du Colonel King (près du lavoir, à environ 600 m du lieu de son décès) la fille du Colonel est venue des USA. Malheureusement, ma famille n'a jamais réussi à retrouver ce casque qui aurait fait tellement plaisir à cette dame.

Les combats qui eurent lieu à la "Rivière" ont été très violents. Les obus US et allemands passaient régulièrement au-dessus de la maison. Mon grand-père avait fait se réfugier tout le monde dans la cheminée (partie la plus solide de la maison) et il disait : "si jamais ils raccourcissent leur tirs, c'est pour nous".
Une nuit, des soldats allemands sont venus déposer 3 de leurs camarades très grièvement blessés à la maison. Cela ne faisait pas la joie de mon grand-père (un ancien de la WWI, qui avait goûté à l'acier allemand à Verdun). Non seulement il ne les aimait pas mais aussi, il craignait que les Américains arrivent au même moment, ce qui aurait engendré une bataille rangée dans la maison peuplée d'une demie-douzaine de gamins... Une fois les Allemands repartis, mon grand-père a recouvert les blessés (allongés à même le sol) avec des couvertures en disant : "c'est quand même des hommes". Une demie heure après, une jeep et un GMC sont arrivés ils ont embarqués les blessés et sont repartis en zigzaguant sous une pluie de mortier allemand.
Dernière anecdote, ma mère a passé son bac le 04 juin 44 à Caen, elle en est reparti le 05 et les jours suivants, l'école a été détruite, les copies brûlées... Elle allait devoir le repasser en septembre, mais ça, elle ne le savait pas encore, croyant pouvoir profiter de ses vacances. Un matin (vers le 20 juin), comme tous les matins, elle va ramasser les oeufs dans le poulailler et là elle tombe nez à nez avec 6 soldats allemands qui y avait passé la nuit... Aussitôt, ces soldats ont tendus leurs armes à ma mère et lui ont dit qu'ils voulaient se rendre (ils étaient bien content de tomber sur des civils, car certains Américains étaient vifs de la gachette).
Mon grand-père a prévenus les Américains et une escouade menée par un Lt-Colonel est venue les chercher. Ce Lt-Colonel a voulu "embaucher" ma mère comme interprète, ma grand-mère s'y ait opposée : sa fille n'avait même pas encore 18 ans !

Il Y aura 50 ans, en 1994,

suite et fin de "A bâtons rompus, sur les événements de Juin 1944 à Port-bail"

"Extrait du journal de M. Emile GARÉRÈS, alors Percepteur de Port-bail"

MARDI 13 JUIN - Convoi de Géorgiens, le mauvais temps nous laisse un répit. Eclaircie, les avions reviennent. "La T.S.F." annonce que les troupes alliées se dirigent en direction de Carteret. Longue station, en face, dans la tranchée de Mme GUESDON (Mère de Mme AUDOUARD).
11 heures : les nouvelles : Churchill se trouverait en France, avec les chefs militaires. Est-ce possible ? La fin de l'attente !
MERCREDI 14 JUIN - Des troupes allemandes qui paraissent en pleine débâcle passent devant la maison, se dirigeant vers le bourg. La radio annonce la reprise de Montebourg, par les Américains. Mme AUDOUARD (femme du Maire de l'époque) nous alarme. Toute sa famille part en campagne. Je reste à mon poste, calme, stoïque.
JEUDI 15 JUIN - Des camions sur la route et mitraillage. Quelques clients au bureau. Les environs de la gare sont mitraillés. Quelques nouvelles: la forêt de St-Sauveur serait en feu. La plage et les bâtiments de l'ancien sémaphore sont bombardés.
VENDREDI 16 JUIN - Nous avons passé la nuit chez Mme GUESDON.
J'espérais préserver mes documents dans le coffre de M. AUDOUARD. Impossible de l'ouvrir !
Une dame travaillant à la Trésorerie Générale de St-Lô tente de me rassurer sur le sort de notre fille : "la route de Bayeux, où elle demeure, a été préservée du premier bombardement, dit-elle".
Un passage d'environ 200 blessés allemands, hâves, déguenillés. Le service sanitaire est débordé semble-t-il. Donc, tout va mal du côté allemand.
Mon collègue, Percepteur à Barneville, M. BISSON est resté, comme moi, vaillant à son poste.
Les Allemands blessés l'ont été dans la région de Pont l'Abbé et ont été désarmés par les Américains. St-Rémy et les environs sont pleins de troupes, complètement désorientées.
Communiqué : le gros des forces alliées se dirige sur La Haye-du-Puits et St-Sauveur.
Le palefrenier nous fait un tableau affreux de St-Lô, plus de 1.500 morts. Que sont devenus Suzanne et Jack ?
Un pauvre vieux civil, passe sur la route. Nous lui offrons à déjeuner et il repart content, lesté de provisions.
A 19 h, des bombardiers américains à double fuselage, à très basse altitude, lancent des bombes sur le pont. Les vitres volent. Mme LEMARQUAND (jeune) se réfugie à la maison. Une bombe éclate dans le Hâvre, face à la maison. Le pont n'est pas atteint, mais les toits n'ont plus d'ardoises et les fenêtres plus de vitres. Vision de désolation.
Deux obus éclatent venus on ne sait d'où. L?un, près de l'école. M. SAULNIER, garagiste, y échappe de peu, plus heureux que son chien, raide mort.
Sauve qui peut général. L?évacuation de Port-Bail commence. Je ne veux pas quitter mon bureau. Nous trouvons refuge dans la tranchée creusée dans le fond du jardin de Mme GUESDON.
Aviation, artillerie se déchaînent sur les innombrables convois allemands.
SAMEDI 17 JUIN ? Le jour paraît. Le bourg est en parti ravagé, l'église brûlée, ainsi que chez MESLIN et DENIS aux Callouins. Les maisons PANAGET et LECOLEY en ruines, ainsi que chez PELLETIER.
Deux morts : Mme PRUNIER et une petite DESPERQUES.
Rester dans le bourg est intenable, le maire décide l'évacuation. Nous remplissons une brouette de vêtements. J'emporte ma caisse et nous allons accepter l'hospitalité à La Valette de la famille DUREL-MAHIEU.
En nous rendant à La Valette, nous croisons un interminable convoi de voitures pleines de munitions. Il me faut repartir au bourg chercher du pain et mes documents. Le convoi est toujours là, interminable, il n'avance pas. Les avions observent... Et soudain :
- au moment où j'allais repartir vers La Valette avec ma malle, les avions interviennent en piqué et c'est l'enfer. Les bandes de mitrailleuses n'en finissent pas de brûler. Je suis à plat ventre sous les marbres des monuments funéraires. Là, sont exposés les tombeaux. Seul avec une petite souris qui me regarde, j'attends à côté de la Maison Guesdon.
Le calme revient. Il faut repartir vers La Valette (sans la malle). La route est impraticable, il faut s'en éloigner, les obus des convois explosent avec la chaleur. Les voitures à chevaux sont en feu et nous compterons par la suite, 24 carcasses de chevaux tués, entre le village du Hâvre et Port-Bail.
La maison du garde-champêtre M. GUILLARD est sérieusement endommagée.
DIMANCHE 18 JUIN - Attaque des ponts. Maison détruite route de Saint-Lô d'Ourville.
LUNDI 19 JUIN - En soirée, je vais à Barneville et je trouve la ville en fête. Des troupes américaines partout, des drapeaux, des fleurs. Pas de dégâts.
Quel contraste avec le bourg de Port-Bail. Les alliés seraient arrivés à Barneville au début de la nuit dernière.
L'artillerie américaine arrosant le bourg de Port-Bail, il y a encore de gros dégâts. Alors, avec M. Armand BATAlLLE, nous décidons de nous rendre à Caillemont, puis à Barneville, prévenir les Américains de ne plus tirer sur Port-Bail où il n'y a plus d'Allemands, ceux-ci s'étant retranchés de l'autre côté des Rivières.
Une voiture américaine vient constater nos dires. Tout le matin calme. Hélas, à 15 h, les obus, à nouveau, pleuvent partout ; les obus sifflent. Le feu est au presbytère. M. le curé, souffrant, grabataire, est descendu, et mis à l'abri. Un obus a traversé ma maison vient-on me dire. En effet, énorme trou en façade. Fenêtre brisée, volets arrachés, mais l'obus est rentré et ressorti sans exploser. Sur sa trajectoire tout est en lambeaux : meubles, vêtements, objets.
Le feu continue et j'y retourne. A trois hommes, nous tentons de mettre la pompe en batterie, en vain !
Je me décide à retourner pour la troisième fois à Barneville demander du secours. Vu le maire, le Bureau d'Etat-Civil et je demande l'aide de l'armée américaine pour l'incendie. Aucun secours ne peut être accordé, mais le Capitaine me promet qu'il va demander que cesse le tir sur Port-Bail. Promesse non suivie d'effets.
Port-Bail n'est plus qu'un brasier alimenté par le vent très violent. Spectacle dantesque vu de La Valette où je suis revenu en soirée. Hélas, Port-Bail est situé entre batteries américaines et allemandes installées au-delà des Rivières.
MARDI 20 JUIN - La situation s'est encore aggravée la nuit dernière. A minuit, les tirs d'artillerie reprenaient, M. ELIGEST, les fils ELIARD sont blessés. Les maisons qui avaient été épargnées, ou légèrement atteintes, le sont complètement. Ainsi en est-il de celles des familles GOURBlN, COUPPEY, AUDOUARD. De nouvelles sont maintenant la proie des flammes.
JEUDI 22 JUIN - Encore le feu. La maison de Mme LETOURNEUR est détruite. La boulangerie DESPREY est sauvée de peu. Les Allemands sont repliés vers Varreville. C'est là que le Père Albert (remplaçant le curé de Port-Bail malade) fut fait prisonnier. Il allait exhorter les Allemands à se rendre.
Il fut torturé et décéda en Allemagne en camp de concentration.
VENDREDI 23 JUIN APRES-MIDI - J'aide à débarrasser la route de Barneville des cadavres de chevaux et des munitions explosées ou non. Travail dangereux, malsain ; mais la salubrité du bourg avant tout.
Tous les deux jours, j'ouvre la perception et effectue quelques paiements. Ainsi, le temps passe plus vite.
SAMEDI 24 JUIN ET JOURS SUIVANTS - Les Allemands s'accrochent encore de l'autre côté des Rivières, font des incursions de nuit à Port-Bail.
Puis, petit à petit, les Américains les délogent et le calme revient.
SAMEDI 1ER JUIILLET - La troupe américaine est là. Nous nous décidons à revenir chez nous avec un souvenir ému pour ces DUREL-MAHIEU de La Valette, qui nous ont si bien accueillis, choyés, protégés. Quelle reconnaissance nous leur devons !
19 JUILLET 1944 - Qu'est donc devenue notre fille ? Le Préfet de la Manche, avec le commandant qui l'escortait, sont venus à Port-Bail et ont promis de faire des recherches.
24 JUILLET 1944 - Les nouvelles de la situation politique en Allemagne et les succès russes nous donnent bon espoir que la guerre tire sur sa fin.
Un avion américain tombe en flammes dans les dunes de St-Georges.
LUNDI 31 JUILLET - Notre angoisse est grande. Aucun renseignement des services préfectoraux.
MERCREDI 9 AOUT - M. HEROULT a vu Suzanne sortie indemne des bombardements. Quel soulagement !
JEUDI 10 AOUT - La veille de sa fête, ma fille est arrivée et je suis heureux. Son fiancé, Jack MOUTARD l'a accompagnée jusqu'au bout.

(1) L'administration du Trésor adressa une lettre très élogieuse à M. GARÉRÈS, pour sa conduite lors de ces événements.