
Au printemps 1944, à Drouges, non loin de La Guerche-de-Bretagne, un maquis s'est formé, avant le débarquement allié en Normandie. Natif de La Guerche, habitant Chantepie depuis de nombreuses années, Georges Courcier faisait partie de ce maquis. Il se souvient.
Lorsque le STO (Service de travail obligatoire) a été instauré Georges Courcier était de ceux qui, âgés de 18 ans, furent réquisitionnés pour aller travailler en Allemagne. « Ce n'était pas vraiment de mon goût et je suis parti me réfugier dans une ferme, près de Laval. Après six mois passés dans l'agriculture il profite de sa formation de typographe, pour être embauché dans une imprimerie lavalloise, « dont le patron a eu le courage de fermer les yeux sur ma situation de réfractaire ».
Pendant quelques semaines, en relation avec un employé de la préfecture, il mettra son savoir à la confection de fausses cartes d'identité. « Mais bientôt, la belle-fille de mon employeur étant juive, celui-ci se trouva dans le collimateur des autorités allemandes et j'ai dû quitter son service. Je suis alors mis en rapport avec des membres de la Résistance à Rennes, liés à l'organisation de Libération-Nord ».
Fin avril 1944, des membres du réseau seront arrêtés suite à une réunion clandestine à l'hôtel du Cheval d'Or. La cache rennaise du résistant est désormais surveillée, il doit fuir Rennes précipitamment. « J'ai trouvé un point de chute à Drouges, dans la ferme de Jules Burloude, membre de la Résistance. C'est ici que devait être effectué, après le débarquement, un parachutage d'armes à notre intention ».
Le 13 juillet, à 13 h, groupés autour de notre petit poste de radio, Georges Courcier et ses compagnons résistants écoutent la radio de Londres. Par cinq fois, ils entendent « les enfants vont au village. » Ce message est le signe que le largage d'armes et de munitions est prévu pour la nuit prochaine. « Vers minuit, un ronronnement d'avions se fait entendre. Cinq avions de la Royal Air Force se présentent et avec une grande précision procèdent au largage de toutes sortes d'armes, se souvient Georges Courcier. On a parlé de 16 tonnes de matériels, ce qui était bien trop pour une quarantaine d'hommes ».
La satisfaction est de courte durée pour le résistant et ses comparses. Quatre de leurs camarades, venus les rejoindre depuis Rennes, viennent de tombés à Vern, victimes d'un barrage allemand.
Ils se retrouvent à Domalain, où la 2ème Division Blindée (DB) du général Leclers stationne. « Un officier s'est chargé de nous intégrer dans l'armée régulière. Les combats vers la Normandie sont très durs. Sur 150 jeunes d'Ille-et-Vilaine qui avaient rejoint l'armée Leclerc, 37 sont morts au combat ».
Georges Courcier est affecté au 501ème Régiment de chars. « Pour la petite histoire, j'y côtoierai Jean Marais et Jean Nohain. » Il participe à la libération de la capitale, puis celle de Strasbourg, le 23 novembre 1944.
L'avancée de la 2ème DB le mène même jusqu'à Berchtesgaden, « où nous sommes arrivés juste avant les troupes américaines ».
Les hasards de cantonnements successifs feront bien les choses. « Invité à déjeuner par le chef de gare de Villeneuve-la-Guyard, dans l'Yonne, j'y ferai la connaissance de sa fille, qui deviendra ma femme et me rejoindra en Bretagne. » Georges Courcier conserve un regret. Pour d'obscures exigences administratives, il n'a pu obtenir la médaille de la Résistance.
Un article paru sur Ouest-France le 8 mai 2012 : http://www.ouest-france.fr/actu/actuLoc ... Locale.Htm