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Une vie avec Oradour

Posté : 05 févr., 10:37
par Luner21
Hier, lundi 4 février, je me suis rendu à l'Institut Goethe à Paris (16e) pour assister à la projection du film "Une vie avec Oradour" de Patrick Séraudie. Ce documentaire d'environ une heure et demie relate l'incroyable histoire de Robert Hébras le 10 juin 1944 mais également sa reconstruction, sa vie avec le drame et ces efforts pour la réconciliation franco-allemande.

Ce film est un bijou et devrait être vu par tous. Notamment par les propos de respect, de réconciliation et d'histoire qu'il diffuse. Il ne faut certes pas oublier, mais il ne faut reproduire les erreurs passées.
Pour une fois, le témoignage d'un survivant est recueilli directement sur les lieux du drame. Les souvenirs de M. Hébras étant très précis, le voir témoigner devant sa maison ou la grange Laudy où il fut fusillé est précieux. Couplé avec le récit de Jean-Marcel Darthout, l'histoire de M. Hébras en devient donc plus poignante et finalement pas si lointaine. Mais comme il dit lui-même, tout cela est difficile à imaginer et donc à croire.
--> Si vous avez l'occasion de voir ce film ou de vous le procurer, regardez-le mais surtout diffusez-le au plus grand nombre.

La projection était suivie d'un débat en présence de Robert Hébras, du maire actuel d'Oradour, du réalisateur et son collègue historien, d'une élue de la région Limousin et également d'un maire allemand bavarois ayant œuvré à la réconciliation. Bien que l'initiative du débat soit louable et la présence d'un survivant unique et magique, cette discussion n'a pas apporté de réponses à la question posée : comment travailler à la réconciliation après un drame comme Oradour ? Les questions posées me parurent convenues et inutiles et n'abordèrent que trop peu le procès de Bordeaux et celui de Heinz Barth.

En tout cas et pour en finir, la soirée fut admirable, mais tout particulièrement ce film que je vous conseille vivement. La présence de R. Hébras fut en quelque sorte un cadeau.
Les références du film :

Image

http://www.oradour-lefilm.com/a-propos/le-film

Re: Une vie avec Oradour

Posté : 05 févr., 10:49
par Marc Laurenceau
Merci pour ce témoignage.

Il est regrétable que monsieur Hébras ait été condamné le 14 septembre 2012 à un euro symbolique de dommages et intérêts et à 10 000 euros de frais de justice pour avoir émis des doutes sur le caractère forcé de l’enrôlement d’Alsaciens dans les Waffen SS dans son livre Oradour-sur-Glane, le drame heure par heure, écrit en 1994 dans lequel il écrivait que : « Parmi les hommes de main, quelques Alsaciens enrôlés soi-disant de force dans les unités SS ». Suite aux protestations des Associations des évadés et incorporés de force (Adeif) du Bas-Rhin et du Haut-Rhin qui demandaient le retrait du livre des librairies, il avait nuancé ce propos dans les éditions suivantes, mais dans un nouveau retirage en 2009 il a repris sa version initiale.

La cour d’appel de Colmar a estimé que Robert Hébras « a outrepassé les limites de la liberté d’expression en mettant en doute le caractère forcé et non volontaire de l’incorporation de force de jeunes Alsaciens dans les unités allemandes de Waffen SS » Elle a estimé par ailleurs que « Robert Hébras ne pouvait pas se prévaloir de la qualité de témoin, car à l’époque du massacre «il n’avait pas distingué les Allemands nazis des Alsaciens portant tous le même uniforme» et qu’il était « encore moins témoin de l’incorporation de force des Alsaciens dans les unités allemandes ». L’incorporation de force, estime la Cour d’appel, est une « vérité historiquement et judiciairement établie. »
Rober Hébras a indiqué que le retirage incriminé de son livre avait été effectué à l’initiative de son éditeur qui a utilisé d’anciens typons d’impression non corrigés et qu’il n’a jamais signé de bon à tirer pour cette réédition. En janvier 2013, il se pourvoit en cassation.

Tout est fait pour panser la plaie entre l'Allemagne et la France, ce qui est une réussite sur bien des plans et il faut s'en féliciter. Mais il existe également une plaie au sein même du peuple français, qui est trop méconnue et qui doit être abordée pour être soignée.

Source

Re: Une vie avec Oradour

Posté : 05 févr., 11:27
par Luner21
Je ne suis on ne peut plus d'accord avec toi.
Condamner un survivant qui a déjà vécu un drame horrible est vraiment honteux, mais pour une si petite phrase... Alors que d'autres font bien pire.
Pourquoi gérer les petits problèmes quand il faut s'attaquer aux plus gros et plus profonds ?

Le problème majeur de cette histoire est l'acceptation politique ou non de l'implication (à déterminer) des malgré-nous dans ce massacre.
Cela nécessite bien évidemment de nombreuses heures et jours de recherche historique et de débat dans un esprit tranquille :D

Re: Une vie avec Oradour

Posté : 05 févr., 12:56
par Luner21
P.S - J'avais posté mon sujet au mauvais endroit ?

Re: Une vie avec Oradour

Posté : 05 févr., 16:41
par Rommel 29
L'histoire tragique d'Oradour sur glane est une cicatrice qui ne se fermera jamais.Cette condamnation envers Mr Hébras est tout simplement honteuse et scandaleuse!La réconciliation et l'amitié franco-allemande sont de très bonnes choses,mais le trajet sanguinaire de Montauban à la Normandie,de la division SS "Das Reich" et plus particulièrement du régiment "Der Fuhrer",restera tristement gravé à jamais.

Re: Une vie avec Oradour

Posté : 05 févr., 17:58
par Marc Laurenceau
Il y a une petite méprise. J'ai employé le terme regrettable par ce que je regrette la phrase de Robert Hébras, que je condamne également. Il ne s'agit malheureusement pas d'une petite phrase anodine mais d'une grave accusation qui pèse lourd sur le souvenir des Malgré-Nous, et cela témoigne de la méconnaissance de l'histoire de ces Alsaciens-Mosellans.

Dans l'histoire, j'ai pu m'en rendre compte au fil de mes recherches, il n'y a pas de petits problèmes. Comme le disent si bien les Anglo-Saxons, "le diable gît dans le détail". Cette petite phrase qui aurait pu passer inaperçu ne peut et ne doit pas rester en l'état. C'est se méprendre sur la tragique histoire de l'enrôlement de force de ces jeunes gens. Certes, il y a eu des profiteurs. Des gens que cela n'a pas plus dérangé que cela de porter l'uniforme de l'occupant. Mais il faut systématiquement refuser tout amalgame, même si cela vient de l'un des deux derniers survivants de la terrible tragédie (encore une...) d'Oradour.

Ce n'est pas, à mon sens, une condamnation honteuse. Tout le monde n'a pas l'impunité de dire tout ce que l'on pense, surtout sans l'ombre d'une preuve. C'est au contraire une importante leçon de justice. Voilà mon humble avis.
Cela n'ôte rien à l'importance de dire ce qui s'est passé à Oradour, de faire prendre conscience aux générations futures du caractère atroce et inacceptable d'un tel acte. C'est une mémoire dont nous avons la responsabilité, alors il faut le faire en connaissance de cause, sans amalgame.

Bien cordialement.

Re: Une vie avec Oradour

Posté : 05 févr., 19:22
par Noam
Je suis allé à Oradour-Sur-Glane, il y a quelques années, et je m'en souviens comme si c'était hier. C'est un événement horrible, je possède un livre avec des photos du village "avant" et "après" le massacre, je peux les scanner, si vous voulais, et les mettre sur le forum.