voici un texte tiré de "la manche libre'A l?égard des Américains, le sentiment des Manchois est quelque peu mélangé. A leur arrivée, beaucoup de communes de la Manche les accueillent chaleureusement, comme celle de Sotteville. Mme Lequertier, secrétaire de mairie, témoigne « Contact grandiose, émouvant, inoubliable. La foule couvrît les libérateurs de fleurs, leur offrit du vin, de l?eau de vie, du cidre; les embrassa et les entraîna dans ses demeures »
Le premier contact avec les Américains provoque ?une joie délirante aux Pieux, ?l?allégresse générale? à Digulleville, dans la Hague, ainsi qu?à Sourdeval-lesRois, près de Gavray, ?l?enthousiasme? à Saint-Planchers, près de Granville. Ils sont reçus ?à bras ouverts? au Buat, près de Saint Hilaire-du-Harcouét, ?le c?ur en liesse? à Anctoville-sur-Boscq, près de Bréhal.
A Carentan, la population restante pavoise rapidement plusieurs rues avec des drapeaux tricolores à l?arrivée des avant-gardes.
A Cherbourg, c?est ?la fraternisation franco-américaine? le 29 juin 1944. Les concerts américains organisés place de la République les 14 et 15 juillet sont chaleureusement applaudis et beaucoup de jeunes filles répondent aux invitations à danser des militaires américains.
Bon nombre de Manchois sont émerveillés devant ?tout le matériel américain?. Sa modernité et sa quantité surprennent tout comme la désinvolture des soldats.
Cependant, d?après un rapport confidentiel du quartier général de la 1? armée américaine du 17juillet 1944. ?l?attitude des civils de la Manche à l?égard des forces américaines de libération est plutôt réservvée. Leur réserve est probablement due à leur tempérament normand ainsi qu?au choc de la guerre?.A Vesly, près de Coutances, les Américains sont accueillis dans ?l?indifférence?.
L?accueil est pour le moins ?froid? dans les communes manchoises bombardées, surtout de la part des familles endeuillées.
A Saint-Lô, Marcel Menant et les quelques dizaines d?habitants encore présents au milieu des ruines ?montrent leurs poings aux Américains entrant dans leur ville?;
ils les accusent d?être des ?assassins?. Le préfet de la République, ayant pris pied dans le Cotentin en pleine bataille de la Manche, constate que ?des libérateurs se transforment en pilleurs, violeurs et tueurs?. Certains soldats américains refusent en effet de payer leurs ?achats?, suscitant de ce fait un vif mécontentement chez les commerçants.
D?autres soldats volent, par exemple, dans les décombres de Saint-Lô, éventrant et vidant notamment les coffres-forts de la Société générale. L?ampleur de leurs pillages dans le chef-lieu du département est telle qu?elle conduit la population à demander qu?un détachement de l?armée française vienne surveiller les immeubles détruits, les forces de police en étant empêchées par les autorités américaines.
Des viols sont mentionnés à Cherbourg, Equeurdreville, Quibou prés de Saint-Lé, Tourlaville. Des meurtres sont commis en plusieurs endroits, souvent par des soldats ivres.
A la campagne, des agriculteurs reprochent aux Américains leur ?sans gêne? quand ils s?installent dans les champs en culture et les vergers, plutôt que dans les landes et les mielles.
En ville, des propriétaires et des locataires s?étonnent des réquisitions brutales d?immeubles par les troupes américaines et voient naître une seconde occupation
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