Arlette et Michel Eude témoignent leur expérience des bombardements de Normandie en 1944

Combats, bombardements, déroutes... Quels ont été les impacts de la Bataille de Normandie sur les civils normands ? Cette rubrique leur est destinée : posez-vos questions ou donnez votre témoignage.
Marc Laurenceau
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Arlette et Michel Eude témoignent leur expérience des bombardements de Normandie en 1944

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Mariés en 1954, Michel et Arlette Eude ont tous les deux vécu des histoires différentes lors des bombardements du 6 juin 1944. À l'époque, ils ne se connaissaient pas. Seul point commun : l'exode.

Témoignage

Le Trou de souris

Michel

J'avais 13 ans en 1944. Avec ma famille, nous vivions au 23, rue Valvire, près du déversoir. Des tracts avaient été largués par avion pour nous prévenir des bombardements. Mais nous ne les recevions que partiellement. Les premières bombes ont détruit la ville de façon transversale, notamment la gare.

Le patron de papa, de l'électricité du Cotentin, nous a conseillé de rester chez nous mais mon père s'est méfié. Nous avons pris quelques affaires et avec mes parents, ma soeur Jacqueline et deux jeunes voisins nous nous sommes rendus à la Barre-de-Semilly, au Trou de souris. Beaucoup se sont moqués de nous. Pour eux, nous étions trop loin des plages pour subir des assauts. La plupart sont morts lors des premiers bombardements, à 8 h, le 6 juin. »

La ferme du Petit-Candol

Arlette

J'habitais rue Falourdel, perpendiculairement à la route de Villedieu. Mon père tenait un garage, rue Croix-Canuet. En 1944, j'avais 11 ans. Le matin du 6 juin, des habitants remontaient la rue pour gagner la campagne aux alentours. Nous avons préféré attendre chez nous mais, après le premier bombardement, la ville était en flamme.

Alors mes parents se sont décidés. Partis sans rien, nous pensions revenir le lendemain. La ferme du Petit Candol a servi de refuge pour beaucoup de familles. Mais certaines voulaient s'en aller plus loin. Nous, nous sommes restés. Les Allemands nous obligeaient à quitter les lieux par sécurité. Mon oncle a dit : « Les Américains vont arriver, il faut les attendre ! » Cachés, nous sommes restés au coin d'un champ avant de regagner la ferme du Petit Candol, déserte. »

À l'hôpital allemand

Arlette

Le 17 juillet nous y étions toujours ! Des tirs d'obus se sont fait ressentir et mon père est sorti, croyant que c'était terminé. Des éclats du dernier obus lui ont arraché le bras à partir du coude. Ma mère lui a fait un garrot et nous sommes allés chercher du secours au château de la Grande seigneurie. Puis, papa a été envoyé au Mesnil-Raoult dans un centre de secours allemand où il a été amputé.

Plus tard, nous avons pris la route pour l'hôpital de Mortain. Nous y sommes restés jusqu'à ce que les Américains arrivent. Quand nous sommes rentrés à Saint-Lô, la maison avait disparu pour laisser place à un tas de pierres. Le garage avait été pillé. »

Le père pleurait

Michel

Avec ma famille, nous sommes descendus jusqu'à Hercé, en Mayenne. Puis nous avons emprunté le même chemin qu'à l'aller pour rentrer à Saint-Lô. Mon père s'est mis à pleurer devant la maison complètement détruite. Une habitation voisine était toujours debout, alors papa a demandé aux propriétaires, qui quittaient la ville dévastée, de nous la céder.

Le toit était en très mauvais état. Pendant, plusieurs mois, nous avons vécu dans deux pièces seulement. Nos lits ont été récupérés au château de Sainte-Marie, à Agneaux. J'allais à la fontaine chercher de l'eau et nous nous éclairions à la bougie. Cela a duré plusieurs mois avant que nous ayons de l'électricité. Puis, le collège a repris début 1945, rue Saint-Georges. Les gens ne peuvent pas s'imaginer comment c'était ! »

Source : Ouest-France
Date : 31/03/2014
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Marc Laurenceau
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Campiana
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Message non lu par Campiana »

"Les gens ne peuvent pas s'imaginer comment c'était !"

Merci Marc de nous faire parvenir ce double témoignage très émouvant et simple.
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François
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Re: Arlette et Michel Eude témoignent leur expérience des bombardements de Normandie en 1944

Message non lu par François »

Merci
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john9
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Re: Arlette et Michel Eude témoignent leur expérience des bombardements de Normandie en 1944

Message non lu par john9 »

Merci pour ce témoignage fort intéressant.......
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