Omaha Beach est le second des deux secteurs de débarquement américains. Longue de 5,9 kilomètres, cette plage est située à 12 kilomètres à l'Est de Utah Beach.
La dernière fois que j'ai eu des nouvelles de lui, c'était pour le 50ème anniversaire du débarquement. Il répondait aux journalistes depuis sa maison en Géorgie (USA).
Il leur raconte son débarquement :
"Nous avons tourné en rond pendant au moins deux heures avant de prendre la direction du rivage. Nous avons heurté un banc de sable, et la porte blindée s'est ouverte. J'étais paralysé de peur. J'ai pensé que les Allemands avaient peut-être braqué l'une de leurs mitrailleuses sur la rampe de débarquement et allaient faucher les hommes l'un après l'autre. Alors j'ai décidé de sauter d'un côté de la péniche. A l'endroit où je suis tombé dans l'eau je n'avais pas pied, et le poids de l'équipement m'a fait couler à pic. Les balles sifflaient autour de moi. Des corps flottaient à la surface. Quelques minutes auparavant, la première vague d'assaut était censée avoir dégagée le terrain. Ils n'avaient pas pu avancer d'un pas. Nous nous sommes empilés sur eux.
Il explique ne pas se souvenir d'un homme le prenant en photo. En revanche, en se voyant en photo, il se souvient de ce qu'il était en train de faire à ce moment :
"J'étais totalement épuisé. Je ne pensais pas que je pourrais aller plus loin. J'étais en train d'essayer de me débarrasser de mon gilet de sauvetage pour être plus léger et pouvoir courir sur la plage. On nous avait présenté une maquette de la plage. Mais avec le courant, tout le monde a dérivé vers l'Est. Les hommes de la 1ère division se sont mélangés avec ceux du 116ème régiment. Je ne connaissais personne. J'avais peur qu'avec l'eau de mer mon fusil se soit enrayé. J'étais partagé entre l'idée de le nettoyer et la peur de me faire surprendre sans arme par les Allemands, s'ils contre-attaquaient.
Au bout de trois heures, passés derrière le mur de sable d'Omaha Beach sous le tir des mortiers et des mitrailleuses allemandes, nous avons finalement eu le courage de lever la tête et de commencer à découper les barbelés qui barraient la plage. Nous avons continué à ramper dans le sable.
Le plus étonnant est que, ce matin-là, je n'ai même pas eu l'occasion de me servir de mon fusil. Je n'ai même pas vu un soldat allemand de la matinée. En milieu d'après-midi, j'ai ouvert le feu sur un tireur embusqué dans un pommier. Le seul ennemi que j'ai aperçu ce jour-là était un jeune prisonnier allemand de 17 ans aux yeux hagards. Notre lieutenant nous a dit que nous n'avions personne pour garder les prisonniers, qu'il fallait les relâcher dans un champ et les abattre aussitôt. Nous les avons relâchés, mais aucun de nous n'a eu le courage de leur tirer dans le dos. Nous les avons laissés filer.
J'ai été promu sergent au début de la troisième semaine de juin, alors que tous les autres sergents du régiment avaient été tués."
Deux semaines plus tard, Regan prend part à l'attaque à la baïonnette (la seule de toute la bataille de Normandie) du bourg de Martainville, où il sera blessé par un tir allemand. Il raconte :
"En me relevant, j'ai découvert un impact de balle dans mon casque. Le projectile avait pénétré le métal selon une trajectoire oblique et était ressorti en m'éraflant l'oreille, après avoir fait un ou deux tours du casque."
Evacué en Angleterre, Regan effectuera un travail administratif pour l'armée, après avoir demandé d'être rétrogradé au grade de simple soldat.
Vous pouvez remarquer que de nombreux éléments de ce témoignage ont inspiré certains passages du film Il faut sauver le soldat Ryan de Steven Spielberg.