Allocution de Paul Martin
Premier Ministre du Canada

60e anniversaire du débarquement de Normandie – Discours officiels

Discours prononcé le Dimanche 6 juin 2004 au Centre Juno Beach à Courseulles-sur-Mer dans le cadre de la cérémonie franco-canadienne.

« Mesdames et Messieurs,

« Continuez d’avancer », leur a-t on dit. Ce matin-là, contre les tireurs d’élite, contre les mortiers, contre l’artillerie puissante encastrée dans les fortifications allemandes, c’était le seul moyen pour un soldat d’accomplir sa mission. C’était sa meilleure chance de survivre. Continuer d’avancer.

Sur une mer houleuse, les portes des péniches de débarquement se sont ouvertes, comme elles s’ouvraient tout le long de la côte de la France, comme elles s’étaient ouvertes deux ans plus tôt à Dieppe. où tant de Canadiens avaient trouvé la mort en défendant la cause de la liberté. Sur la Manche en ce Jour J, certains parlaient d’une revanche après ces tristes événements. D’autres gardaient le silence à mesure que la côte s’allongeait, que l’heure de la bataille approchait. Il y a soixante ans aujourd’hui, les portes se sont ouvertes, et ils ont foncé.

Ils s’y étaient préparés. Ils avaient attendu. Puis des milliers de soldats canadiens ont avancé ici contre un ennemi bien retranché.

Les hommes tombaient autour d’eux. Un ami, un frère, une personne avec qui ils venaient d’échanger une blague, un verre de rhum ou un bol de soupe. Les hommes tombaient, et néanmoins ils ont pris la plage d’assaut. Les hommes tombaient, et néanmoins ils ont pris les fortifications d’assaut. Ils se sont dirigés vers l’intérieur. Ils se sont battus dans les rues. Ils ont libéré les villes. à la nuit venue, ils avançaient toujours.

Les eaux de la Manche et les vents de la côte normande ont effacé les traces laissées par ces hommes à Juno Beach. Mais la grande vague du temps passé ne peut emporter les impressions profondes qu’ils ont laissées dans notre mémoire nationale, et dans les annales du monde libre.

Lorsque ces soldats, ces hommes aux nerfs à toute épreuve, nous auront quitté, leurs enfants et leurs petits enfants continueront de venir ici. Des premiers ministres viendront. Ainsi que des artistes et des historiens. Ceux dont le grand-père, l’arrière-grand-père ou l’arrière-arrière-grand-père a débarqué ici le 6 juin 1944. Ceux qui ne connaissent de la guerre que ce qu’ils ont appris dans les livres. Ils viendront. Les Canadiens viendront.

Nous viendrons sur ces lieux désolés de toute beauté pour regarder la plage, pour réfléchir, pour nous émerveiller, pour sentir les larmes monter et notre cœur battre, pour dire merci silencieusement. Nous reviendrons toujours en ce lieu historique marqué par la tristesse et le triomphe, où la tyrannie a été repoussée et où la liberté a repris ses droits.

Comme les hommes qui ont envahi cette plage, nous continuons d’avancer. En tant qu’hommes et femmes. En tant que nation. En tant que communauté internationale.

C’est grâce à votre courage, c’est grâce au sacrifice consenti par ceux qui y ont trouvé la mort, que nous avons cette possibilité, et nous la saisirons. Nous tâcherons toujours d’avancer.

Mais nous nous arrêterons aussi. Nous nous arrêterons, le temps de penser à vous. Le temps de penser à ceux qui ont poussé leur dernier soupir ici. Nous penserons à vous, et nous vous serons toujours reconnaissants. »

 

 

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