Batterie de Maisy
Batteries allemandes du mur de l’Atlantique en Normandie
Unité : 8ème et 9ème bataillons du 1716ème régiment d’artillerie (8./AR1716 et 9./AR1716)
Nom de code : Stp 83 / Stp 84 – H.K.B. Maisy
Pièces d’artillerie : 4x 100 mm FH14/19 (t) et 6x 155 mm F414 (f) mm SKC 34
Issue : sous contrôle américain le 9 juin 1944
La batterie de Maisy est localisée entre les villages de Grandcamp et Maisy à l’est, et l’embouchure de la Vire à l’ouest. Elle se compose de deux points fortifiés (Stp 83 « La Perruque » et Stp 84 « La Martine ») construits en décalé dans le temps puis réunis par un seul et même champ de mines ainsi que par un important réseau de barbelés.
Construction et composition de la batterie de Maisy
Le premier point fortifié dans le temps est celui du lieu-dit La Martine (Wn 84 ou Stp 84), orienté vers l’embouchure de la Vire. Il est armé par quatre canons de 100 mm FH14/19 (t) d’origine tchèque et d’une portée de dix kilomètres, installés dans un premier temps sur des positions de tir à ciel ouvert. Avec la multiplication des bombardements aériens alliés sur le Mur de l’Atlantique, les Allemands décident de protéger leurs canons sous des casemates de tir : via l’organisation Todt, ils entament la construction de quatre Regelbau H612, mais seulement trois sont sortis de terre et entièrement opérationnels au moment du débarquement.
Le Stp 84 ou « batterie de La Martine », tenu par les artilleurs du 8./AR1716, comprend également cinq bâtiments Vf58c et un R622.
Cinq cent mètres plus à l’est se trouve le Stp 83 (batterie des Perruques) défendu par le 9./AR1716. Les Allemands y installent quatre encuvements à ciel ouvert pour y placer quatre canons de 155 mm F414 français datant de la Première Guerre mondiale et d’une portée maximale de 11,3 kilomètres. Deux autres canons du même type viennent renforcer la position, mais faute de place ils sont placés sur des positions de tir de fortune, creusées dans le sol.
Le site des Perruques comprend également un tunnel reliant les encuvements, un hôpital de campagne souterrain ainsi que des abris en tôle, deux R622 et un canon anti-aérien de 76,5 mm. Plusieurs positions de mitrailleuses lourdes sont également installées aux abords de la batterie et à proximité de ses voies d’accès. De plus, il comprend une construction particulièrement rare sur l’ensemble des installations du Mur de l’Atlantique : un poste de commandement et de communication.
Le poste de commandement des tirs est situé en bordure de la côte, au nord-ouest de la localité de Grandcamp.
Ces deux batteries n’étaient pas inconnues des Alliés : elles avaient été répertoriées sur plusieurs cartes distribuées aux combattants.
La batterie de Maisy face au débarquement
Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, les Alliés lancent un raid aérien massif au-dessus du Mur de l’Atlantique. Celui-ci est suivi à l’aube par le bombardement naval délivré par l’HMS Hawkins. Malgré ce déluge de bombes et d’obus, aucun dégât majeur n’est relevé sur le site lorsque les soldats américains commencent à débarquer sur Utah et Omaha, les deux plages les plus proches de la batterie de Maisy.
La portée limite des canons de 155 mm ne permet pas d’appliquer des feux aux abords ouest de la plage d’Omaha, dans le secteur de Vierville-sur-Mer, contrairement à ce qu’indique le journal D-3 du 6 juin 1944 rédigé par la 29e division d’infanterie américaine, dans lequel les boys rendent compte qu’ils y subissent le feu des canons de Maisy au cours de la matinée du Jour J. La batterie est cependant toujours active et l’HMS Hawkins reprend ses tirs en journée contre les Stp 83 et Stp 84.
Le 8 juin, le général Bradley confie une nouvelle mission au colonel Rudder, le commandant des 2e et 5e bataillons de Rangers, qui vient tout juste de s’emparer de la Pointe du Hoc. Cette fois, il s’agit de s’emparer du point d’appui de Maisy. Rudder, lui-même blessé, sait que le 2e bataillon est quasiment hors d’état de combattre. Il demande alors au 5e bataillon, débarqué sur Omaha le 6 juin 1944, de se charger de l’assaut.
Celui-ci débute à l’aube du 9 juin 1944. Trois compagnies du 5th Ranger Battalion sont engagées dans l’action, appuyées par deux half-tracks du 2nd Ranger Battalion (armés de canons de 75 mm) et par la batterie B du 81st Chemical Mortar Battalion (armée de mortiers de 107 mm). Les Rangers possèdent en outre quatre mortiers de 81 mm.
Après le tir de neutralisation réalisé par le 58th Armored Field Artillery Battalion, les Américains se lancent à l’assaut du site étendu sur près de 44 hectares. D’après les témoignages des vétérans, les combats sont d’une intensité extraordinaire. Le réseau de tranchées est si complexe que les Américains s’y perdent plusieurs fois, ajoutant au désordre de la bataille et occasionnant des tirs fratricides. Après cinq heures de combats, la batterie est enlevée. Tous les canons du Stp 84 ne se trouvaient pas sur place lors de l’assaut des Rangers : un seul avait été laissé, détruit par un bombardement aérien. Les autres ont été retiré à une date à ce jour inconnue par les Allemands et il n’est pas certain qu’ils aient ouvert le feu entre le 6 et le 9 juin.