Témoignage de George W. Parker
« 6 juin 1944. Ma 19ème mission. Nous avons été réveillés à 01h15, puis nous nous sommes dirigé à toute vitesse pour écouter le briefing de notre commandant, le colonel Richard T. Coiner, qui nous a lu trois lettres du général Brerton saluant tous les membres d’équipage de bombardiers prenant part aux opérations précédent l’invasion. Puis nous avons reçu une nouvelle lettre, cette fois rédigée par le commandant suprême Eisenhower. Le colonel Coiner nous a enfin laissé savoir que c’était le grand jour !
Le général Samuel Anderson est également venu au briefing et a entammé un discours sur le déroulement des opérations. Les troupes au sol (1ère armée américaine et soldats alliés) doivent débarquer à 06h30 sur des secteurs de plages en Normandie. Notre rôle est d’être à la pointe de l’attaque en bombardant les installations défensives allemandes sur les plages et à l’intérieur des terres dans la zone des futures têtes de pont. Tout un programme…
Nous avons décollé à 04h014 dans la pénombre, le plafond était à 3000 pieds et il pleuvait des cordes dans la campagne anglaise… Heureusement, j’étais parmi les appareils de tête de la flotte B aux ordres du capitaine William J. Rhodes. Je volais en deuxième position (à la droite de l’avion de tête) d’un groupe de six bombardiers, menant la première escadrille de dix-huit autres appareils.
La visibilité était si basse que les quatre avions déjà en vol ne nous ont retrouvé qu’un point de rendez-vous au-dessus d’Hastings à 12 000 pieds. Le jour commençait déjà à pointer. Après avoir quitté notre aéroport, le capitaine Rhodes et moi, nous avons fait route vers le point de ralliement. Nous avons volé pendant une dizaine de minutes à travers de petites formations nuageuses à environ 9 000 pieds, et nous avons remarqué que de la glace se formait sur les ailes, au sommet du cockpit, aux tourelles des mitrailleurs et à d’autres endroits visibles. Lorsque le jour s’est petit à petit levé, nous avons pu voir une myriade d’avion dans le ciel. Nous avons trouvé et rejoint le chef de notre escadre, le Major Robert M. Mcleod, puis nous avons fait route vers la côte.
La côte vers laquelle nous nous sommes dirigé était Sainte Catherine sur l’île de Wright. A l’aube nous avons pu voir au-dessous de nos appareils des navires, des bâtiments de guerre de toutes les tailles et de tous les types, qui se suivaient à la file, répartis en différentes formations… incroyable !
Ce fut la première fois que je vis autant de navires. Probablement la plus grande opération amphibie de tous les temps. Nous sommes arrivés au large de la péninsule du Cotentin et nous avons commencé à bombarder la côte française (nous étions à environ 12 000 pieds d’altitude). Nous avons laissé derrière nous un large panache de fumée. L’artillerie embarquée sur les navires alliés et les canons allemands ont encore augmenté au désordre.
Le ciel dans la zone d’invasion était traversé par une multitude de différentes escadrilles de toutes sortes. Nos avons fait descendre nos appareils à 5 000 pieds, puis nous avons attaqué les cibles designées (comme les points d’appui d’artillerie sur la côte) avant de laisser la place à d’autres bombardiers qui devaient eux aussi accomplir leurs missions avant que les troupes ne commencent débarquer.
Nos bombes ont été larguées à 06h21 et aucun bombardement ne pouvait être effectué au-delà de 06h25, car il y aurait eu de grandes chances que cela sème la bagaille au sein des troupes débarquées.
Le colonel Brown du 98th Bomb Wing, plusieurs correspondants de guerre (dont l’officier des relations publiques, le lieutenant Charles Cook), le colonel Richard Coiner et le colonel Rollin Winningham ont pris part à cette attaque. Notre objectif, en ce Jour J, était les installations du point d’appui des Dunes-de-Varreville (Utah Beach). Le général Eisenhower a désigné notre groupe de B-26 Marauder pour bombarder la région d’Utah Beach. Notre groupe, le 397ème, a reçu une seconde mission le 6 juin, mais je n’en ai pas fait partie. »
George W. Parker