Reconstitution d'un planeur allemand sur le plateau du Vercors

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Marc Laurenceau
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Reconstitution d'un planeur allemand sur le plateau du Vercors

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Le 21 et le 23 juillet 1944, 22 planeurs DFS 230 chargés de soldats allemands et tractés par des bombardiers Dornier 17 depuis l’aéroport de Lyon-Bron, ont fondu sur le Vercors. Ils ont ensuite été abandonnés sur place. Évacués pour la plupart après la guerre, il n’est resté que quelques carcasses, dont celles visibles à Vassieux.

Sur le plateau du Vercors, la silhouette des carcasses de planeurs allemands de la Seconde guerre mondiale hante le paysage depuis 70 ans. L’une de ces machines de mort est en cours de restauration.

De Saint-Nizier à Vassieux ou La Chapelle, l’histoire de la Résistance et des sacrifices de la population court le plateau du Vercors. S’il est un des témoins de cette époque devant lequel le visiteur se fige toujours aujourd’hui, c’est devant les carcasses de planeurs abandonnés par les troupes allemandes en juillet 1944.

Cet été-là, la mort a fondu du ciel. A Vassieux, la Résistance se mobilise, portée par l’espoir que le débarquement en Normandie a redonné au pays. Elle attend du matériel et des renforts des Alliés qui ne peuvent venir que des airs. Alors elle balise un terrain d’atterrissage de fortune. Le 21 juillet puis le 23, ce ne sont pas les troupes amies qui posent le pied sur le plateau. Mais 200 soldats ennemis à bord d’une quarantaine de planeurs d’assaut. L’opération « nettoyage » lancée par l’occupant et les représailles contre les civils de tous âges mettent les villages à feu et à sang.

Après le conflit, les squelettes des aéronefs seront évacués, il faut bien que la vie aux champs reprenne ses droits. Aujourd’hui, il ne reste que quelques exemplaires de ces planeurs DFS 230, devant la Nécropole et près de l’église du village.

A l’initiative du département de la Drôme, l’un d’entre eux est en cours de restauration à Montélimar. Dans un hangar de l’aérodrome montilien, Pascal Conchon de l’Association « La Belle Aviation Française » comprend que ce travail de reconstitution puisse surprendre, peut-être choquer : « j’ai hésité avant d’accepter cette rénovation, j’étais tourmenté. A Vassieux, j’ai tourné une journée autour de cette carcasse, une partie de ma famille a été décimée pendant la guerre. Et puis j’ai fait abstraction de mes sentiments. Je me dis que je fais un travail d’archéologue ».

« Ne pas heurter les sensibilités »
Carine Marande, attachée de conservatoire des patrimoines de la Drôme, ne dit pas autre chose : « Notre volonté est de conserver une silhouette, un vestige. C’est une manière de continuer à en parler. Il ne s’agit surtout pas de heurter des sensibilités encore vivaces ». Le souci du département de la Drôme est d’abord de mener « une restauration préventive pour arrêter la dégradation du planeur » soumis aux intempéries depuis plus d’un demi-siècle.

C’est aussi la préoccupation du maire de Vassieux, Michel Répellin : « Ce planeur est un patrimoine qui retrace les événements passés, c’est un moyen de les faire entrer dans la mémoire ». A Grenoble, le secrétaire général des Pionniers du Vercors, Alain Carminati, ne « trouve rien à redire à cette initiative ».

A Montélimar, Pascal Conchon secondé par l’ACAM (Association des Constructeurs Amateurs Montiliens) s’est lancé dans un puzzle géant : « Il faut trouver des pièces et ce n’est pas facile ». Même si parfois le hasard lui donne un coup de pouce : « Il se trouve que deux planeurs n’étaient jamais arrivés à destination en juillet 44, explique Pascal Conchon, l’un s’était posé tant bien que mal et l’autre s’était écrasé près de Montjoux non loin de Dieulefit. Les habitants du coin avaient récupéré ce qui pouvait l’être. Aujourd’hui ils nous font signe et nous donnent des pièces ».

Un morceau de tissu de lin qui recouvrait la carlingue était précieusement conservé au musée de Serres dans les Hautes-Alpes : il servira de modèle pour reconstituer le camouflage kaki et bleu ciel qui permettait au planeur de passer inaperçu.

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Pascal Conchon (à gauche) et ses amis de l’ACAM (Association des Constructeurs Amateurs Montiliens) se sont lancés dans un puzzle géant pour reconstituer un des planeurs allemands.

« Une valeur symbolique »
Mais c’est dans la région parisienne que les restaurateurs ont fait bonne pioche. Un collectionneur a rassemblé et remis en état six planeurs du Vercors. Grâce à cette documentation grandeur nature, des copies des éléments manquants seront fabriquées de toutes pièces.

Pascal Conchon est au début de sa quête mais l’inventaire est encourageant : la verrière au-dessus du pilote, le tableau de bord du cockpit, les portes de la carlingue. A l’intérieur, les neuf sièges des soldats plus celui du pilote sont réutilisables après nettoyage. En revanche il ne reste rien de l’armement du planeur souvent équipé de deux mitrailleuses, une sur le flanc et une autre sur le toit « pour dégager le terrain au moment de l’atterrissage ».

Sur les 2200 planeurs de ce type fabriqués avant et pendant le conflit, seulement quelques spécimens ont traversé le temps. Un se trouve dans un musée de Berlin.

Pascal Conchon ambitionne de reconstituer l’appareil entièrement sur un côté et d’aménager un « écorché » sur l’autre. Mais le planeur ne retrouvera ni ses ailes ni son empennage. Il regagnera ensuite Vassieux sans que son lieu d’exposition ne soit encore tranché. Le hall du musée départemental de la Résistance a été pressenti mais son directeur Pierre-Louis Fillet reconnaît « que la place des objets n’est pas anodine, elle a une valeur symbolique ».

A Montélimar, Pascal Conchon admet s’être lancé dans un travail de longue haleine pour lequel le département de la Drôme a investi 24 000 euros. Le prix de la mémoire alors que le plateau du Vercors se prépare à commémorer fin juillet le 70e anniversaire des combats. Pour que « nul n’oublie ».

Source
Marc Laurenceau
Webmaster du site DDay-Overlord et du forum
Auteur du livre Jour J Heure par Heure

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