
Après vingt-cinq ans de collecte de pièces retrouvées en Normandie, le Panzer Museum de Munster (Allemagne) inaugurera un char Tigre le 22 mars. Il n’en reste que sept au monde.
C’est une histoire assez étonnante qui trouve son épilogue le 22 mars 2013. Un char allemand parmi les plus gros de la Seconde Guerre mondiale, le Tigre (56 tonnes), restauré depuis un quart de siècle, va être exposé pour la première fois en Allemagne. Particularité : il provient de Normandie. C’est en fait un puzzle de morceaux d’acier sortis du « champ de M. Morat », autrefois ferrailleur à Trun (Orne) qui a été transporté en Westphalie pour être remonté par deux passionnés : M. Hoebig, père, aujourd’hui âgé de 85 ans, et son fils Alexandre. Une reconstruction à l’échelle 1 du blindé dont il ne reste que sept exemplaires au monde, sur les 1 500 qui furent fabriqués et mis en service en 1942.
Histoire très confidentielle puisque ces passionnés allemands ont demandé que le site de leur atelier ne soit pas révélé. « Nous considérions de notre devoir, en tant que passionnés de véhicules anciens, de sauvegarder les pièces historiques et précieuses qui se trouvaient à Trun, expliquent-ils. L’histoire particulière autour de la poche de Falaise-Chambois et la fin de la bataille de Normandie y ajoutent une dimension particulière. Le travail d’identification des pièces a été long et fastidieux. Il nous fallait du temps et de la tranquillité. »
Le véhicule extrêmement rare a suscité des convoitises, des « visites » inopinées de « collectionneurs » simplement passionnés ou concurrents dans l’atelier de restauration en Allemagne. Les Hoebig ont dû s’entourer de précautions, ne voulant en aucun cas apparaître comme des nostalgiques du passé militaire allemand : « Notre « passe-temps » a développé en nous la passion pour les véhicules anciens, et davantage pour les véhicules lourds », soulignent-ils.
À Trun, le maire Jacques Prigent parle de « relations courtoises avec M. Hoebig, qui avait racheté le terrain de la ferraille de M. Morat, en plein cœur de la commune. Il est venu y chercher les pièces qui l’intéressaient ». À cet endroit, dans la broussaille et les ronces, se sont empilées les tonnes d’acier des carcasses de blindés détruits dans la poche de Falaise-Chambois. Avec le temps, ces pièces sont devenues rares et convoitées. « Il a fallu que le conseil municipal, en 2009, monte un peu le ton pour que M. Hoebig finisse de nettoyer ce terrain, à l’abandon et pollué en pleine zone constructible, face au collège, ce qu’il a fait depuis deux trois ans ».
Ce char Tigre sera remis le 22 mars, et jusqu’en 2016, au Panzer Museum de Munster. Il ne sera pas motorisé, et donc destiné à une présentation statique, comme au musée de Saumur ou à Vimoutiers. Dans cette commune du Pays d’Auge, justement, on réfléchit toujours à la possibilité de restauration de l’autre char Tigre de la poche de Falaise-Chambois. Alexandre Hoebig s’est déjà proposé pour apporter ses services, par l’intermédiaire d’un ami, Jacques Van Dick, ex-ingénieur en chef dans l’armement en Hollande, passionné par la bataille de Normandie.
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