Harold Baumgarten | 1925-2016
B Company
116th Infantry Regiment
29th Infantry Division
Il aura fallu 44 années pour que Harold Baumgarten puisse témoigner de sa terrible expérience du débarquement sur Omaha Beach en Normandie le 6 juin 1944. En effet, ce n’est qu’en 1988 qu’il accepte pour la première fois de témoigner de son douloureux passé pendant la Seconde Guerre mondiale.
Harold « Hal » Baumgarten n’a que 19 ans en 1944. Ce soldat américain originaire de New York appartient à la compagnie B du 116ème régiment d’infanterie (29th Infantry Division) qui est prévu de débarquer peu après la première vague d’assaut à Omaha Beach, secteur de plage « Charlie ». Alors qu’il touche le sol de France pour la première fois, il a de l’eau jusqu’aux épaules et doit faire face à des tirs allemands particulièrement nourris qui tuent de nombreux soldats autour de lui. Son chef de section, le 1st Lieutenant Harold Donaldson, est tué avant même de pouvoir quitter la barge de débarquement. Une balle adverse vient se figer dans son fusil qui est alors hors d’usage. Mais son fusil lui a sauvé la vie.
Peu de temps après, alors qu’il est sur la terre ferme, un éclat d’obus lui arrache une partie de la joue, créant un abondant saignement. Mais l’adrénaline lui donne le courage de se mettre à l’abri derrière un mur naturel de galets puis il est pris en charge par un infirmier. Son calvaire ne s’arrête pas là car peu de temps plus tard, alors qu’il vient en aide à un autre soldat blessé, il est à nouveau touché à la tête par des éclats. Autour de lui, les obus de mortiers frappent et donnent la mort au hasard.
Durant l’après-midi, Harold Baumgarten attend dans un « nid de blessés » à l’abri précaire de la digue de galets formée par les marées. Il observe qu’un groupe de soldats monte à l’assaut du plateau dominant la plage et décide de les suivre pour combattre, malgré ses blessures. Il n’a pas de difficultés à trouver une nouvelle arme : celles des morts jonchent le rivage. Les fantassins prennent la direction de l’ouest en direction de la Pointe du Hoc et cherchent à contourner les défenses allemandes. En traversant la route côtière qui relie Vierville-sur-Mer à Grandcamp-les-Bains, une balle adverse le touche au pied : Hal soigne sa blessure avec le peu de moyens dont il dispose et continue de marcher pour éviter de se retrouver seul.
En soirée, alors que la luminosité baisse, une rafale allemande éclate au milieu du groupe de soldats américains. Harold est blessé pour la quatrième fois de la journée, une fois de plus au visage. Cette fois, il pense son heure venue et s’écroule dans un fossé. Laissé pour mort, il s’administre une injection de morphine pour calmer la douleur. Il perd peu à peu ses esprits jusqu’au lendemain 7 juin, lorsqu’une patrouille américaine vient à son secours. Évacué jusqu’à la plage et placé en transit pour rejoindre l’Angleterre, il est blessé une cinquième fois par la balle d’un tireur isolé allemand qui le touche au genou: Omaha Beach n’est toujours pas entièrement sécurisé.
Malgré cette succession d’épreuves qui n’a malheureusement pas été un cas isolé ce Jour-J à Omaha Beach, Harold Baumgarten parvient à gagner l’Angleterre et y demeure plusieurs semaines pour recevoir des soins et suivre une importante rééducation. Son visage a subi de lourdes opérations chirurgicales afin de réparer tant bien que mal les blessures infligées par la guerre.
De retour aux Etats-Unis, Harold s’est consacré à l’éducation en travaillant comme professeur, puis comme entraîneur adjoint au sein de l’équipe de football américain du lycée de Palm Beach. Il est également devenu médecin, se spécialisant dans la médecine familiale et la création d’appareils et équipements utilisés en chirurgie. Harold Baumgarten a également choisi d’œuvrer pour la mémoire de ses frères d’armes tombés en Normandie et pendant toute la Seconde Guerre mondiale, se rendant plusieurs fois en France pour participer aux commémorations, et animant plusieurs émissions historiques et rencontres d’anciens combattants. Il a rédigé ses mémoires dans l’ouvrage « D-Day Survivor » qu’il se plaisait à dédicacer et à envoyer à toutes les personnes intéressées par son histoire dans le monde entier.
Il est décédé le 25 décembre 2016.