– Lieu : de la Pointe du Hoc à Sainte-Honorine
– Horaire : 06h30 – Jour J
– Unité alliée : 1ère D.I. US 29e D.I. US
– Unité allemande : 352e division d’infanterie
– Horaire des marées et du levé de soleil
– After Action Reports – Rapports après action
Omaha Beach est l’un des deux secteurs de débarquement américains en Normandie. Longue de 5,9 kilomètres, cette plage se situe à 12 kilomètres à l’est d’Utah Beach. Si elle intègre le secteur de la pointe du Hoc et de la pointe de la Percée, elle se compose, entre « Charlie » et « Fox », des localités de Vierville-sur-Mer à l’ouest, Saint-Laurent-sur-Mer au centre et les villages de Colleville-sur-Mer et Le-Grand-Hameau à l’est. Cette plage s’appelle à l’origine la Côte d’Or. Un plateau surplombe le rivage et quatre valleuses permettent de rejoindre l’intérieur des terres.
Messe en Angleterre avant l’embarquement sur les navires qui partiront vers Omaha Beach. Photo : US National Archives |
Forces en présence
Le 16e régiment de la 1ère division d’infanterie américaine et le 116e régiment de la 29e division d’infanterie américaine sont désignés pour attaquer cette plage, répartie en quatre grandes zones de débarquement. Ils sont nommés, de l’ouest vers l’est : « Charlie« , « Dog », « Easy » et « Fox ». Selon le déroulement de l’attaque de la pointe du Hoc programmé au même moment, ces unités sont renforcées par une partie des 2e et 5e bataillons de Rangers.
L’USS Augusta et les péniches de débarquement faisant route vers Omaha Beach. Photo : US National Archives
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Ces formations militaires sont placées sous le commandement du général de division Leonard T. Gerow, commandant le 5e corps d’armée américain, et du général Omar N. Bradley, commandant la 1ère armée américaine.
Les bombardements
Toute la nuit précédant l’attaque amphibie des Américains sur Omaha, de nombreux bombardiers alliés larguent des centaines de tonnes de bombes sur les défenses de plage allemandes. Mais à Omaha, la précision des bombardements fait terriblement défaut : handicapés par un très fort brouillard et par les nuages, les bombardiers ouvrent les soutes remplies de bombes quelques secondes trop tôt ou trop tard. Le résultat est catastrophique pour les Alliés : les 13 000 bombes larguées manquent leurs objectifs et explosent à l’intérieur des terres, à quelques kilomètres des plages.
Les barges des vagues d’assaut se dirigent vers la plage. Photo : US National Archives |
Au petit matin, une épaisse fumée due aux bombardements de la nuit masque la côte aux navires alliés. A l’aube, les tirs de l’artillerie navale dirigés vers le mur de l’Atlantique sont tout autant imprécis que les largages des avions bombardiers. Les Allemands sont éprouvés par ces bombardements, mais leurs pertes sont très faibles, autant en vies humaines qu’en matériel. De leur côté, les soldats américains voient la côte s’embraser et s’illuminer des mille feux pendant le bombardement naval, et ils pensent que les Allemands sont écrasés sous des tonnes de terre.
Ces soldats américains, accroupis dans leur barge, patientent lors de la phase d’approche. Photo : US National Archives |
L’assaut
La première vague d’assaut débarque à 06h35 : 1450 soldats qui sont répartis dans 36 barges à fond plat. La mer est basse et elle découvre les pieux minés installés quelques mois auparavant. En revanche, les assaillants doivent parcourir 500 mètres à découvert avant de pouvoir se mettre à l’abri.
Inquiets, les occupants de la péniche de débarquement observent les combats sur la plage. Photo : US National Archives |
Les Allemands, se tenant prêt à défendre leurs positions, attendent le dernier moment pour ouvrir le feu afin de ne pas dévoiler immédiatement leurs emplacements. Aussitôt que les barges touchent la plage et que les soldats foulent le sol de France, une pluie d’obus et de balles de mitrailleuses s’abat sur eux. La première vague d’assaut est en un instant décimée : dans les premières cinq minutes de l’assaut, près de 90% de ses effectifs sont mis hors de combat. La grande majorité des officiers et des sous-officiers sont blessés ou tués et les survivants s’organisent comme ils le peuvent par petits groupes, le plus souvent par affinité ou par origine géographique : les boys du Texas se retrouvent entre Texans, etc…
La rampe de débarquement s’est abaissée, les G.I’s partent combattre. Photo : US National Archives |
La tragédie des chars
Les Américains qui débarquent à Omaha reçoivent un appui inégal de la part des chars, à la différence des soldats à Utah ou sur les plages anglo-canadiennes. 112 blindés (chars Sherman amphibies Duplex Drive « DD », chars Sherman équipés de schnorchels et Sherman bulldozers) appartenant aux 741st et le 743rd Tank Battalions sont prévus de débarquer à 6h20 sur Omaha afin d’appuyer l’infanterie au plus près.
Le 6 juin à compter de 5 heures du matin, 64 chars Sherman DD doivent être mis à l’eau pour rejoindre ensuite la côte par leurs propres moyens. Les autres blindés sont prévus d’être débarqués directement sur la plage, conformément au plan d’assaut.
Photo du débarquement sur Omaha prise par les garde-côtes américains. Photo : US National Archives |
Les chars Duplex Drive amphibies appartenant au 741st Tank Battalion (TB) sont chargés d’appuyer le 16th Infantry Regiment (1st Infantry Division) face à Colleville-sur-Mer. Mais la mer est déchaînée et ces engins, conçus pour naviguer par temps calme, ne résistent pas à la très forte houle. Tous les chars de l’escadron C, soit 16 engins, coulent dans la Manche. 13 des 16 DD de l’escadron B coulent également : après que le premier des quatre DD à bord du chaland LCT(6)-600 ait coulé, l’Ensign Henry Sullivan prend la décision de transporter les trois autres chars de l’escadron B directement sur la plage. Pour le 741st TB, 5 chars amphibies, 6 chars équipés de schnorkels et 5 chars bulldozers parviennent à atteindre le rivage. Malheureusement, de nombreux équipages ont sombré avec leur engin.
Le 743rd Tank Battalion décide d’opérer autrement et de débarquer ses blindés directement sur les secteurs de plage Dog Green et Dog Red face à Vierville-sur-Mer, au risque de perdre ou d’endommager les navires de transport : les chalands de débarquement L.C.T. (Landing Craft Tank) abordent le rivage et parviennent à regagner le large sans trop d’encombres. 32 Sherman DD, 7 chars équipés de schnorchel et 3 Sherman bulldozers du 743rd TB parviennent ainsi à s’engager sur la plage.
Au total, 58 chars atteignent la terre ferme à Omaha Beach : dès 7 heures du matin, 14 d’entre eux sont déjà détruits ou abandonnés. Les autres sont bloqués sur la plage par le mur antichar ou patinent sur les galets. Manquant de puissance de feu, les fantassins sont incapables de réduire au silence les positions défensives allemandes. Les blindés du 741st TB attirent tout particulièrement les feux ennemis et seuls trois d’entre eux sont encore opérationnels à la fin de la journée.
Devant le point fortifié du Ruquet, les Américains, aidés par trois chars D.D., progressent. Photo : US National Archives |
Mais sur la plage, les 270 sapeurs qui doivent ouvrir, en 27 minutes, 16 passages pour permettre aux véhicules et notamment aux chars de traverser au plus vite les 500 mètres qui séparent la mer des positions allemandes, réalisent un travail désespéré. Ils détruisent les défenses de plages, utilisées par les soldats débarqués comme protection, afin d’ouvrir des passages qui ne servent pas dans l’immédiat. En restant sur la plage afin d’effectuer leur mission, ils restent à découvert et sont des cibles faciles pour les tireurs embusqués allemands. Au terme des 27 minutes établies par les officiers généraux de nombreuses semaines avant le Jour J, seul un passage est ouvert et une grande partie des sapeurs sont déjà tués ou blessés.
Pour le soldat Reagan, tentant de s’extirper de l’eau glacée, l’enfer vient de commencer. Photo : US National Archives |
Les vagues de débarquement américaines se poursuivent et les tirs allemands restent extrêmement nourris. Ces derniers disposent de 17 points de défenses dont 8 points d’appuis infranchissables : murs antichars, champs de mines, nids de mitrailleuses, lance-flammes, abris pour mortiers, canons de divers calibres… De plus, les défenseurs allemands ne sont pas des éléments de la division d’infanterie comme prévu sur les plans. Cette dernière a été remplacée en mai 1944 par la redoutable 352e division d’infanterie, dont une partie des combattants est de retour du front russe. Un message de la résistance française avait été envoyé avant le Jour J par pigeon voyageur à Londres, mais pas suffisamment tôt pour que les autorités le prennent en compte.
Les tirs des Allemands bloquent les soldats américains sur la plage. Photo : US National Archives |
Les troupes débarquées trouvent leur salut derrière le mur antichar situé devant un rebord (qui peut mesurer jusqu’à 185 mètres de large par endroit), lui-même situé au pied du plateau qui domine la plage. Ce mur antichar est d’une hauteur variable mais est suffisamment élevé pour qu’un homme se tienne accroupis sans être repéré par les Allemands situés dans leurs casemates. A l’extrême Ouest de la plage d’Omaha, devant Vierville-sur-Mer, au secteur « Charlie », le mur antichar est remplacé par un rempart naturel formé par des galets. Les soldats américains sont obligés de rester couchés à cet endroit s’ils ne veulent pas être pris pour cible. Mais les obus de mortiers allemands parviennent tout de même à donner la mort derrière cette maigre protection.
Couchés derrière les « asperges de Rommel » et les « hérissons Tchèques », les soldats tentent de se protéger des tirs ennemis. Photo : US National Archives |