Wayne M. Brewster | 1919-2016
112th Engineer Combat Battalion
116th Infantry Combat Team
29th Infantry Division
Wayne M. Brewster est né le 3 décembre 1919 à Woonsocket (Dakota du Sud). Il fait ses études dans le domaine du génie mécanique et prépare un diplôme supérieur en génie civil à la South Dakota State University. A l’âge de 24 ans, il sert comme sapeur au sein du 112th Engineer Combat Battalion, un régiment spécialisé dans l’aide à la mobilité et à la contre-mobilité. Dans le cadre de l’opération Overlord en Normandie, le 6 juin 1944, son unité est engagée au profit des fantassins américains du 116th Infantry Combat Team, 29th Infantry Division. Ces derniers doivent s’emparer de la plage codée Omaha Beach.
Le Jour-J, il débarque à 07h10 entre Vierville-sur-Mer et Saint-Laurent-sur-Mer, sur le secteur de plage baptisé Dog. Sa mission consiste à appuyer le franchissement de canons automoteurs de 105 mm M7 Priest, mais aucun ne parvient à l’endroit prévu dans les délais impartis. Pris sous des tirs d’armes légères et d’obus allemands particulièrement précis, il assiste impuissant au massacre de ses frères d’armes sur la plage. Il se souvient avoir croisé le regard d’un jeune soldat américain blessé et allongé au sol, en plein découvert : « Il ne pouvait plus bouger et semblait nous appeler à l’aide avec ses yeux« , se souvient Wayne. « Je lui ai demandé si les infirmiers avaient pu le voir, il me répondit que oui. J’avais peur de le déplacer et de le blesser encore un peu plus. Je pris la décision de le protéger en faisant un petit muret de galets tout autour de lui. J’espère que cela l’a aidé. Je ne sais pas ce qui est advenu de lui« .
Wayne poursuit : « Un de nos sergents a eu un pied arraché, entre autre blessures. Celui-ci ne tenait à la jambe que par le tendon d’Achille. Il demanda aux infirmiers de le couper, ce qu’ils ne voulaient pas faire. Alors le sergent pris son couteau et coupa le tendon lui-même. Il était dans un tel état de choc qu’il ne sentait pratiquement plus la douleur« .
« Il n’y a pas grand chose d’autre à dire à propos d’Omaha Beach« , raconte Wayne M. Brewster. « Nous n’avons quitté la plage qu’à la tombée du jour. Les corps des soldats demeuraient à l’endroit où ils avaient été tués. Les blessés étaient regroupés tant bien que mal, en attendant qu’un navire de transport puisse les évacuer. Certains n’ont pu quitter cet endroit que pendant la nuit ou le matin suivant.«
Engagé dans les combats de la bataille de Normandie, Wayne s’étonne du contraste entre la guerre qui est menée et la nature qui se réveille en Normandie, laissant apparaître de magnifiques vergers en fleurs. Il découvre le cidre et le calvados, et se souvient des dizaines d’abeilles s’affairant autour de leur repas. Mais rapidement, « les odeurs putrides et persistantes des animaux morts en décomposition et celles des corps de soldats tués prenaient le dessus. »
La nuit, Wayne M. Brewster est le témoin des tirs antiaériens qui éclairent le ciel. « Parfois, les explosions étaient si nombreuses que des éclats d’obus retombaient par dizaines sur nos casques. »
Il se souvient également du trafic intense régnant dans le petit village de Cerisy-la-Forêt, où son unité fut chargée de construire un rond-point. Wayne livre une anecdote étonnante qui s’est déroulée dans ce secteur : « Une de nos compagnies avait été chargée de relever des mines américaines. Une fois les détonateurs retirés, elles furent placées dans un camion qui devait les déposer dans un dépôt de munitions. Mais une fois à destination, le responsable du dépôt refusa de récupérer des mines déjà employées et le camion fit demi-tour. Mon commandant d’unité me chargea de trouver un autre dépôt et de ne pas revenir avec les mines : après avoir effectué sans succès le tour de plusieurs zones de stationnement temporaire de munitions, je suis retourné à Cerisy-la-Forêt où nous avons enterrés les explosifs, tandis que les détonateurs furent neutralisés.«
Après la Normandie, Wayne a participé à la libération de Paris, et se remémore avec plaisir l’euphorie de leur entrée dans la capitale française aux côtés de la population en liesse. Il a ensuite affronté le terrible hiver 1944 dans les Ardennes belges.
Après la Seconde Guerre mondiale, Wayne a exercé plusieurs emplois avant de prendre sa retraite dans le Dakota du Sud, s’installant à Rapid City. Il s’est marié le 2 kanvier 1953 à Helen R. Moberg, adoptant ses six enfants : Margy, Joan, Bonnie, Kenny, Kay, et Michael. Deux naissances suivirent cette union, à savoir Steven et Vickie.