Le hangar à dirigeables d’Ecausseville
Les vestiges du hangar à dirigeables d’Ecausseville en Normandie.
Photo (2018) : DR
Pendant la Première Guerre mondiale, une base de la Marine nationale accueillait une unité de dirigeables sur le territoire de la commune d’Ecausseville. Elle comprenait notamment un hangar en bois d’où les dirigeables partaient en patrouille le long des côtes de la Manche. En 1917, la construction d’un nouveau hangar à dirigeables débute, cette fois en structure métallique, recouverte de 3 552 tuiles en ciment armé. Cette base militaire a cessé ses activités dans les années 1930 face à la montée en puissance des avions de reconnaissance qui ont progressivement remplacé les ballons dirigeables. En 1933, le hangar en bois est démoli.
Le premier hangar à dirigeables en bois d’Ecausseville.
Photo : DR
Malgré la disparition des dirigeables, l’imposant hangar métallique est conservé par l’armée française qui utilise ses dimensions hors normes pour le stockage de matériel militaire : d’une longueur de 150 mètres, il occupe une superficie au sol de 6 000 m² et s’élève à 31 mètres de hauteur.
Pendant l’Occupation, les Allemands s’installent en juin 1940 sur la commune d’Ecausseville, et stockent à leur tour des équipements de guerre dans le hangar, notamment des canons de 155 mm appartenant à deux batteries. Ils mettent à jour le plan de défense du site, plaçant des positions pour mitrailleuse ainsi qu’une batterie de canons antiaériens de 88 mm.
Vue de l’impressionnante voûte métallique du hangar à dirigeables d’Ecausseville.
Photo : DR
Lorsque la bataille de Normandie commence le 6 juin 1944, les troupes américaines cherchent à s’emparer du site militaire, défendu par les Allemands du Grenadier-Regiment 922 (243. Infanterie-Division) et du Sturm-Bataillon AOK 7 (709. Infanterie-Division). Durant l’après-midi du 9 juin 1944, les Américains du 8th Infantry Regiment (4th US Infantry Regiment) appuyés des chars de l’escadron C du 70th Tank Battalion atteignent Ecausseville et observent le hangar qui se détache clairement de la ligne d’horizon. La compagne I du 3e bataillon du 8th Infantry Regiment s’engage dans le grand découvert aux abords du site et sont pris sous un feu violent qui les oblige à rejoindre un couvert au nord de la position, subissant de lourdes pertes. La compagnie L aux ordres du capitaine John Reckord relance l’action, appuyée par la compagnie K du capitaine John Spangler : les Américains parviennent en début de soirée à repousser les derniers défenseurs à l’extérieur de la base du hangar, livrant des combats au sein même de la construction métallique. Les Allemands abandonnent finalement tout espoir de reprendre pied sur le site et décident de se réarticuler sur une nouvelle ligne de défense plus au sud, à la faveur de la nuit.
4 novembre 1944 : le hangar à ballons dirigeables d’Ecausseville.
Photo : US National Archives
Après les combats, les Américains occupent à leur tour le site de l’ancienne base de la Marine française et l’emploient successivement comme camp de prisonniers puis comme centre logistique. De nombreux véhicules y sont stationnés ainsi que des réserves de carburant ou encore d’importantes quantités de pneumatiques, sous la responsabilité de la 860th Ordonance Compagny (105th Ordnance Battalion). De nombreux graffitis sur les murs témoignent encore de la présence de ses différents occupants au fil de l’histoire. A la fin de la guerre, de nombreux matériels sont laissés par les Américains et récupérés par la population locale.
De 1967 à 1969, la DAMCEA (direction des applications militaires du commissariat à l’énergie atomique) utilise le hangar pour réaliser une série de tests secrets sur de nouveaux ballons. Ces études visaient à valider des systèmes de maintien, de communication et d’alimentation électrique pour des ballons utilisés lors des essais des premières bombes H françaises. La Marine abandonne définitivement cette base en 1994, dont les infrastructures restantes sont placées sous la responsabilité de la communauté d’agglomération du Cotentin.
Aujourd’hui, le hangar à dirigeables peut être visité grâce à une association locale qui fait la promotion de la sauvegarde du site.
Hangar à dirigeables d’Ecausseville en Normandie.
Photo : DR
Retour à l’historique d’Ecausseville