La Poche de Falaise (deuxième partie)
Jour J + 70 à Jour J + 75 – Du 15 août au 20 août 1944
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Fermeture de la poche
Le front américain, qui était encore orienté nord-sud le 5 août, est le 12 août orienté ouest-est. Plus au nord, la 2e armée britannique et la 1ère armée canadienne progressent vers le sud : entre les deux fronts, les Allemands sont enfermés et une seule porte de sortie existe : la région de Falaise.
Les troupes américaines et anglo-canadiennes se font désormais face, ce qui pose de sérieux problèmes aux officiers alliés : les Allemands, encerclés, sont bombardés par les artilleurs et par les aviateurs britanniques et américains, et les deux fronts se rapprochent. Or, dans une telle situation, les Alliés risquent de se tirer dessus. Le général Patton, qui commande la 3e armée, demande au général Bradley l’autorisation de fermer la poche et de rejoindre les Canadiens à Falaise.
Mais Bradley est inquiet à propos des risques de « Friendly Fire » (tirs fratricides) et il demande à Patton de rester au niveau d’Argentan et de sécuriser les environs. Le général trois étoiles de la 3e armée est hors de lui : s’il ferme la poche de Falaise tout de suite en rejoignant la ville de Falaise, s’en est terminé de l’armée allemande en Normandie. Mais le haut-commandement américain est formel, Patton doit stopper sa progression pendant quelques heures. Des heures qui profiteront à des milliers de soldats allemands, parvenant à rejoindre la Seine.
Pour les Allemands, la situation en Normandie est désormais catastrophique. Plusieurs dizaines de divisions sont encerclées par les Alliés et l’étau se resserre. Les Américains attaquent au sud de la poche selon trois axes majeurs ; à l’ouest, le 19e corps de la 1ère armée bouscule quatre divisions allemandes dont une blindée. Sur son flanc droit, le 7e corps de la 1ère armée, la 2e division blindée française et le 15e corps américain progressent pour refermer le piège.
Les Allemands de la 7e armée, commandée par le général Hausser, commencent à évacuer un maximum de divisions de la poche qui se referme sur eux. Les unités blindées sont prioritaires sur l’ensemble des troupes pour l’évacuation. L’aviation alliée bombarde sans relâche la poche, véritable champ de tir pour les pilotes de chasseurs-bombardiers qui disposent d’un nombre impressionnant de cibles.
En fin de journée, plus de 10 000 soldats allemands appartenant à la 12e S.S. Panzer division sont déjà sortis de la poche et se dirigent vers la Seine.
La fermeture de la poche de Falaise est enfin ordonnée. Pour ce faire, les Canadiens lancent leur propre opération, dénommée Tractable, qui vise à capturer l’axe majeur de fuite des Allemands, situé dans la région proche de la ville de Falaise. Après de violents bombardements, localisés au nord et au sud de Falaise, la 53e division d’infanterie britannique, trois divisions canadiennes (2e et 3e d’infanterie, 4e division blindée), et la 1ère division blindée polonaise passent à l’offensive.
Les 1ère, 12e et 21e S.S. Panzer divisions qui se repliaient au moment de l’attaque pour quitter la poche de Falaise lancent une contre-offensive au nord-ouest en direction de Soulangy. Mais les Alliés repoussent les attaques tandis que la 1ère division blindée polonaise progresse à l’est de Falaise pour couper la retraite des divisions allemandes.
Les officiers allemands reçoivent continuellement des ordres d’Hitler qui interdisent toute retraite vers l’est, et qui demandent aux officiers de rester sur leurs positions. Les Allemands sont bombardés de manière continue, jour et nuit. Les aviateurs et les artilleurs alliés attaquent sans relâche les divisions de la Wehrmacht et de Panzer qui se replient vers l’est en direction de la Seine.
Malgré la situation désastreuse pour les forces allemandes, leur repli est extrêmement rapide : en la seule journée du 17 août, près d’un tiers des forces de l’Axe encerclées sont parvenues à sortir du chaudron.
Le couloir de neuf kilomètres, situé dans la région proche de Chambois et qui permet encore aux forces allemandes de s’échapper vers l’est, est peu à peu réduit par les soldats alliés. Mais depuis le commencement de l’évacuation des troupes allemandes en direction de la Seine, le 13 août, près de 55 000 hommes sont parvenus à se replier, soit environ 40% des forces allemandes menacées au début de la manoeuvre d’encerclement.
L’encerclement des forces allemandes se termine au sud-est de Falaise le 20 août 1944. Les troupes et les véhicules doivent emprunter, pour fuir la poche, un fin couloir de quelques kilomètres situé entre Trun, Saint-Lambert et Chambois, qui est constamment bombardé par l’aviation et l’artillerie alliée.
Bilan de la fermeture de la Poche de Falaise
Le désordre du repli est indescriptible : les carcasses fumantes de véhicules, les corps des Allemands et des chevaux qui servent à leur évacuation jonchent les routes et les rivières, offrant un spectacle terrifiant d’une armée en déroute : plus de 200 chars, près de 1 000 pièces d’artillerie et autant de véhicules divers sont détruits.
Quelques ponts sur la Dives permettent encore aux survivants des divisions 2e Panzer, 10e Panzer S.S. et 116e Panzer de fuir. Pour les traverser, les blessés et les épaves de véhicules sont précipités dans les fossés et dans la rivière.
Cependant, si la situation de l’Axe en Normandie est désastreuse et que trois généraux allemands sont capturés, de nombreuses unités parviennent encore à s’échapper vers l’est, et rejoignent la Seine, malgré les attaques incessantes de l’aviation, profitant des brumes matinales pour traverser les lignes canadiennes, polonaises et américaines.
Ainsi, si plus de 6 000 soldats ont trouvé la mort, plus de 165 000 allemands ont atteint la rive droite de la Seine. Cette mauvaise nouvelle pour les Alliés entraîne une nouvelle tactique : un encerclement de plus grande envergure est envisagé, qui doit prendre au piège les soldats de l’Axe fuyant la Normandie et faisant route vers l’est de la France (la majeure partie de la 17e S.S. Panzergrenadier division a déjà atteint la Lorraine dès le 13 août).
Phase suivante : La course à la Seine
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