La Poche de Falaise (première partie)
Opération Lüttich
Les Allemands lancent leur dernière grande offensive en Normandie, l’opération Lüttich, dans la nuit du 6 au 7 août, alors même que toutes les unités prévues pour l’attaque n’ont pas encore été rassemblées. Inquiété par l’avancée extrêmement rapide des Américains dans le secteur de Mortain, le général von Kluge choisi d’avancer la date de l’attaque et ce malgré les ordres d’Hitler, souhaitant plutôt que l’offensive soit lancée le lendemain, 8 août.
Cette opération Lüttich vise à couper la 1ère armée américaine en deux zones le long d’une ligne imaginaire reliant Mortain à Avranches. Si les objectifs sont atteints, les ravitaillements alliés ne pourraient alors plus rejoindre une partie de la 1ère armée tandis que la 3e armée américaine serait totalement isolée.
145 chars allemands attaquent à l’aube par un brouillard impénétrable. La 2e S.S. Panzer division progresse rapidement vers Avranches sur une distance d’environ 10 kilomètres. Les Américains contre-attaquent en engageant la 3e division blindée, conscients cependant que les chars Sherman ne font pas le poids face aux chars Tigre. Ils cherchent à briser rapidement ou au moins ralentir l’offensive allemande.
L’aviation alliée ne peut pas intervenir dans la matinée en raison des conditions météorologiques, mais vers midi le brouillard se lève. Ainsi, la chasse américaine décolle pour attaquer les colonnes de Panzer. L’intervention des chasseurs-bombardiers américains marque la fin de l’opération Lüttich, car avant même que les chars Tigre ne rencontrent la 3e division blindée, l’aviation américaine a entièrement stoppé la progression allemande et détruit près de 60 chars.
Von Kluge reçoit un message d’Hitler qui lui indique que sa décision l’a extrêmement déçu et qu’il ne comprend pas pourquoi il n’a pas attendu 24 heures supplémentaires avant de lancer Lüttich. Les renforts qui sont arrivés le 7 août en début d’après-midi ne sont pas engagés immédiatement dans la bataille et sont placés en réserve pour une nouvelle attaque qui doit débuter le lendemain au même endroit.
A la date du 8 août 1944, les Américains, déjà engagés en Bretagne, disposent de sept divisions dont deux blindées, rattachées au 7e corps du général Collins, face aux troupes de la 7e armée allemande du général Hausser. Pendant ce temps, les armées canadiennes et britanniques progressent au sud de la ville de Caen en direction de Falaise.
Les combats se poursuivent dans la région de Mortain, mais l’opération Lüttich est définitivement arrêtée le 10 août 1944 et les Américains contre-attaquent pour prendre le contrôle de cette ville.
Opération Totalize
Une nouvelle offensive débute le 7 août au sud de Caen : l’opération Totalize, menée par la 1ère armée canadienne commandée par le général Crerar. Après de violents bombardements dans la nuit du 7 au 8 août localisés sur les flancs des divisions canadiennes dans les secteurs de May-sur-Orne, Fontenay à l’ouest, et La Hogue et Secqueville à l’est, quatre divisions dont deux blindées attaquent en direction de Falaise le long de la route Caen-Falaise, pendant que des bombardiers attaquent les secteurs de Bretteville-sur-Laize, Haut-Mesnil, Cauvicourt et Saint-Sylvain au sud-est de Caen.
En fin de journée, les Canadiens ont progressé de près de neuf kilomètres. La 5e armée Panzer commandée par Eberbach est bousculée et se replie au sud.
Le 8 août 1944, l’opération Totalize bat son plein. La 1ère division blindée polonaise participe à l’offensive et progresse vers l’est contre la 85e division d’infanterie allemande alors que les bombardiers attaquent les secteurs de Bretteville-sur-Laize, Haut-Mesnil, Cauvicourt et Saint-Sylvain au sud-est de Caen.
Les 2e et 53e divisions anglo-canadiennes attaquent à l’ouest à travers la forêt de Cinglais, et la 4e division blindée canadienne enregistre à nouveau une forte progression le long de la route Caen-Falaise.
La 4e division blindée canadienne progresse de manière impressionnante en libérant en chemin les villages de Gouvix et Urville, et atteint le 9 août la cote 195 et le village d’Estrées-la-campagne, défendus respectivement par la 89e division d’infanterie et par la 12e S.S. Panzer division. De violents combats de chars tournent à l’avantage de la 5e S.S. Panzer armée commandée par le général Eberbach et les Canadiens perdent 47 chars sur les 52 engagés dans la région d’Urville.
La 1ère division blindée polonaise, commandée par le général Maczek, progresse en direction de la région nord de Rouvres et les 49e et 51e divisions d’infanterie attaquent en direction du sud-est de la région de Caen, entre Vimont et Saint-Sylvain, face aux soldats de la 272e division d’infanterie allemande.
La 1ère armée canadienne du général Crerar poursuit l’opération Totalize, et se rapproche peu à peu de la ville de Falaise, distante d’environ dix kilomètres du front en fin de journée.
Les armées allemandes en difficulté
Dès le 8 août 1944, le général Bradley remarque que l’armée allemande est attaquée à l’ouest par les Américains et à l’est par les Britanniques et les Canadiens, et que les forces alliées possèdent ainsi la possibilité d’encercler leurs ennemis. Bradley propose à Eisenhower d’effectuer cette manoeuvre en tenaille et de serrer les lames au niveau de Falaise. Pour les Alliés, c’est une occasion unique de précipiter la fin de l’armée allemande dans le grand ouest de la France.
A partir du 11 août 1944, le 15e corps de la 3e armée américaine progresse en direction d’Argentan. De violents combats s’engagent autour de la ville d’Alençon, assiégée en soirée par la 2e division blindée française du général Leclerc. Les soldats français pénètrent dans la ville mais il leur faut encore quelques heures pour nettoyer la totalité de la ville des tireurs isolés allemands. 25 kilomètres ont été parcourus depuis la veille par le 15e corps du général américain Haislip et l’étau se referme pour les forces allemandes.
Les officiers allemands sont persuadés que seul un repli rapide derrière la Seine peut sauver une grande partie des troupes et véhicules de l’Axe engagés en Normandie. Mais Hitler ne veut rien entendre et ordonne à ses généraux de camper leurs positions et de se battre jusqu’à la mort si nécessaire. Malgré la volonté de leur chef, ils prennent pleinement conscience de l’urgence de la situation et décident d’évacuer leurs troupes derrière la Seine.
De son côté, la 1ère armée canadienne aux ordres du général Crerar s’empresse d’atteindre la ville de Falaise afin d’empêcher définitivement toute retraite aux soldats et aux véhicules allemands, toujours dans le cadre de l’opération Totalize. Au soir du 11 août, les Canadiens ont progressé de près de 10 kilomètres pour cinq jours d’opération.
La 4e division blindée canadienne se rapproche du village de Potigny, situé au nord-est de Falaise, mais de violents combats ont lieu contre la 12e SS Panzer division et la 89e division d’infanterie. La 1ère division blindée polonaise progresse également au sud-est du village de Saint-Sylvain et repousse les contre-attaques de la 85e division d’infanterie allemande.
Au sud-ouest de Falaise, le 15e corps de la 3e armée américaine progresse le 12 août vers le nord, malgré de nombreux accrochages avec les divisions Panzer S.S. La 2e division blindée française contrôle désormais la ville d’Alençon, théâtre de violents combats de rues la veille. Les Français se remettent immédiatement en route et pénètrent dans Ecouché, sur la route vers Argentan. Le 15e corps parvient même à rejoindre la région proche d’Argentan en soirée : les 1ère et 3e armées américaines viennent de repousser les forces allemandes d’une cinquantaine de kilomètres en une semaine.
Retour au menu Bataille de Normandie