Bill Millin
Biographie
Témoignage personnel de Bill Millin de son expérience du Jour J
Bill Millin est né le 14 juillet 1922 à Regina (Canada)e. Il n’a que 21 ans au moment du débarquement de Normandie, période à laquelle il sert en tant que soldat au sein de la 1st Special Service Brigade commandée par Simon Fraser, également connu sous le nom de Lord Lovat, quinzième du nom et vingt-cinquième chef du clan écossais des Fraser. Millin devient ainsi le joueur de cornemuse personnel de Fraser et est réputé dans son unité pour jouer régulièrement de son instrument pendant les phases de repos en Angleterre, avant le Jour J.
Depuis la Première Guerre mondiale, un décret de l’English War Office, le ministère de la Guerre britannique, interdisait aux joueurs de cornemuses (aussi appelés pipers) d’utiliser leur instrument en première ligne pour des raisons évidentes de tactique et limitait leur emploi aux lignes arrières. Néanmoins, le Jour J, Lord Lovat demande à son piper de jouer pour encourager ses hommes dans la bataille, dans la pleine tradition des combattants écossais. Fraser lui précise : « Vous et moi sommes des Ecossais et c’est un décret anglais, cela ne nous concerne pas ! » Millin s’exécute et prend sa cornemuse sous son bras au moment d’emprunter la rampe de débarquement, face aux défenseurs allemands de la plage de Sword à La Brèche d’Hermanville.
Bill Millin débarque sur Sword Beach avec sa cornemuse. Au deuxième plan, seul à droite de la colonne : Lord Lovat. Photo : IWM |
Lovat lui demande d’interpréter les morceaux Hielan’ Laddie et The Road to the Isles. Alors que les troupes britanniques débarquent sous le feu nourri adverse, le son nasillard d’une cornemuse se mêle soudain aux bruits des explosions et des mitrailleuses. Pendant un instant, d’après le témoignage du caporal Maurice Chauvet du commando Kieffer débarquant sur la plage à cet instant précis, les Allemands cessent leurs tirs, hébétés d’assister à une telle scène. Bill Millin débarque sans encombre et la plage tombe aux mains des Alliés.
Pour les assaillants, la guerre n’est pas terminée pour autant. Ils doivent ensuite relever les troupes parachutistes de la 6th Airborne Division qui se sont rendus maîtres des ponts sur l’Orne et le Canal de Caen pendant la nuit du 5 au 6 juin 1944. Les troupes débarquées britanniques, accompagnées des commandos français commandés par Philippe Kieffer, se mettent en route vers ces ponts situés à Bénouville et Ranville, au sud de Ouistreham. En route, les Alliés sont ralentis par des tireurs isolés allemands. Malgré tout, ils parviennent à rejoindre les parachutistes à treize heures, deux minutes et trente secondes très précisément : Lovat s’excuse auprès du Major Howard et ses paras, qui ont tenu toute la nuit et la matinée du Jour J face aux attaques allemandes, pour les cent cinquante secondes de retard sur l’horaire prévu.
Avant de traverser le fameux Pegasus Bridge, le pont de Bénouville, qui est encore à ce moment la proie de mortiers et de tireurs d’élite allemands, les soldats alliés déclenchent des grenades fumigènes pour limiter leur exposition au moment du franchissement. Au moment de la traversée, Bill Millin reprend sa cornemuse et les troupes débarquées reprennent la progression au son de son instrument.
Le radio Mullen, un membre du commando Kieffer ayant débarqué à Sword Beach le matin, entend une balle ricocher juste derrière lui sur la structure du pont. Lorsqu’il se retourne, il aperçoit dans la fumée un de ses camarades blessé par la balle d’un tireur isolé, un sniper allemand (ce soldat meurt quelques instants plus tard des suites de sa blessure). Il s’abaisse pour l’aider mais est touché à son tour par un sniper et s’écroule, sans vie.
Bill Millin a été immortalisé par le film The Longest Day (en français Le Jour le plus long) de 1962. Son personnage est interprété par le piper officiel de Sa Majesté la Reine d’Angleterre, le Pipe Major Leslie de Laspee. Jusqu’à sa mort, il se rendait presque tous les ans en Normandie pour assister et participer aux commémorations du débarquement, avec sa cornemuse et encadré par de nombreux pipers.
Après la guerre, Bill Millin a souhaité donner ses cornemuses à différents musées du débarquement. L’instrument qu’il a utilisé à Sword Beach au moment du débarquement est aujourd’hui visible au Dawlish Museum dans le Devon (Grande-Bretagne). Une autre de ses cornemuses se trouve au musée mémorial du Pegasus Bridge de Ranville en France.
Bill Millin en juin 2010 au cours des commémorations en Normandie à Colleville-Montgomery. Photo : DR |
Il est décédé le 18 août 2010 à l’âge de 88 ans au Torbay Hospital de Torquay dans le Devon, des suites d’une attaque cardiaque.
Bibliographie : le livre de Bill Millin, La Cornemuse du D-Day
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