Philippe Kieffer
Biographie
Philippe Kieffer est né le 24 octobre 1899 à Port-au-Prince. Sa famille est originaire d’Alsace et c’est à la suite de l’annexion de l’Alsace-Moselle en 1870 qu’elle s’installe en Haïti.
Ses études lui font retrouver la métropole : il étudie à Paris et est diplômé de l’Ecole des Hautes études commerciales (H.E.C.). Par la suite, il travaille en Haïti, aux Etats-Unis et au Canada en qualité de directeur de banque. De son séjour en Haïti, il garde un accent créole.
Il se porte volontaire après la déclaration de la guerre et entre dans la Marine le 10 septembre 1939. Il participe à la bataille de Dunkerque sur le cuirassé Courbet. Philippe Kieffer entend l’appel du général de Gaulle le 18 juin 1940 : dès le lendemain, l’enseigne de vaisseau part pour Londres. Il est l’un des premiers volontaires à rejoindre les Forces navales françaises libres.
Philippe Kieffer se voit confier 16 volontaires en avril 1942, qui s’entraînent alors au camp de Camberley en Grande-Bretagne en compagnie du lieutenant Jean Pinelli. Début mai 1942, la petite troupe (23 hommes) est brevetée au camp d’Achnacarry (Ecosse) et reçoit officiellement le titre de « 1ère Compagnie, Fusilier Marin Commando ». Alors que ces hommes s’entraînent au dépôt d’Eastney, ils sont renforcés un peu plus tard par le Lieutenant Charles Trepel, nommé commandant en second du Commandant Kieffer. L’entraînement de commando est extrêmement difficile, les épreuves sont sélectives : les hommes doivent manœuvrer par tous les temps, sur tous les types d’obstacles : marches, entraînements à balles réelles, close-combat, etc.
Le 14 juillet 1942, la petite compagnie composée d’une trentaine d’unités défile dans les rues de Londres à l’occasion de la fête nationale française. Le 10 août, la 1ère compagnie est rattachée au n°10 Commando Inter Allied, basée au pays de Galles, dans laquelle des troupes de toutes les nations (Belgique, Hollande, Norvège, Pologne, Tchécoslovaquie, mais aussi des antinazis d’Allemagne et d’Autriche) s’étaient portées volontaires.
Les commandos effectuent une série de raids sur les côtes du nord-ouest de l’Europe (dont le raid sur Dieppe dans le cadre de l’opération Jubilee en août 1942) puis ils poursuivent leurs préparatifs pour le débarquement en Normandie. Peu avant le 6 juin 1944, Philippe Kieffer est promu capitaine de corvette : le Jour J, il débarque sur la plage de Sword Beach entre Colleville-Montomery et Riva-Bella avec ses hommes. Il est blessé une première fois en sortant de l’eau mais poursuit sa mission : il réduit la résistance aux alentours du bunker du casino de Riva-Bella puis gagne l’intérieur des terres en direction de Ranville pour y faire la jonction avec les parachutistes britanniques de la 6ème division aéroportée du général Gale.
Les commandos rencontrent les parachutistes britanniques peu après 12h30 au pont de Bénouville, le fameux Pegasus Bridge. Le commandant Kieffer s’installe en début de soirée dans les bois du Plain près d’Amfreville où de durs combats s’engagent pour plusieurs jours avec les forces allemandes. Kieffer est blessé une deuxième fois dans l’après-midi du 6 juin 1944.
Les commandos français de Kieffer poursuivent leur participation à la bataille de Normandie jusqu’au 27 août 1944 à l’est de l’Orne avant de rentrer en Angleterre. Ils reprennent du service en novembre 1944 en menant une opération commando dans la commune de Flessingue sur l’île de Walcheren en Hollande.
Après la Seconde Guerre mondiale, Philippe Kieffer entame une carrière politique et il devient pendant un an conseiller général d’Isigny-sur-Mer dans le Calvados en septembre 1945 (France-Combattante – Mouvement Républicain Populaire). Il réside à Grandcamp-les-Bains en Normandie, dans une petite maison à côté de l’église, où il rédige son livre « Béret vert » publié en 1948.
Il conserve de nombreux liens avec l’armée et participe en tant que membre de l’Assemblée consultative à l’état-major des forces interalliées, avant d’être promu capitaine de frégate en 1954. Philippe Kieffer participe en tant que conseiller militaire (aux côtés d’un autre commando français, Maurice Chauvet) au tournage du film Le Jour le plus long en 1962, avant de s’éteindre la même année des suites d’une hémiplégie. Il est enterré à Grandcamp-Maisy.
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