Les raisons des bombardements en Normandie

Opérations aériennes du 6 juin 1944

Des bombardiers américains B-26 Marauder survolent l’armada alliée pendant l’opération Neptune. 
Photo : US National Archives

Avant de lancer les opérations amphibies sur les plages, les Alliés décident d’organiser une série de bombardements sur les côtes du nord de la France, afin de détruire un grand nombre d’objectifs stratégiques militaires allemands, capables s’ils sont en état de fonctionner de mettre à mal une telle action de débarquement.

En effet, si le Mur de l’Atlantique est encore en partie en construction sur les côtes de la Manche et de l’Atlantique, des stations radars, de nombreux fortins et des batteries d’artillerie côtière peuvent désorganiser l’offensive alliée, si rien n’est fait pour supprimer ces points clés.

Les bombardements alliés au nord de la France ont considérablement augmenté à partir de l’automne 1943, en préparation de l’opération Overlord et le nombre de raids n’a pas cessé de progresser jusqu’en septembre 1944. Ces opérations aériennes doivent déboussoler les forces allemandes, par la destruction d’objectifs militaires, mais également de routes, de voies ferrées, de gares, d’industries ou encore d’installations portuaires. Appuyés par les actions de sabotage effectués par la Résistance Française, le réseau de communication allemand doit être profondément handicapé.

Opérations le Jour J

Aux premières heures du 6 juin 1944, en pleine nuit, les 8ème et 9ème Air Force de l’U.S.A.A.F. appartenant à la 2ème Force Aérienne Tactique, appuyés par des bombardiers britanniques et alliés (et notamment français), sont chargés, dans le cadre de l’opération Neptune, de réduire au silence tous les objectifs importants relevés au courant des mois précédents le Jour J par des avions de reconnaissance. Ainsi, 360 bombardiers lourds appuyés par 269 bombardiers légers survolent les convois de navires de guerre et de transport qui font route vers les côtes Normandes.

Ces appareils attaquent les fortifications du Mur de l’Atlantique, malgré la présence de nombreux nuages, qui handicapent le repérage des cibles. 92 stations radar sont bombardées, de la pointe de Barfleur jusqu’au Havre, afin que l’armada alliée ne soit pas remarquée par les opérateurs radio de la Kriegsmarine. 74 stations sont détruites par l’aviation, l’opération est plutôt une réussite.

Mais les bombardements de certains objectifs sur la côte (batteries d’artillerie, batteries de soutien, points fortifiés), s’avèrent être une opération relativement difficile.

En effet, la forte masse nuageuse gêne les équipages des bombardiers. 67 des avions bombardiers annulent leur mission en raison des mauvaises conditions atmosphériques, tandis que les autres essayent tant bien que mal d’accomplir leur mission.

Le littoral compris entre Ouistreham à l’est et Asnelles-sur-Mer à l’ouest, soit l’ensemble des plages prévues pour le débarquement des troupes Anglos-Canadiennes (Sword Beach à l’est, Juno Beach au centre et Gold Beach à l’ouest), est bombardé par les avions alliés, et de nombreux objectifs sont détruits ou endommagés. Le secteur de plage américain d’Utah est également massivement bombardé, notamment les batteries d’artillerie côtière du Cotentin situées à Azeville et à Crisbecq.

Mais entre Longues-sur-Mer à l’est, et Grandcamp-Maisy à l’ouest, les cibles n’ont pas été atteintes, ou très peu, par les bombardements. Une plage de débarquement est située dans ce secteur, il s’agit d’Omaha Beach, où doivent débarquer à l’aube les éléments des 1ère et 29ème divisions d’infanterie américaines. D’après les rapports des différents groupes aériens déployés pour bombarder ce secteur, la présence de nuages a compliqué la tâche qui leur avait été donnée, et il a suffi d’une ou de deux secondes pour que les bombes soient larguées à plusieurs kilomètres de leurs objectifs. Ainsi, les batteries d’artillerie côtières situées à proximité des localités de Longues-sur-Mer et de Maisy sont pratiquement intactes malgré les bombardements, tout comme les 8 points fortifiés de la plage d’Omaha Beach. Les Alliés ne le savent pas encore, mais les Allemands ne souffrent d’aucun dégâts dans ce secteur : les installations du mur de l’Atlantique à Omaha Beach n’ont pas ou extrêmement peu été touchées.

Bilan des bombardements

Depuis le mois de mai 1944, les bombardements sur le quart nord-ouest ont augmenté, visant principalement des objectifs routiers et ferroviaires.

Avec l’aide des destructions effectuées par la résistance française, les Alliés ont lancé de très nombreux raids au-dessus de la Normandie, qui se sont soldés par des destructions relativement faibles pour les moyens engagés. Certains sites ont été écrasés sous les bombes, d’autres n’ont pas eu la moindre égratignure. Ces disparités se sont faites sentir dans les heures qui suivent les bombardements, quand les troupes alliées ont débarqué face au Mur de l’Atlantique, censé avoir été dans la grande partie détruit, mais qui par endroit était encore en parfait état.

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Auteur : Marc Laurenceau – Reproduction soumise à l’autorisation de l’auteur – Contact Webmaster