Opération Detroit
Les opérations aéroportées américaines en Normandie
Organisation de l’opération Detroit
L’opération Detroit (également connue sous l’appellation « mission Detroit ») consiste en l’aérotransport par planeur des renforts de la 82ème division aéroportée. Il s’agit du deuxième volet de trois assauts successifs menés par cette division sur le Cotentin, le premier étant l’opération Boston et le dernier l’opération Elmira. L’objectif de Detroit est de fournir des renforts en hommes et surtout en équipements aux régiments parachutés afin d’augmenter leur puissance de feu et leur capacité de franchissement en territoire ennemi. Ces moyens transportés sont des pièces d’artillerie, des véhicules légers, des postes radio, des mitrailleuses, des munitions, des explosifs ainsi que des moyens d’aide à la mobilité et à la contre-mobilité pour les sapeurs.
Dakota C-47 et planeurs Waco en attente de l’ordre de décollage |
52 planeurs Waco sont nécessaires pour l’opération. Ils sont remorqués par autant de Dakota C-47 appartenant au 437th Troop Carrier Group (TCG) basé à Ramsbury. Le posé des planeurs sur les zones d’atterrissage (en anglais « landing zones« , LZ) est initialement prévu pour débuter à l’aube, permettant ainsi aux parachutistes largués peu après minuit de sécuriser les aires d’assaut. Mais le 27 mai 1944 les Alliés choisissent d’avancer cet horaire de deux heures en le fixant à 4 heures du matin pour que les planeurs profitent de l’obscurité et ne soient pas mis en danger par la Flak, l’artillerie anti-aérienne allemande.
Plusieurs unités sont transportées par planeur, la plus nombreuse étant la 80th Airborne Anti-Aircraft Battalion avec deux batteries (batterie A et batterie B) complètes. Sont également embarqués : une partie de l’état-major de la division, des éléments de la 82nd Airborne Division Artillery et la compagnie de transmission de la division. Dans le détail, les Waco transportent 220 personnels, 27 véhicules légers dont 22 Jeeps, 16 canons anti-char de 57 mm et 10 tonnes d’équipements divers et de munitions.
L’opération Detroit a pour zone d’atterrissage la LZ « O » située au nord-ouest de Sainte-Mère-Eglise. Cette zone d’atterrissage correspond également à la zone de saut du 505th PIR à compter de 01h20 le Jour J.
Déroulement de l’opération Detroit
Les premiers C-47 remorquant les planeurs de l’opération Detroit décollent de l’aérodrome de Ramsbury à 01 heures 20 le mardi 6 juin 1944. Les Dakota se rassemblent par quatre et la formation adoptée est appelée échelon à quatre sur la droite.
Lorsque les séries de planeurs parviennent au-dessus de la Normandie, l’artillerie anti-aérienne entre en action. A l’inverse du déroulement de l’opération Chicago, de nombreux Dakota sont touchés par la Flak allemande lors du survol du Cotentin : trente-huit C-47 sont endommagés, un est abattu. Néanmoins, les opérations de largage des planeurs se déroulent dans les temps : à 04h07, les premiers Waco atterrissent en Normandie. 23 planeurs atterrissent directement sur la LZ « O », les autres se posent dans les environs tant bien que mal.
Plan de l’opération Detroit
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Trois soldats de la 82ème Airborne sont tués lors des atterrissages et 23 autres sont blessés. Seule la moitié des équipements est opérationnelle : 11 des 22 Jeep parviennent à être récupérées immédiatement après l’arrivée des Waco : le reliquat est soit définitivement hors d’usage, soit nécessite d’être réparé suite aux violents atterrissages. 8 canons de 57 mm sur 16 peuvent également être récupérés. Près de 200 soldats aérotransportés renforcent la division.
Planeur Waco CG-4A « Hadrian » en vol |
Bilan de l’opération Detroit
Les renforts aérotransportés parviennent à destination pour renforcer les parachutistes américains largués dans le cadre de l’opération Boston 2 heures et 40 minutes plus tôt. Si les pertes humaines sont moins importantes que prévues avec trois tués lors des atterrissages, les pertes matérielles sont élevées : 50 % du matériel est inutilisable immédiatement après son arrivée sur le sol normand. Néanmoins, les canons de 57 mm apportent un atout supplémentaire aux parachutistes dont la puissance de feu fait défaut dans les premières heures du Jour J.
La 82ème division aéroportée est renforcée une deuxième fois le 6 juin à 21h00 par l’opération Elmira : 176 planeurs Horsa et Waco apportent hommes et matériels supplémentaires pour faire face aux multiples contre-attaques allemandes.
Un planeur Waco abimé lors de l’atterrissage après avoir heurté une haie |