Opération Boston
Les opérations aéroportées américaines en Normandie
Organisation de l’opération Boston
L’opération Boston est la mission de transport des troupes de la 82ème division aéroportée commandée par le général Ridgway. Son but est de permettre aux parachutistes américains de s’emparer dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 de plusieurs points clés visant à assurer le succès des opérations amphibies sur Utah Beach du Jour J. A cet effet, trois objectifs majeurs sont définis par les Alliés : s’emparer des axes reliant la plage à l’intérieur des terres, s’emparer des points clés du terrain, tenir les noeuds routiers et les localités du secteur et enfin contrôler les ponts sur le Merderet et sur la Douve. Ces actions sont réalisées de concert avec la 101ème division aéroportée du général Taylor, également parachutée en Normandie.
Contrairement à la 101ème, la 82ème division a déjà été déployée en opérations, en Sicile (opération Husky) et en Italie (opération Avalanche). L’un de ses régiments, le 504ème régiment d’infanterie parachutiste (en anglais « Parachute Infantry Regiment« , PIR), n’a pas eu le temps de terminer son entraînement opérationnel lui permettant de participer à Overlord et il est remplacé par deux unités qui sont détachées auprès de la division pour l’occasion : le 507th PIR et le 508th PIR. Toutefois, certains éléments du 504th PIR viennent renforcer la division.
La 82ème organise son déploiement sur le territoire normand en trois phases avec dans un premier temps l’assaut de ses régiments parachutistes le Jour J, en deuxième temps le renforcement de son régiment de planeurs à J+1 (7 juin 1944) et enfin le débarquement sur Utah Beach de ses ultimes éléments transportés par voie maritime depuis l’Angleterre. L’opération Boston s’inscrit dans la première phase de l’attaque.
L’assaut de la 82ème se divise lui-même en trois étapes se déroulant durant 24 heures le Jour J : les actions débutent par Boston (01h20 le 6 juin 1944), continuent avec l’opération Detroit (04h00) et se terminent avec l’opération Elmira (21h00).
Les vecteurs de la mission Boston sont 370 avions C-47 Dakota appartenant à la 52nd Troop Carrier Wing (TCW) basé à Cottesmore. La 52nd TCW se compose des groupes de transport suivants : le 61st Transport Carrier Group (TCG) situé à Barkston, le 313th TCG à Folkingham, le 314th TCG à Salby, le 315th à Spanhoe et le 316th TCG à Cottesmore.
Ces appareils sont chargés de transporter les éclaireurs (« Pathfinders » en anglais) et le gros de la division, soit 6 420 parachutistes. Chacun des régiments d’infanterie parachutiste est embarqué à bord de trois à quatre formations (appelées « serials » en anglais) d’appareils. Ces formations ou serials sont composés en fonction des cas de 36, 45 ou 54 C-47) et sont espacées entre-elles de six minutes sur la zone de saut. A bord des Dakota, les parachutistent forment un « stick » fort de 15 à 18 hommes en fonction des équipements transportés.
Une formation de Dakota C-47 au sud de l’Angleterre |
La 82ème Airborne doit se poser dans le Cotentin à l’ouest de la RN 13 sur trois zones de saut (en anglais « drop zones« , DZ) : la DZ « N » au nord de Pont-l’Abbé et de Picauville pour le 508ème régiment parachutiste (2 188 paras) chargé de détruire deux ponts sur la Douve à Pont-l’Abbé et à Beuzeville-la-Bastille tout en contrôlant les abords ouest de la rivière du Merderet, la DZ « O » au nord-ouest de Sainte-Mère-Eglise pour le 505ème régiment parachutiste (2 120 paras) afin de s’emparer de cette localité qui représente un noeud routier particulièrement important, et enfin la DZ « T » au nord d’Amfreville et à l’est de Gourbesville pour le 507ème régiment parachutiste (2 004 paras) qui doit tenir la rive ouest du Merderet. L’ensemble des DZ de la 82ème division aéroportée représente une étendue de 26 kilomètres carrés.
Les Pathfinders du 1er bataillon du 505th PIR avant le grand saut |
Les DZ doivent être préparées par les Pathfinders qui sont chargés de les baliser afin de guider les avions durant leur phase d’approche. Ils sont équipés de balises « Eureka » qui envoient des impulsions captées par les émetteurs-recepteurs « Rebecca » installés sous le fuselage des C-47. Les équipes de Pathfinders se composent chacune d’un lieutenant chef d’élément, de quatre opérateurs transmission et de quatre parachutistes chargés de la sécurité de l’équipe lors des opérations. Elles sont larguées en territoire ennemi sans balisage initial, simplement en fonction de l’observation du terrain et des calculs de navigation à bord des Dakota.
Les C-47 sont prévus de décoller en début de soirée le lundi 5 juin 1944 depuis les différents aérodromes.
Les Américains de la 82ème division aéroportée sont opposés au Grenadier Regiment 1058 et à l’Artillerie-Regiment 191 de la 91. Luftlande Infanterie-Division (commandée par le général Wilhelm Falley), ainsi qu’au Grenadier-Regiment 919 de la 709. Infanterie-Division.
Les dernières vérifications pour ces parachutistes avant l’embarquement |
Le largage des Pathfinders de la 82ème Airborne
Le premières séries de largage transportant les Pathfinders décollent d’Angleterre à 22h40 le 5 juin 1944. L’axe d’approche des avions se fait selon un axe sud-ouest – nord-est et les escadrilles réalisent un vaste contournement des îles anglo-normandes afin d’emprunter la bonne trajectoire. Une fois au-dessus du Cotentin, les pilotes des C-47 font face à une importante masse nuageuse et un épais brouillard au sol qui masquent le paysage normand et rendent difficile le travail d’orientation. A cela il faut ajouter les tirs de la Flak, l’artillerie anti-aérienne allemande.
Les Pathfinders du 2ème bataillon du 507th PIR avant le grand saut |
Contrairement à ce qui est fait pendant l’opération Albany menée par la 101ème division aéroportée, les pilotes de la mission Boston choisissent de voler au-dessus de la masse nuageuse ce qui leur permet d’éviter au maximum les tirs allemands. En revanche, ils ne bénéficient plus des repères du terrain. Lors du trajet, une grenade Gammon portée par un parachutiste appartenant au premier bataillon du 505th PIR explose avant le début des opérations : trois paras sont tués et le Dakota du 315th TCG est dans l’incapacité de poursuivre sa mission, il ne peut plus parachuter son stick.
Les Pathfinders du 3ème bataillon du 508th PIR avant le grand saut |
Les Pathfinders rencontrent d’importantes difficultés lors de leur mise en place, ce qui occasionne de sérieuses complications pour la suite des parachutages, même si la situation de la 82ème est bien moins critique que celle des Pathfinders de la 101ème. Pour le balisage de la zone de saut du 505th PIR, la DZ « O », les trois équipes sont larguées au bon endroit et entamme leur travail immédiatement après leur atterrissage. Les Pathfinders du 507th sont bien moins chanceux : les Allemands, alertés par les premiers parachutages de la 101ème Airborne, patrouillent dans le secteur depuis le Château Gris près d’Amfreville : alors que les trois équipes sont parvenues à mettre en place les équipements Eureka, seule l’une d’entre elles (le stick 2 aux ordres du lieutenant Charles Ames) parvient à activer le balisage sur la DZ « T ». Les éclaireurs du 508th atterrissent dans les mêmes conditions et doivent également faire face à la présence de soldats allemands sur leur zone de saut, la DZ « N ».
Rassemblement avant l’embarquement de la 307th Medical company |
L’excellent largage sur la drop zone « O »
Approchant à haute altitude, les pilotes sont obligés d’effectuer plusieurs cercles à proximité de la zone de saut car ils ne distinguent pas les lumières rouges des Pathfinders et les balises Rebecca des C-47 ne reçoivent pas les émissions des balises Eureka. Après quelques minutes de vol et une fois l’altitude réduite, les Dakota actionnent la lumière verte à bord qui permet aux paras d’effectuer le grand saut. Le largage du 2ème bataillon s’effectue cependant à une altitude supérieure aux recommandations.
Les Pathfinders du 2ème bataillon du 505th PIR avant le grand saut |
Les parachutages sur la DZ « O » après l’arrivée des Pathfinders débutent à 01h51. Toutes les balises étant en place, le largage des 118 sticks s’effectue dans d’excellentes conditions et le 505th PIR enregistre les meilleurs résultats de précision de l’ensemble des régiments aéroportés américains déployés dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 : 60 sticks (50% du régiment) atterrissent sur objectif ou à moins d’un kilomètre du centre de la zone de saut et 20 sticks sont dans un cercle de trois kilomètres de rayon autour de la DZ. Au total, 75% du 505th PIR est à proximité de son point de ralliement. Les autres éléments sont dispersés dans la région du Cotentin.
Les paras du 505th sont accompagnés par l’état-major de la division, le 307th Engineer et le 456th Parachute Field Artillery Battalion (PFAB) avec ses deux obusiers.
Les Pathfinders du 3ème bataillon du 505th PIR avant le grand saut |
Le Major Frederick C. A. Kellam commandant le 1er bataillon du 505th PIR prend la direction du pont de La Fière sur le Merderet et l’une de ses compagnie (la compagnie A du lieutenant John Dolan) doit s’emparer de la chaussée traversant les marais jusqu’à Cauquigny. Le lieutenant-colonel Vandervoort, commandant le 2ème bataillon du 505th PIR, se casse la cheville gauche à l’atterrissage mais ne s’arrête pas là pour autant : il fait progresser ses éléments en direction de Neuville-au-Plain, deux kilomètres au nord-est de Sainte-Mère-Eglise. Le 3ème bataillon, qui touche le sol de Normandie à compter de 02h03, se rassemble aux ordres du lieutenant-colonel Krause et se dirige vers le sud en direction de Sainte-Mère-Eglise dont il doit s’emparer.
Le lieutenant-colonel Vandervoort, chef du 2/505th, avec ses béquilles dans Sainte-Mère-Eglise |
Au coeur de Sainte-Mère-Eglise, un incendie s’est déclaré dans la maison de madame Pommier vers 23 heures le 5 juin. Transformé en immense brasier quelques minutes plus tard malgré les efforts des habitants pour l’éteindre, ce feu sert de repère dans la nuit aux pilotes américains. Peu après 01h50, un stick de la compagnie F du deuxème bataillon du 505th PIR est largué par erreur au-dessus du bourg : les Allemands, déjà alertés vingt minutes plus tôt par le largage de deux sticks du 506th PIR de la 101ème Airborne sur la place de l’église, tirent sur les paras américains. Au moins un membre de la Fox Company tombe dans le brasier de la maison en flamme, le Private Blanckenship. Les parachutes des soldats Steele et Russel s’accrochent à l’église et seul ce dernier parvient à se sortir immédiatement de ce mauvais pas. John Steele reste accroché au clocher pendant 45 minutes, blessé au pied par un éclat d’obus de Flak lors de son saut, avant d’être fait prisonnier par les Allemands : les suspentes de son parachute sont coupées par le soldat Rudolf May, resté dans le clocher de l’église pendant la bataille.
Plan de l’opération Boston
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)
Le 3ème bataillon du 505th PIR aux ordres de Krause s’engage dans Sainte-Mère-Eglise à compter de 4 heures du matin. Quelques minutes plus tard, les paras font flotter la bannière étoilée à l’hôtel de ville ; Krause rend compte à 5 heures qu’il se trouve à l’intérieur de la localité et à 6 heures que Sainte-Mère-Eglise est sous son contrôle.
L’échec du largage sur la drop zone « T »
Les séries de largage destinées à la DZ « T » font face à un important barrage d’artillerie anti-aérien durant leur passage au-dessus du Cotentin. Ces tirs, peu précis mais très nombreux, désorientent les pilotes et entraînent un sentiment de panique au sein des formations tenues par les C-47. Le parachutage du 507th PIR se déroule dans de très mauvaises conditions : 3 sticks seulement atterrissent à proximité immédiate de la DZ. Les autres sont dispersés dans la région, notamment dans les marais aux abords du Merderet, et 180 parachutistes sont largués à plus de 20 kilomètres de leur zone de saut près de Graignes. A l’inverse du 505th PIR, le 507th PIR effectue le pire largage des troupes aéroportées américaines dans la nuit du 5 au 6 juin 1944.
Un para noyé dans les marais du Merderet par moins d’un mètre d’eau |
Le général James M. Gavin, commandant en second de la 82ème Airborne, atterri à moins d’un kilomètre au nord-est d’Amfreville et se dirige vers l’est en direction de la voie ferrée qui traverse du nord vers le sud les marais du Merderet. Il est accompagné par le colonel Lindquist qui commande le 508th PIR, le lieutenant-colonel Edwin J. Ostberg commandant le 1er bataillon du 507th PIR (1/507) et plusieurs autres parachutistes isolés.
Le chef de corps de 507th PIR, le colonel George V. Millet, rassemble quarante paras et se dirige vers les abord sud de la localité d’Amfreville pour s’en emparer. Mais la résistance allemande, localisée à l’ouest au lieu-dit Les Landes, est particulièrement forte et les moyens américains trop limités. Les paras se replient à plusieurs centaines de mètres à l’ouest des Landes.
Le 1/507 est éparpillé dans les marais du Merderet. Certains d’entre eux se noient à leur atterrissage, parfois dans moins d’un mètre d’eau. Isolés, beaucoup sont faits prisonniers ou tués aux premières heures de l’assaut. Néanmoins, Ostberg et quelques 150 paras de son unité progressent vers le sud le long de la voie ferrée en direction de La Fière, tenue par la compagnie A du 505th PIR, ils renforcent le dispositif d’interdiction depuis les hauteurs à l’est de la chaussée et du pont sur le Merderet.
Le lieutenant-colonel Charles Timmes, commandant le 2ème bataillon du 507th PIR, ne parvient à rassembler que trente parachutistes après son atterrissage. Il se dirige également vers Amfreville et attaque ce village depuis l’est mais doit rompre le contact face à un adversaire plus nombreux. Il se replie au nord-est de Motey et installe un dispositif d’interdiction sur 360° pour la nuit.
Quant au 3ème bataillon du 507th PIR, aux ordres du lieutenant-colonel Arthur A. Maloney, la situation est catastrophique. Alors qu’il parvient à rassembler quelques paras dans le secteur de La Fière, 20 de ses sticks (soit près de 150 parachutistes) sont largués par erreur à Graignes, au sud de Carentan, peu après 2 heures du matin. Totalement perdus et isolés du reste du régiment, ces hommes attendent le lever du jour pour se repérer et décident de rester dans la localité en attendant les renforts.
Vue aérienne de la chaussée de La Fière en 1944 |
A l’aube du 6 juin 1944, le 507th PIR est éparpillé dans de multiples secteurs différents : à l’ouest des Landes où se trouve son chef de corps, à l’est d’Amfreville, dans les marais du Merderet, à La Fière et les 181 paras isolés à Graignes. Environ 30 sticks sont parachutés dans les secteurs de responsabilité de la 101ème Airborne et ces hommes sont temporairement rattachés à cette division dans les premières heures du Jour J. Le régiment n’est pas en mesure d’assurer sa mission, à savoir interdire les abords nord-ouest de la chaussée de La Fière.
Largage sur la drop zone « N »
Les Dakota en tête du dispositif transportant le 508th PIR effectuent une bonne approche par rapport à la DZ « N » mais le reste des pilotes ne suit pas, essentiellement en raison des tirs de la Flak allemande qui désorganise les formations de vol. Le parachutage s’effectue entre 02h08 et 02h20 à une hauteur bien trop élevée, à 700 mètres d’altitude (alors que celui de la 101ème Airborne est effectué à 150 mètres). En conséquences des difficultés rencontrées par les pilotes, 33 des 132 sticks du 508th PIR atterrissent à moins d’un kilomètre de distance de la zone de saut. La moitié des parachutistes du régiment (soit environ 65 sticks) ne sont pas en mesure d’accomplir leur mission, soit parce qu’ils atterrissent à plus de 15 kilomètres de la DZ soit parce qu’ils sont totalement isolés et perdus dans la nuit.
Le 508th PIR ne peut agir de manière organique avec ses trois bataillons. Il s’organise sur le terrain en quatre groupes de circonstance : le groupe « L » dirigé par le colonel Lindquist, le groupe « W par le Major Warren, le groupe « S » par le lieutenant-colonel Shanley et le groupe « G » dirigé par deux capitaines, Novak et Simonds. Ces éléments sont composés de parachutistes isolés rencontrés au hasard des progressions et dont les effectifs varient d’une trentaine à près de 200 hommes.
Un stick de l’HQ du 508th PIR, largué plus de 7 km au nord-est de sa DZ, aborde le cimetière de Saint-Marcouf |
Le groupe « L » prend la direction de Pont-l’Abbé, son objectif initial, mais est bloqué toute la nuit aux abords de La Fière par les Allemands défendant la chaussée traversant les marais du Merderet. Le groupe « W » est situé au sud de la DZ « N » et s’empare des hauteurs au sud de Gueutteville, une position initialement dévolue au 1er bataillon, et s’y installe en défensive jusqu’au lever du jour. Les Allemands contre-attaquent à plusieurs reprises ces paras qui tiennent bon. Le groupe « S », composé d’une trentaine d’hommes, opère dans le même secteur que le groupe « W » au sud de Gueutteville et s’empare du point coté 30 (également connu sous l’appellation anglophone « hill 30« ). Enfin, le groupe « G » reçoit la mission de s’emparer dans la matinée du Jour J du pont enjambant le Merderet situé au sud-ouest de Chef-du-Pont afin de s’y placer en couverture.
Le capitaine Kenneth Johnson de la HQ Co du 508th PIR interroge les civils à Ravenoville |
La malchance rencontrée par les hommes du 508th PIR lors du parachutage avec l’éparpillement des sticks est temporairement mise entre parenthèses par l’action inopinée d’un groupe d’une douzaine de paras dirigés par les lieutenants Malcom Brannen, chef de la compagnie de commandement du 3ème bataillon, et Harold V. Richard de la compagnie A du 1er bataillon, également renforcés par deux artificiers du 307th Airborne Engineer Battalion. Peu après quatre heures du matin, les paras cherchent du renseignement auprès des civils normands habitant la ferme de la Minoterie, deux kilomètres au nord-est de Pont-l’Abbé, lorsqu’une voiture se fait entendre sur la route. Son chauffeur refusant de s’arrêter, les Américains ouvrent le feu et l’automobile s’encastre dans un mur de la ferme : à bord se trouve le Generalleutnant Wilhelm Falley, commandant la 91. Luftlande Infanterie-Division qui est tué dans l’escarmouche. Un Major est également tué tandis qu’un caporal est fait prisonnier.
Malgré les efforts des officiers du 508th PIR pour accomplir leur mission, le dispositif du régiment est largement perméable et les troupes allemandes s’y engouffrent dans la matinée du 6 juin : ces dernières contre-attaquent à hauteur de Cauquigny afin de reprendre le pont de La Fière. De très violents combats s’y déroulent toute la journée.
Bilan de l’opération Boston
Le bilan de l’opération Boston est en demi-teinte. En effet, la 82ème division aéroportée enregistre à la fois les parachutages les plus précis (DZ « O ») et les plus imprécis (DZ « T »). Sur les trois régiments largués au-dessus de la Normandie, seul le 505th PIR parvient à remplir globalement sa mission, alors que les 507th et 508th PIR ne sont pas en mesure d’assurer une étanchéité de leur dispositif sur la rive ouest du Merderet. Les différentes missions comprises au sein de l’opération Boston ne sont pas toutes accomplies mais la 82ème division aéroportée tient les lieux clés malgré les difficultés rencontrées lors du parachutage.
Les pertes humaines au sein de la division sont élevées : au soir du 6 juin 1944, 195 parachutistes ont perdu la vie. Si les premiers combats entre Américains et Allemands ont fait plusieurs victimes, de nombreux paras se sont noyés dans les marais du Merderet, inondés volontairement par les Allemands pour empêcher aussi bien les actions aéroportées que l’installation d’une tête de pont dans le Cotentin.
Les Allemands sont dans un premier temps bousculés et désorganisés par l’assaut aéroporté, la dispersion des parachutages leur faisant perdre beaucoup de temps de réaction : ils agissent à de multiples endroits sans réelle coordination et réalisent essentiellement des actions d’opportunité. Ils ne profitent pas de la situation critique des Américains qui sont dans une position extrêmement défavorable. La mort du général Falley n’arrange en rien la situation allemande du Cotentin.
Les parachutistes de la 82ème Airborne sont renforcés à compter de 4 heures du matin par des matériels et des personnels supplémentaires transportés par planeurs dans le cadre de l’opération Detroit. En plus de soldats aérotransportés, les renforts comprennent des armements lourds, des matériels spéciaux pour les sapeurs et les infirmiers, ainsi que des véhicules légers.
La réaction allemande s’organise au lever du jour : la chaussée de La Fière devient un objectif prioritaire pour les deux camps et de très violents affrontements s’y déroulent pendant toute la journée du 6 juin. Le dispositif américain des 507th et 508th PIR étant hétérogène à l’ouest du Merderet, les Allemands s’y infiltrent sans trop de difficultés mais ils se heurtent à la ténacité des parachutistes qui tiennent malgré tout. Leur courage permet de tenir le verrou de La Fière et d’empêcher leurs adversaires d’utiliser cette chaussée pour rejoindre la rive est du Merderet.
Les vestiges des combats de La Fière le 7 juin 1944 |