Opération Keokuk
Les opérations aéroportées américaines en Normandie
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Le plan de l’opération Keokuk
L’opération Keokuk (aussi connue sous l’appellation « mission Keokuk ») est le troisième et dernier assaut de la 101e division aéroportée le 6 juin 1944 en Normandie. Elle intervient chronologiquement après l’opération Albany (largage à 00h20 des parachutistes des trois régiments aéroportés) et l’opération Chicago (aéroportage de renforts embarqués à bord de 52 planeurs Waco atterrissant à compter de 04h00).
Le but de Keokuk est de transporter par planeur, à l’instar de Chicago, des renforts en personnels et en équipements au profit des parachutistes isolés depuis les premières heures du Jour J dans le Cotentin. En effet, ces derniers ont besoin d’armements lourds, de matériels et de munitions qui n’ont pu être parachutées lors de l’opération Albany.
L’atterrissage de ces nouveaux renforts aérotransportés est planifié pour le mardi 6 juin à 21h00 sur la zone d’atterrissage codée « E » (« landing zone » – LZ – en anglais) située aux abords nord-ouest de Hiesville et qui est colocalisée avec la zone de saut « C » (cette dernière étant destinée aux 1er et 2e bataillons du 506e régiment parachutiste ainsi qu’au 3e bataillon du 501e régiment parachutiste). Cette « landing zone » est de forme triangulaire, d’un kilomètre de longueur et d’un kilomètre et demi de largeur. Elle est située au coeur du dispositif de la 101e division aéroportée ce qui permet de renforcer les trois zones de saut divisionnaires en un minimum de temps. Contrairement aux zones d’atterrissage des planeurs de la 6e division aéroportée au nord-est de Caen, la LZ « E » est très compartimentée en plusieurs vergers et champs bordés de hautes haies propres au bocage normand ainsi que par des lignes d’arbres atteignant parfois les quinze mètres de hauteur. Cependant, les champs de ce secteur sont en moyenne deux fois plus étendus que dans le reste du Cotentin.
32 planeurs Horsa et autant d’avions Dakota C-47 appartenant au 434th Troop Carrier Group (TCG) sont engagés dans l’opération. 17 pilotes de planeur appartiennent au 71st Transport Carrier Squadron (TCS), 15 au 72nd TCS, 16 au 73rd TCS et 16 au 74th TCS. Certains d’entre eux sont toutefois détachés par les 315th et 438th TCG pour l’opération. Concernant les pilotes de C-47, 13 relèvent du 72nd TCS, 12 du 73rd TCS et 7 du 74th TCS.
Les 157 personnels aérotransportés appartiennent aux unités des transmissions, du service de santé et des compagnies de commandement. Les planeurs sont également chargés de 40 véhicules, 19 tonnes d’équipements divers et de 6 canons anti-char.
Les 64 appareils prévus pour l’opération Keokuk sur l’aérodrome d’Aldermaston. Photo : NARA
En parallèle de la mission Keokuk se déroule simultanément la mission Elmira qui est le renfort par planeurs de la 82e division aéroportée prévu sur la LZ « W ».
Déroulement de l’opération Keokuk
Les premiers C-47 remorquant les Horsa décollent de l’aérodrome d’Aldermaston en Grande-Bretagne le 6 juin 1944 à 18h30 : l’imposante formation de 64 appareils volants forme la 29e série de la 101e division aéroportée. L’ensemble des éléments survole ensuite la presqu’île de Portland et se dirige vers les îles Saint-Marcouf afin d’éviter l’artillerie anti-aérienne allemande (la Flak) de la région de Cherbourg. Les Dakota larguent les planeurs à compter de 20h53, sept minutes avant l’horaire prévu, avant de virer pour rentrer en Angleterre : les premiers d’entre eux atterrissent à Aldermaston à 22h28 sans que ni la chasse ni la Flak n’entrent en action.
Plan de l’opération Keokuk
Les planeurs, largués à 150 mètres d’altitude, atterrissent sur la LZ « E » balisée par les éclaireurs de la division (« pathfinders » en anglais ) aux moyens de fumigènes verts et d’un panneautage jaune en forme de « T ». La couverture est assurée par des personnels de la série précédente (série 27, mission Chicago) ainsi que par une section du 3e bataillon du 501st Parachute Infantry Regiment (PIR) et des artilleurs de la division, l’ensemble de ces éléments agissant sous la responsabilité du colonel Sherburne. Un détachement de pilotes de planeur, commandé par le lieutenant Victor Warriner, s’emploie à dégager la LZ d’obstacles et à couper les arbres pouvant gêner l’atterrissage.
Un planeur Horsa posé sans encombre au milieu des vaches. Photo : NARA
Les Allemands sont encore nombreux dans la région de la LZ « E » au moment de l’atterrissage : ils agissent par petits éléments dont les effectifs varient d’une équipe à une section. L’essentiel de la résistance allemande est localisée dans Turqueville et Saint-Côme-du-Mont, ces villages étant à trois kilomètres respectivement au nord-est et au sud-ouest de la zone d’atterrissage. Une contre-attaque est en cours contre les positions américaines lorsque les Horsa touchent le sol et certains planeurs se retrouvent isolés au milieu de soldats allemands, pris sous un feu violent.
Bilan de l’opération Keokuk
Malgré une situation compliquée sur la LZ « E » du fait de la présence immédiate de soldats allemands, les C-47 ayant remorqué les planeurs parviennent à effectuer leur mission sans perte et sans dommages.
Les planeurs délivrent leur précieuse cargaison en hommes et en matériels au profit des parachutistes de la 101e division aéroportée avant le début de la première nuit en territoire occupé par l’ennemi. L’opération Keokuk, réalisée en plein jour, occasionne un effet psychologique non-négligeable à la fois au sein des rangs allemands et au sein des rangs américains : en effet, les Allemands observent leur adversaire se renforcer par des moyens non conventionnels grâce à leur maîtrise quasi-totale du domaine aérien, isolant encore plus les unités situées entre le litoral et les zones de largage. Inversement, pour les Américains, cette démonstration de force entraîne une hausse du moral avant la nuit.
La 101e division aéroportée est encore renforcée par le parachutage de nouveaux personnels le lendemain 7 juin 1944 à compter de 6 heures du matin dans le cadre de l’opération Memphis.
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