Wn13 (Pegasus Bridge)

Cette rubrique permet à tous les visiteurs du site DDay-Overlord intéressés par les parachutages et les largages de planeurs, ainsi que les batailles aériennes qui ont eu lieu au-dessus de la Normandie pendant toute la Bataille de Normandie.
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palmereldritch
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Re: Wn13 (Pegasus Bridge)

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Enfin, voici des images. J'ai tenté de charger des fichiers indiquant le stade où j'en suis arrivé de mes recherches, mais ils étaient de trop grande taille (je suis nul en informatique :rouge: ). Je posterai des documents plus précis dans quelques jours, ceux notamment qui me posent problème. En attendant, voici une partie de photographie prise le 6 juin par un avion de reconnaissance, ainsi qu'un plan trouvé sur internet, mais dont j'ignore l'auteur.
La route en haut de la photo est celle qui relie le pont de Bénouville à celui de Ranville, 400m à l'Est. En bas le canal de Caen. On distingue clairement les tranchées et on aperçoit l'emplacement des abris de l'Est et Sud-Est. Le planeur du milieu, au bord de l'étang, s'est disloqué lors du crash en voulant éviter le chalk 92 (planeur n.2) à droite , ainsi que l'étang dans lequel plusieurs paras ont été projetés. On voit très bien derrière lui le sillon laissé par le "ski" lors de cet atterrissage violent. Les roues des 3 planeurs ont été arrachées et ils ont fini sur leurs skis ventraux, ces derniers étant le dernier moyen de freinage (le pilote les inclinait pour frotter davantage le sol) . On mesure la faible marge d'erreur permise pour ces pilotes (n'oublions pas qu'il faisait nuit), dont le talent fut essentiel à la réussite de l'opération. L'envergure d'un Horsa est de plus de 26m. A titre de comparaison, celle d'un Halifax, bombardier lourd quadrimoteur, est de 30m.


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Il y a un plan très plan très complet des défenses de la rive Est dans l'ouvrage "Atlantikwall" (Gold-Juno-Sword), chez "Histoire et Fortifications". On y découvre un canon AA de 20mm sur le terre-plein entre la mairie et le canal, ce dont je n'avais jamais entendu parler.
Il est intéressant de comparer la photo du haut avec celle prise le 24/03/1944 par une reconnaissance aérienne, où l'on voit deux maisons civiles qui ont été rasées, signe de l'accélération des travaux des défenseurs (des italiens entre autres) durant avril-mai:

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Jusqu'au dernier moment Howard fut tenu au courant de ces progrès et fut très inquiet lorsque la reconnaissance aérienne montra que l'on creusait des trous pour de probables asperges de Rommel (des rondins de bois étaient empilés de l'autre côté de la rive). J'ignore tout de l'abri (1) sur la rive Ouest, qui me laisse perplexe. A cet endroit (où se trouve aujourd'hui le char Centaur) il y avait une petite gare pour le train "Décauville" qui reliait Caen à Ouistreham en longeant le canal. Elle comprenait une tour (réservoir d'eau). Cette ligne était semble-t-il encore en fonction. Une archive des chemins de fer du Calvados indique qu'elle fut définitivement fermée le...06/06/1944.
Une des questions que je me pose est si la mg qui a tiré pendant l'assut sur Howard et son opérateur radio Tappenden se trouvait dans la tour ou dans une des sortes d'arcades qui s'enfonçaient dans les murs de l'abri (ou bien ailleurs). Hugedé fait état de réseaux souterrains qui reliaient l'abri (4) aux constructions de l'autre côté de la D514, en passant par l'emplacement du canon. C'est vaguement confirmé par Wally Parr. Mais mon obsession du détail va jusqu'à me demander si les guérites que l'on voit sur les photos prises les jours suivants existaient le 6 juin ou ont été construites par les Anglais. Et même si les barrières étaient fermées ou bien ouvertes au moment de l'attaque. Je suppose que oui, mais...
Tu vois, Manuferey, que lorsque que je parle de "niveau", cela n'a rien de prétentieux ou d' élitiste, mais se rapporte aux moindres petit détails (Voila que je me prends pour Columbo ;)). Seulement une curiosité un peu maniaque...
Cordialement.
Modifié en dernier par palmereldritch le 05 févr., 23:40, modifié 2 fois.
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Manuferey
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Re: Wn13 (Pegasus Bridge)

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palmereldritch a écrit :Tu vois, Manuferey, que lorsque que je parle de "niveau", cela n'a rien de prétentieux ou d' élitiste, mais se rapporte aux moindres petit détails (Voila que je me prends pour Columbo ;)). Seulement une curiosité un peu maniaque...
Cordialement.
Rassure toi, tu n’es pas le seul à fouiller des documents et photos dans les moindres détails. C’est comme cela que l’on arrive à retrouver des choses oubliées sur les évènements de juin 44. Cela relève peut-être plus des « Experts Las Vegas » que de Columbo. :hehe:

Est-ce que tu aurais une copie de la photo aérienne analysée par N. Barber où l’on verrait la carcasse du blindé ? Cela permettrait 1) d’essayer à notre tour d’identifier ce blindé – 2) de le situer par rapport au pont et 3) d’essayer de le repérer ensuite sur des photos au sol.

Pour info, la désignation allemande du canon dans son encuvement était « 5 cm KwK L/60 ». ;)

Emmanuel
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palmereldritch
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Re: Wn13 (Pegasus Bridge)

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Salut Emmanuel
Rassure toi, tu n’es pas le seul à fouiller des documents et photos dans les moindres détails. C’est comme cela que l’on arrive à retrouver des choses oubliées sur les évènements de juin 44. Cela relève peut-être plus des « Experts Las Vegas » que de Columbo.
J'ai un faible pour Columbo ;) . Oui, vivent les passionnés du détail! Cela nous éloigne du hollywoodien "Le jour le plus long"(que je continue à regarder avec le même regard d'enfant quand même). La reconstitution du vol des planeurs est impressionnante et impeccable. La suite beaucoup moins. Pour faire dans le très sérieux :frime: , le wargame vidéo "Call of Duty" reprend une partie du dialogue authentique entre Wallwork et son copilote ("je ne vois pas le bois de Bavent..."). Le reste est bien sûr du grand n'importe quoi.
Malheureusement je ne possède pas la photo, du moins la partie qui nous intéresse ici. Car il s'agit probablement de la même, ou d'une analogue, que celle que j'ai chargée précédemment et qui ne représente que la rive Est. En effet Barber indique dans son ouvrage (p.280) que la photo originale est bien plus large et s'étend juste qu' au secteur de la mairie. Elle est reproduite généralement coupée, pour se focaliser sur les planeurs et le pont. A mi-chemin de la mairie et du café Gondrée,dit-il, on distingue une épave. Selon d'autres sources, elle aurait même été "examinée" (brièvement à cause des snipers) par Lord Lovat lui-même lors de son passage (à confirmer...je n'ai pas encore lu ses mémoires). D'après Barber, en la comparant à la taille des planeurs, elle fait environ 20 pieds de long, soit 6 mètres . De ce point de voue, cela pourrait être un Pz IV. Mais la carcasse présente des côtés larges et "allongés" à l'avant, donc ce n'est pas ça. Barber examine à ce propos l'une de tes idées de l'autre jour. Il soulève la possibilité d'un véhicule de la 1. Panzerjäger /716 I.D, mais il n'a trouvé aucun document allemand faisant état de la perte d'un de ses blindés cette nuit-là. Ton hypothèse B (half-track) est la plus probable, par élimination. Mais je ne fais que traduire Barber. J'avais cherché sur le web la photo entière, sans succès. Elle peut être dans les archives du Mémorial de Caen. J'irai y fouiller un de ces jours de toute façon.
Je n'ai pas encore eu le temps de visiter le lien que tu as indiqué.
Avant de te répondre j'ai regardé dans ma petite bibliothèque. Rien. Ah, si, j'ai lu ça par hasard: pour être juste avec Hugedé, il faut "taper" sur les autres, à commencer par G. Bernage (je n'ai peur de rien!): dans son "Diables rouges en Normandie"(par ailleurs remarquable), il raconte, p.76, que c'est le planeur n.2 qui s'est crashé et coupé en deux face à l'étang. Son pilote, Boland, aurait voulu éviter le planeur n.1. Dans ce cas, le para noyé, Greenhalgh, aurait du être un de ses passagers. Pas de chance: tous les documents attestent qu'il était dans le planeur n.3! Bien qu' étant le plus souvent sceptique, je ne comprends pas les doutes de N. Barber lui-même à ce sujet. Il est vrai que dans une telle situation, la confusion des témoignages est compréhensible. Personne ne s'est arrêté pour prendre des notes et des photos touristiques...
Bon, je suis en train de me faire plein de nouveaux amis :hehe: . Et je ne dis rien d'Ambrose! Mais je tiens à mettre au crédit de N. Hugedé qu'il ne s'est pas trompé sur l'ordre des planeurs. Et surtout le fait qu'il parle d'un réseau souterrain n'a rien de fantaisiste. Bien des Wn possédaient de tels dispositifs. Cependant il me faut davantage de précisions (W.Parr ne l'évoque que brièvement).
Quant au canon, dont Parr s'est servi justement en tirant sur le château d'eau, merci pour l'info. Je savais qu'il s'agissait d'un KwK de 5 cm, pas d'un 60L. Mais tous les 5 cm n'étaient-ils pas des 60L? Je n'y connais rien, je l'avoue... Ce qui m'a étonné le plus dans cette affaire, c'est qu'il était tourné vers la rive Ouest, alors que les défenses étaient apparemment préparées pour un assaut venant de l'Est. Bon, il pouvait rapidement pivoter de 360°, c'est vrai. En fait il faudrait en savoir plus sur les fortifications à l'Ouest. Je n'ai que le plan que j'ai posté(il provient du lien joint plus haut, sans source précise). On mentionne aussi quelques tranchées longeant l'Ouest du canal et même sur le champ surélevé entre le café Gondrée et la mairie... possible, mais rien sur les photos de reconnaissance d'avril et mai. Quelqu'un a-t-il des précisions?
NB. Sur mon intérêt pour Pegasus Bridge: initialement je me passionnais pour Omaha beach, et je voulais construire un diorama/ table de wargame autour du fameux mur antichar à la sortie de Vierville. Les incertitudes et contradictions des témoignages m'ont découragé, et je me suis rabattu sur la prise du pont, que je croyais plus "simple". J'ai été servi :hehe:

Laurent
Marc Laurenceau
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Re: Wn13 (Pegasus Bridge)

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Petit point de détail concernant la pièce de 50 mm anti-char, elle a été déplacée ainsi que son encuvement suite aux travaux de 1994, augmentant de quelques mètres sa distance avec l'Orne par rapport à 1944.

Cette information m'a été donnée par Maurice Chauvet lors d'une visite des lieux sur place. A noter que ce dernier a également été conseillé militaire du film Le Jour le plus long et que, comme Howard, il a claqué la porte lors du tournage, estimant que les réalisateurs prenaient trop de libertés vis-à-vis des faits réels (on le comprend quand on se rappelle de quelle manière est filmée la prise du casino d'Ouistreham, mais ceci est une autre histoire...). Mais ce qui l'a le plus marqué, c'est la manière dont Lovat traverse le pont : comme à la parade ! Chauvet a été très affecté par le décès du radio Mullen : je cite un extrait de la page dédiée à Pegasus Bridge sur le site ( https://www.dday-overlord.com/debarquem ... sus-bridge ) : "Alors qu'il traverse le pont où des fumigènes ont été envoyés, le radio Mullen, un membre du Commando Kieffer ayant débarqué à Sword le matin, entend une balle ricocher juste derrière lui sur la structure du pont. Lorsqu'il se retourne, il aperçoit dans la fumée un de ses amis blessé (ce soldat meurt quelques instants plus tard à la suite de cette blessure) par la balle d'un tireur isolé, un sniper allemand. Il s'abaisse pour l'aider mais il est touché à son tour par un sniper et s'écroule, sans vie. Ses frères d'armes, notamment Maurice Chauvet, ont souhaité poser une plaque commémorative sur le pont Pegase que l'on peut voir actuellement dans le musée Mémorial Pegasus Bridge de Bénouville."
Avec ce témoignage, on est loin de la reconstitution du film.

Cordialement.
Marc Laurenceau
Webmaster du site DDay-Overlord et du forum
Auteur du livre Jour J Heure par Heure

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Manuferey
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Re: Wn13 (Pegasus Bridge)

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Concernant le 5 cm KwK en encuvement, il y en avait de deux types sur le Mur de l’Atlantique:
- 5 cm KwK L/42 (L veut dire longueur du tube par rapport au calibre donc L/42 = 5 cm x 42 = 2,10 m
- 5 cm KwK L/60 (donc longueur du tube 5 cm x 60 = 3 m) que l’on reconnaît facilement par son frein de bouche. Il ne faut pas le confondre cependant avec le canon antichar tracté de 5 cm Pak 38.

Ces deux canon étaient en fait des canons de chars à l’origine d’où le sigle « KwK » pour “Kampfwagen Kanone”, avec le 5 cm KwK 38 correspondant au L/42 et le KwK 39 au L/60. Ces canons étaient devenus disponibles courant 1942 lorsque le calibre 5 cm se révéla insuffisant face aux blindages des chars T-34 soviétiques.

Il faudrait rappeller ici que les Allemands désignaient le calibre de leur canon en cm et non en mm. En tirer directement le calibre en mm est parfois risqué : ainsi le calibre réel du 17 cm K18 était de 172,5 mm et celui du 15 cm sFH18 de 149,1 mm. Mais c’est bon pour le 5 cm, soit 50 mm.

Par ailleurs, les membres du 2nd bataillon des “Ox & Bucks” à le Pegasus Bridge n’étaient pas à proprement parlé des « paras » mais des troupes aéroportées par planeur (« air landing troops »). Ceux-ci n’appartenaient pas en effet au 7. Para (« Parachute Regiment ») qui arriva en renfort quelques heures plus tard. On retrouvait cette distinction dans les troupes aéroportées US : Glider Infantry Regiment (GIR) et Parachute Infantry Regiment (PIR).

Au passage “Ox & Bucks” est de l’humour tout britannique. Pour les lecteurs non anglophones: un “ox” est un boeuf et un “buck” est un cerf. Cela vient de la contraction du nom du régiment “Oxfordshire & Buckinghamshire Light Infantry Regiment”.

Emmanuel
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palmereldritch
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Re: Wn13 (Pegasus Bridge)

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Merci à tous pour ces infos.
Donc les horaires des rapports allemands sont strictement les mêmes que celles des Alliés. Pan sur le bec :rouge: ! Mais alors pourquoi tant d'ouvrages sur le D-day font-ils état d'un décalage d'une heure (c-à-d 06h00 pour les Alliés= 05h00 pour les Allemands et Français)? La différence n'aurait de sens que pour les témoignages de civils français, surtout les paysans, moins concernés par ces directives administratives...
Sur la mort de Mullen, une plaque commémorative est en effet apposée sur le pont.
Quant au canon, cela doit interpeller les amateurs d'ASL, wargame célèbre pour sa minutieuse exactitude: dans le module "Pegasus Bridge", le canon est un PaK 38 (50L). Mais cela n'a pas d'incidence sur le jeu, je pense.
Il est vrai enfin que les "Ox & Bucks" n'étaient pas une unité de paras, mais de commando. Je suppose cependant que beaucoup avaient leur brevet de parachutiste (notamment le médecin, le Dr J. Vaughan).
A présent, quelques documents qui suscitent des interrogations:

1. Une vue des défenses N/E à partir du planeur n.1. On distingue le poste de commandement (la tour). Le pont, à gauche, est masqué par les peupliers. On comprend que la sentinelle n'ait rien vu.

2. Vue plus rapprochée en direction de l'Ouest.
A droite du pont, le poste de l'opérateur. Puis au milieu une guérite. Derrière celle-ci, l'abri central: (2) sur le plan plus haut. On remarque des sortes d'arcades, dont je ne comprends pas la fonction. Sous le panneau commémoratif (ils n'ont pas tardé à l'installer...) une embrasure rectangulaire (pour une mg?). Puis à droite la tour de commandement qui servit de PC provisoire à Howard. Là aussi une embrasure pour mg? Au sommet un emplacement idéal pour un nid de flak (vide le D-day). Noter que la maison que l'on voit furtivement dans le film "Le jour le plus long" sera construite sur la place de l'abri, dont elle reprendra une partie des fondations, au début des années 50. Ce sera le logement de l'opérateur, qui figure sur les photos des années 50-70. Elle fut rasée avant les travaux d'élargissement du canal.

3. La famille de Howard et le canon en 1947. L'intéressant est l'arrière-plan:
L'abri de face, en regardant vers le Nord, de l'autre côté de la RN 814 aujourd'hui D.514. Une autre embrasure (entre le canon et le dos de Mrs Howard). La mg rive Est qui a tiré pourrait se trouver là. C'est une des questions que je me pose. Derrière, le poste de commandement. Les fenêtres ont été murées. Une toiture a été aménagée, qui n'existait pas le 6 juin, mais figure sur nombre de dessins et dioramas retraçant l'assaut. Derrière encore, la seule maison qui n'avait pas été rasée par les Allemands, au cœur du point fortifié. Le canon a encore sa peinture de camouflage. Sur la gauche, un renfoncement constituant un abri à partir duquel le platoon du Lt Brotheridge s'est peut-être élancé...
Voila, et cela ne concerne qu'une partie des défenses Est. Si cela vous inspire des idées ou remarques, elles seront les bienvenues.

Cordialement,
Laurent
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Manuferey
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Re: Wn13 (Pegasus Bridge)

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Salut,

D’abord superbe travail d'analyse photographique! :super:

J’ai quelques commentaires :

« Ox & Bucks" n'étaient pas une unité de paras, mais de commando. »
Je ne trouve pas de trace dans des sources anglo-saxonnes indiquant que les « Ox and Bucks » étaient des commandos. Ils étaient tout simplement à mon avis des troupes aéroportées. Les soldats des Glider Infantry Regiments américains n’étaient pas non plus des commandos.

« A droite du pont, le poste de l'opérateur. Puis au milieu une guérite. Derrière celle-ci, l'abri central: (2) sur le plan plus haut. On remarque des sortes d'arcades, dont je ne comprends pas la fonction. »
Cette construction doit dater d’avant-guerre, il n’y a donc rien de militaire à mon avis à la fonction de ces arcades.

« Puis à droite la tour de commandement qui servit de PC provisoire à Howard. Là aussi une embrasure pour mg? Au sommet un emplacement idéal pour un nid de flak (vide le D-day). »
Vu la hauteur de l’embrasure, je pense plutôt à une meurtrière pour tir au fusil. Concernant le « nid de flak », de quelle vidéo parles-tu ? Cela m’intéresserait de la voir pour tenter d’identifier cette pièce de Flak dont tu parles.

Emmanuel
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palmereldritch
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Re: Wn13 (Pegasus Bridge)

Message non lu par palmereldritch »

Hello,

Merci du compliment, mais mon analyse est loin d'être parfaite. Je n'avais pas songé que les arcades pouvaient être d'origine civile. L'extrait de photo plus bas l'explique en partie. Il est tiré d'une reconnaissance aérienne du 24/03/1944.

LEGENDE:
A. La maison mentionnée précédemment, non détruite par les Allemands.
B. Le poste de commandement.
C. Maison de M. Niepceron, opérateur du pont. Elle a été rasée en avril ou mai, comme le grand bâtiment D, pour offrir un meilleur champ de tir au canon.
D. Bâtiment rasé, donc. Tout ceci est bien expliqué dans le DVD de Pen & Sword que j'ai cité dans un précédent post.
E. La petite gare, et juste plus bas le café Picot. L'histoire de son propriétaire abattu en criant "vive les Anglais!" relève de la légende: dans la confusion, comment pouvait-il savoir ce qui se passait? En fait, il a été tué par un soldat (Allemand ou Anglais) en sortant du café pour se rendre dans son propre abri aménagé.
F. Café Gondrée
G. Une construction que je n'ai pas identifiée. Elle n'a pas de toit. Elle n'a visiblement aucune fonction militaire, mais je me demande bien ce que c'est (grange, entrepôt?). Là encore, si quelqu'un a une idée...
-En haut à gauche la route vers le pont de Ranville (A l' Est) et en bas à droite vers la mairie/école (Ouest)

L'abri a été construit sur les fondations de la maison C. J'avais naturellement pensé que les arcades étaient l'oeuvre des défenseurs. Mais tu as raison, il se peut très bien qu'elles soient juste une partie de la maison, ayant été conservée dans les structures extérieures de l'abri. C'est même probable car on ne voit pas à quel usage militaire elles répondraient. Un point pour toi ;)

-Sur les Ox & Bucks, ils n'étaient en effet pas des commandos au sens strict. ils n'étaient pas passés par Achnacarry... A moi d'être plus rigoureux.
-Sur la mg, je suis d'accord vue la hauteur. Est-ce donc dans l'abri, dont l'embrasure est au ras du sol? Pour info, les défenseurs ne disposaient pas de mg42, mais de mg34.
-Sur le "nid de Flak". J'ai seulement dit que la petite tour était un emplacement "idéal", mais il n'y a jamais rien eu de ce genre. C'est tout de même une hypothèse qui inquiétait Howard au fur et à mesure que les travaux avançaient. Ainsi que les trous pour asperges de Rommel détectés fin mai par la RAF, notamment sur la LZ X, entre l'étang et le canal. La qualité du renseignement Allié était remarquable: outre la RAF et la résistance, des SAS avaient été parachutés dans la plupart des secteurs importants, dont les zones concernées ici. Il semble que les Américains aient fait des repérages analogues. G.Bernage, dans "Omaha Beach", évoque aussi l'hypothèse de forces spéciales parachutées et actives à St Laurent la nuit du 5 au 6. Pardon, je digresse.

NB. La question des heures anglaises et allemandes continue de me chiffonner: je cite J. Mabire, en avertissement de son livre "Bérets rouges en Normandie":
"L'heure officielle des opérations du Jour J est bien entendu l'heure des Alliés. Le premier planeur se pose ainsi près du pont de Bénouville à 0h16 le 6 juin 1944. Mais pour les Allemands, il est 23h16, tandis que les paysans normands emploient toujours l'heure "solaire". Il est donc 22h16(...)à la vieille heure", p11. Et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. Il m'étonne que tous ces auteurs se soient ainsi fourvoyés. Ceci est d'une importance essentielle pour le recoupement des témoignages et documents. Le lien fourni par MLQ renvoie au Journal Officiel, ce qui n'est pas rien, mais je suis encore perplexe...

Laurent.
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Manuferey
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Re: Wn13 (Pegasus Bridge)

Message non lu par Manuferey »

Laurent,

Tu es arrivé à un niveau de détail et de connaissance où tu peux te permettre à mon avis (et je te le conseille vivement par expérience) d’être critique des sources qui ne sont pas directes et d’époque (à savoir rapports, photos, documents, allemands ou alliés ), y compris les livres écrits par des historiens, même réputés.

L’heure identique pour les Allemands et les Alliés s’explique par le fait que les Anglais utilisaient le « British Double Summer Time » (BDST) comme ils l’avaient introduit pendant la 1ere GM. Ceci avait pour conséquence pratique de synchroniser leurs forces avec les autres forces alliés sur le Continent d’un point de vue militaire. Avec des heures différentes, on imagine en effet la conséquence tragique d’un ordre venant de Londres envoyé à une unité britannique sur le front en 14-18 ou 39-40: « vous attaquerez à 6h du matin en même temps que la division française sur votre gauche ».

Je me suis personnellement rendu compte seulement cette année 2011 de cette heure identique en comparant des rapports allemands et alliés sur des bombardements d’objectifs sur le Mur de l’Atlantique. Et le post indiqué par MLQ est l’un de ceux qui m’ont mis sur la voie de l’explication ! :super:

Emmanuel
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palmereldritch
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Re: Wn13 (Pegasus Bridge)

Message non lu par palmereldritch »

Merci Emmanuel.

Si j'ai bien saisi, l'identité des horaires allemands et ceux des Alliés concernaient essentiellement les opérations militaires. Ce qui expliquerait les confusions. Quoi qu'il en soit, chapeau bas :amen: , tu as plus d'un pas d'avance sur moi, au regard de tes réponses particulièrement qualifiées. Il me faut franchir une étape pour continuer à avancer: consultation d'archives,etc. Mon projet initial était très modeste, mais me voila entraîné par la force des choses à me faire historien amateur... A présent, mon idée est de rédiger une sorte de mémoire, illustré plus tard par une maquette (c'est toujours un bon complément). L'aspect "wargame" est passé au second plan, même si je n'y renonce pas.
Je vais donc me renseigner auprès de profs d'Histoire, pour acquérir les éléments de méthodologie nécessaires. Avec les vacances qui prennent fin, je vais devoir mettre mes petites recherches en veilleuse. Mais je me rendrai de nouveau au Mémorial Pegasus d'ici un mois ou deux, avec cette fois un dossier en béton, et des questions très précises. Puis ce seront sans doute les archives du Mémorial de Caen. Et je n'oublie pas le lien que tu as indiqué, ainsi que d'autres contacts avec lesquels renouer sur le net.
J'en profite pour dire le plus grand bien de ce site et de ses forums, ouvert à tous publics. J'apprends beaucoup. Le résumé de présentation sur Pegasus Bridge à l'accueil est excellent. Une petite remarque toutefois, peut-être utile: le planeur égaré, le n.4, ne s'est pas posé dans le bois de Bavent comme il est dit, mais plus au Nord, à l'Est de Varaville entre la Dives et un canal parallèle. Il y avait deux ponts ce qui explique la confusion des pilotes, malgré leurs doutes. De toute façon, il était trop tard pour changer de direction. Le pont du canal a été pris pour celui de Ranville et brièvement conquis avant une contre-attaque allemande.
Je regrette également le ton un peu sarcastique de ma réponse à Marc Laurenceau sur le livre de N.Hugedé. En le feuilletant à nouveau, j'ai vu d'autres passages peu crédibles. Mais c'est cet ouvrage qui m'a convaincu de l'existence probable du réseau souterrain (confirmé par W.Parr). Certes, il me faut d'autres informations afin d'en établir un plan détaillé.
A part ça, je pense avoir une assez bonne vision d'ensemble des fortifications de la rive Est. A présent, je vais me pencher davantage sur ce qu'il y avait à l'Ouest.
Anecdotique: il me semble finalement que les barrières du pont étaient ouvertes lors de l'assaut: leur fonction, comme aujourd'hui, n'était que de stopper le trafic routier lorsque le pont se levait.
Enfin, voici un document datant d'avant la construction du pont en 1934 (en regardant vers l'Ouest). Il est intéressant,car c'est à peu de choses près le spectacle qui est apparu au platoon de Den Brotheridge lorsqu'il s'est rué de l'autre côté du canal. Bien sûr, il faisait nuit, il y avait au moins deux mgs en face...et pas de vieux tacots!

LEGENDE:
A. Au loin le toit de la mairie (peu visible...)
B. Le café Gondrée, et plus au Sud une mg au moins.
C. Endroit approximatif où le half-track a été détruit (entre le pont et la mairie). Les arbres à gauche avaient été remplacés par des poteaux électriques.
D. Bar/Hotel "La Chaumière" (ne pas confondre avec la "Chaumine", nom du café Picot selon N.Hugedé). Ce bâtiment existe encore aujourd'hui, et a servi de HQ aux Allemands. Thérèse Gondrée y a été interrogée, d'après une interview de sa fille. L'opérateur du pont y a été relogé après la destruction de sa maison.
E. Petite maison également présente de nos jours (sa photo est dans le livre de G.Bernage). Sur le fronton,est indiquée la date de sa construction:1909. Adossé à celle-ci, le garage des Gondrée (n'existe plus). Une photographie célèbre montre des renforts passant devant, venus de Sword la soirée ou le lendemain. La publicité "Antar" n'existait plus en 1944. Mais en dessous la publicité: "Visitez les Pépinières de la maladrerie-Caen" était là le 6 juin. On ne distingue pas les caractères en raison de la mauvaise qualité de la photo. Mais c'est attesté par un film britannique pris le 11/06/44. (Un extrait se trouve sur le net dans les archives INA. On y voit des ambulances revenir peut-être du secteur d'Escoville où les paras et les commandos bataillaient pour protéger le flanc gauche du débarquement).
F. La gare "Décauville". On note que l'ancien pont, qui datait du XIXe siècle, était traversé par une petite voie ferroviaire (Proust, familier de la région, aurait pu l'emprunter?) Derrière et sur la droite, le café Picot, invisible ici. Je n'ai pas trouvé de photographie de ce café.
G. Emplacement approximatif de la mg face au pont. En prolongeant vers la droite, des tranchées puis un abri/bunker sans doute.

Cordialement,
Laurent.
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