Témoignage de Jim Wallwork, pilote - Pegasus Bridge

Cette rubrique permet à tous les visiteurs du site DDay-Overlord intéressés par les parachutages et les largages de planeurs, ainsi que les batailles aériennes qui ont eu lieu au-dessus de la Normandie pendant toute la Bataille de Normandie.
Marc Laurenceau
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Témoignage de Jim Wallwork, pilote - Pegasus Bridge

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Jim Wallwork, âgé de 93 ans, nous livre un nouveau témoignage de son engagement lors de l'attaque du Pegasus Bridge à l'occasion de la journée du souvenir du 11 novembre 2012.

Il est né à Manchester et jouait dans l'équipe de Rugby de la Salford Grammar School. A l'école, ses camarades apprécient celui qu'ils appellent le "Beau Jim".
Durant l'été 1939, il s'engage dans le cadre du service militaire avant l'entrée en guerre de la Grande-Bretagne. Il se souvient que "cela sentait que quelque chose arrivait". Son père, qui avait servi comme sous-officier dans l'artillerie pendant la Première Guerre mondiale, lui avait donné le conseil suivant : "tout, sauf l'infanterie".
Jim Wallwork raconte avec un humour bien britannique : "Je me suis engagé pour me couvrir de gloire, obtenir les médailles, de la bière gratuite et avoir des femmes tout autour de moi !"

Il s'engage dans le régiment de planeurs de la Royal Air Force où il est reçu immédiatement. A cette époque, cette nouvelle branche de l'armée de l'Air anglaise est en plein développement. Il est engagé en Italie où les planeurs ont beaucoup de casse : un certain nombre d'entre eux s'écrase en mer car les pilotes rompent la remorque trop rapidement.

Son unité est de retour en Angleterre pour la fête de Noël de 1943. Il est alors détaché à la 1ère escadrille de planeurs et commence alors l'entraînement pour l'opération Overlord. Son copilote, Johnnie Ainsworth, devient l'un de ses meilleurs amis. Les exercices d'atterrissage se multiplient dans un champ en forme de L baptisé "Holmes Clump" situé dans la campagne du sud-est de l'Angleterre où pas moins 42 répétitions de l'assaut sont réalisées. Le mystère pèse sur la localisation du véritable objectif car les Alliés veulent préserver l'effet de surprise pour Overlord : Jim sait simplement que les troupes aérotransportées embarquant à bord de six planeurs doivent s'emparer d'un pont, quelque part en Europe de l'ouest.

Le nom de l'opération à laquelle participe Jim Wallwork est : Opération Deadstick. Il s'agit de s'emparer simultanément de deux ponts (respectivement à Bénouville et à Ranville) par un assaut aérotransporté dans la nuit précédant l'invasion amphibie. Jim baptise son planeur "Lady Irene": il doit être le premier des six appareils de type Horsa à toucher le sol lors de l'assaut.

Voici le déroulement de l'assaut, dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 : "Les avions remorqueurs nous ont tracté à 6 000 pieds au-dessus de la Manche. L'ambiance pendant la traversée nocturne était excellente, les gars chantaient et n'arrêtaient pas de raconter des blagues. C'était comme dans les vestiaires d'un match de rugby. Nous avons été largués à l'heure exacte et à l'endroit exacte grâce au travail des pilotes des remorqueurs, et j'ai pu voir le moment où nous approchions des côtes françaises. Cinq, quatre, trois, deux, un. A bientôt ! Je romps la remorque ! Je lève le nez de l'appareil pour réduire la vitesse.
C'est à ce moment que les chants se sont arrêtés. Les 180 commandos à bord des planeurs se sont préparés pour les 25 derniers kilomètres de vol dans le silence le plus total, à 145 km/h. La lueur de la pleine Lune faisait apparaître le canal de Caen et le fleuve de l'Orne qui brillaient comme deux bâtons argentés. Après avoir orienté mon planeur dans le même axe que la bande de terre séparant les deux coupures humides, j'ai dépassé la position des deux ponts puis j'ai effectué un virage pour orienter ne nez de l'appareil vers le nord, suivant les mêmes procédures et la même chronologie que lors des entraînements au-dessus de "Holmes Clump". Après le choc de l'atterrissage, j'ai pris les commandes avec Ainsworth pour diriger le planeur Horsa en train de glisser sur l'herbe humide en direction du pont. Nous avons coupés plusieurs réseaux de barbelés comme cela était prévu. Exactement une minute plus tard le planeur numéro 2 a atterri, suivi du numéro 3, montrant ainsi l'efficacité absolue de nos vols d'entraînement.

Je dois avouer que nous étions très fiers de notre atterrissage. Le 6 juin 1944 à 00h20, notre petit bataille commençait tout juste.
"

Le commandant en chef des forces aériennes alliées pendant l'opération Overlord, l'Air Chief Marshal, a décrit cet assaut comme étant "le plus grand exploit aérien de la Seconde Guerre mondiale".

Jim et Johnnie sont tous les deux blessés lors de l'atterrissage, le poids trop important de l'appareil lors du choc ayant cassé la roue avant et fait plonger le planeur contre le sol : Wallwork a été sévèrement coupé au niveau du visage et Ainsworth s'est cassé la cheville. "Mon copilote a été pris en charge par les infirmiers", raconte Jim, "et les soldats sont venus récupérer les munitions à bord du Horsa une fois les deux ponts sous contrôle. Un blindé allemand nous a causé de grandes frayeurs, d'autant plus qu'à ce moment je ne trouvais plus les grenades Gammon anti-char et que j'ai évité de peu une rafale tirée par un MP 40 Schmeisser."

A compter de 3 heures du matin, des parachutistes britanniques viennent progressivement renforcer la position des hommes commandés par le Major Howard. Peu après 13h30, Lord Lovat et ses commandos débarqués à Sword effectuent leur jonction à hauteur du pont désormais baptisé "Pegasus Bridge".

Soigné en Angleterre, Jim Wallwork reprend du service lors de l'opération Varsity en mars 1945, la plus grande opération aéroportée jamais réalisée en un seul jour et au même endroit.

Pour ses actions à Bénouville, Jim a été décoré de la Distinguished Flying Medal. Il s'est rendu en Normandie à de nombreuses reprises avec ses frères d'armes.

Jim résume son engagement du Jour J de la manière suivante : "C'était une manière simple et efficace de faire la guerre. Aucun d'entre nous aurait voulu changer la moindre chose".

Good Job Jim !!!

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Edition du 26 janvier 2013 : Jim s'est malheureusement éteint le 24 janvier 2013, foudroyé par une attaque cardiaque : deces-jim-wallwork-t7274.html#p99017
Marc Laurenceau
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Auteur du livre Jour J Heure par Heure

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Major J.Howard
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Re: Témoignage de Jim Wallwork, pilote - Pegasus Bridge

Message non lu par Major J.Howard »

Merci !!!!! :merci:
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