Gruchy en 1944 – Calvados – Bataille de Normandie

Libération : 9 juillet 1944

Unités engagées :

The Stormont, Dundas & Glengarry Highlanders, 9th Canadian Infantry, 3rd Infantry Division

S.S.-Panzergrenadierregiment 25, 12. S.S. Panzer-Division Hitlerjugend

Historique :

Conformément aux plans initiaux alliés, le hameau de Gruchy doit être sous contrôle dès le 6 juin 1944. Mais les soldats canadiens de la 9th Infantry Brigade ne parviennent pas à atteindre leurs objectifs et stoppent leur progression à hauteur de Villons-les-Buissons.

Raymond Pouchin, habitant du hameau, se souvient dans ses mémoires de cette fameuse journée du mardi 6 juin : « A midi, après avoir soigné les bêtes, nous sommes à table lorsqu’un allemand se dirige vers la ferme. Ce soldat âgé d’une cinquantaine d’années est découragé. Il cherche ses camarades. Il a déposé son fusil et son casque pour me demander à boire. Je puise de l’eau et lui tends un verre. En me montrant les avions dans le ciel il me dit que la guerre est perdue car il n’y a pas un seul avion allemand. Il m’offre son fusil en échange d’un vélo ou d’un cheval. Je refuse en lui faisant comprendre que je ne suis pas un soldat. J’ai pu alors lire sur son visage la peur et le désespoir. Il est parti ensuite en me remerciant pour l’eau. Plus tard, en fin de journée, une auto blindée avec quatre allemands s’arrête pour me demander si j’ai vu leur camarade…»*.

En fin de matinée du 7 juin, les premiers Canadiens du Stormont, Dundas & Glengarry Highlanders font leur apparition. Ils se portent à la rencontre des civils, leur indiquant de mettre à l’abri : ils s’attendent à une contre-attaque allemande. En effet, en début d’après-midi, le SS-Panzergrenadier-Regiment 25 commandé par le SS-Standartenführer Kurt Meyer (12. SS Panzer-Division « Hitlerjugend ») contre-attaquent en direction de Buron et font pleuvoir les premiers obus sur le hameau de Gruchy. Les combats durent près de trois heures et blessent de nombreux habitants, qui cherchent des abris sommaires en s’entassant dans leur cave ou dans les tranchées creusées dans leur jardin. Dès le 8 juin, les Allemands renforcent leur position à hauteur de Gruchy et y positionnent plusieurs blindés, surveillant la ligne de front et pillant les maisons à la recherche de vivres et d’alcool.

Du 15 au 17 juin, les bombardements de l’artillerie canadienne reprennent à Gruchy, tuant plusieurs allemands et neutralisant des véhicules blindés dans le hameau. Les obus tuent également l’un des habitants, madame Morin, ainsi que du bétail. Raymond Pouchin se souvient de ces longues journées d’attente, passées dans les abris qui sont parfois visités par les Allemands, à la recherche de nourriture et parfois de femmes. Le dimanche 25 juin, alors qu’une partie de la population a été évacuée par la Croix Rouge, il fait face à un jeune SS avec lequel il échange quelques mots : « Il m’informe que les Allemands ont repris le bord de mer, que les alliés sont encerclés et qu’ils vont les détruire jusqu’au dernier. D’après lui, il n’y en a plus que pour quelques jours. Le jeune SS semble confiant et me raconte que le jour du débarquement, à Courseulles-sur-Mer, il avait tué un canadien qui avait lui-même tiré sur un soldat allemand blessé qui se rendait ! Le jeune soldat est de plus en plus bavard et sortant de sa poche une petite boite en fer blanc, il me montre les nouveaux médicaments qui lui ont permis de rester éveillé depuis trois nuits déjà ! ». Le 4 juillet, la majorité des habitants quitte finalement le village et se réfugie dans la région de Caen.

Le 8 juillet, à l’occasion de l’offensive terrestre « Charnwood », un nouvel assaut allié se brise contre la défense allemande de la 12. SS Panzer-Division « Hitlerjugend », malgré les terrifiants bombardements survenus la veille. En dépit de la persévérance des soldats du Stormont, Dundas & Glengarry Highlanders, qui cherchent par tous les moyens à s’emparer de Gruchy, les Canadiens ne parviennent pas à prendre définitivement pied dans la commune.

La furieuse bataille reprend avec une intensité inchangée à l’aube du 9 juillet 1944, les SS ne reculant sous aucun prétexte et n’hésitant pas à combattre au corps à corps. En milieu de matinée, les Allemands plient sous les courageux efforts des Canadiens qui s’emparent enfin de la Gruchy, malgré de très lourdes pertes.

*Mémoires de de Raymond Pouchin, publiées en 2014 sur le site de la commune de Roser (www.rosel.fr).

 

 Photo de Gruchy en 1944

Carte de Gruchy :

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