Lingèvres (Calvados)
Les villes de Normandie pendant les combats de 1944
Libération : 14 juin 1944
Unités engagées :
1st Battalion Rifle Brigade, 22nd Armoured Brigade, 7th Armoured Division
5th Royal Tank Regiment, 22nd Armoured Brigade, 7th Armoured Division
4th/7th Dragoons Guards, 8th Armoured Brigade
9th Battalion Durham Light Infantry Regiment, 151st Infantry Brigade, 50th Infantry Division
2nd Battalion Essex Regiment, 56th Infantry Brigade
5357 Airfield Construction Wing
Panzer-Lehr-Regiment 130, Panzer-Lehr-Division
Panzergrenadier-Lehr-Regiment 901, Panzer-Lehr-Division
Historique :
Le 10 juin 1944, les Britanniques déclenchent un tir d’artillerie naval assuré par le croiseur léger HMS Orion. Malgré ce déluge de feu et d’acier, les Allemands tiennent bon. Le lendemain, 11 juin, la 22nd Armoured Brigade du Brigadier W. R. N. Hinde appartenant à la 7th Armoured Division s’approche de Lingèvres par le nord. L’escadron A du 5th Royal Tank Regiment appuie les fantassins de la compagnie I de la 1st Battalion Rifle Brigade dans la forêt de Lingèvres : les chars sont pris à partie par des blindés allemands tandis qu’une embuscade est tendue aux soldats Anglais dans la forêt. Ces éléments se replient et l’ordre est donné à midi au 2nd Battalion Essex Regiment (56th Infantry Brigade), alors situé au village de Bernières à environ 2 kilomètres au nord-ouest, de s’emparer de la forêt de Lingèvres (à l’époque située à proximité de la ferme des Verrières). Guidées par le chef de corps du 2nd Battalion Essex, le lieutenant-colonel J. F. Higson, les compagnies A (à gauche) et C (à droite) sont en premier échelon, les compagnies B et D en second échelon.
Alors que les Anglais sont engagés dans le découvert au nord de Lingèvres, les Allemands ouvrent le feu avec leurs mitrailleuses, leur artillerie et leurs chars (notamment deux chars Panther) ; les blessés et les morts jonchent le champ de bataille et les soldats se ruent à l’abri dans la forêt. Deux chasseurs Messerschmit BF 109 effectuent un passage à basse altitude et mitraillent le secteur de la compagnie A. Le lieutenant-colonel Higson ordonne à ses hommes de se mettre à couvert et de creuser des trous de combat pour passer la nuit ; alors qu’il fait encore jour, des semi-chenillés SdKfz 251 dotés de lance-flammes (Flammpanzerwagen) attaquent les positions anglaises mais lorsque l’un des véhicules est détruit, les autres se replient. Pendant la nuit, le général E. C. Pepper (commandant la 56th Infantry Brigade) met en place plusieurs appuis d’artillerie au profit du repli du 2nd Essex qui débute aux premières lueurs du 12 juin et qui se prolonge durant toute la journée. Le régiment a perdu 150 soldats durant cet engagement (tués, blessés ou faits prisonniers) et sur ordre du commandement, le lieutenant-colonel est relevé de ses fonctions et remplacé par son adjoint, le Major Elliott.
Les Britanniques réorganisent la ligne de front dans ce secteur et le 13 juin, c’est la 151st Infantry Brigade (50th Infantry Division) qui est chargée de s’emparer de Lingèvres. Les soldats anglais du 9th Battalion Durham Light Infantry Regiment commandés par le lieutenant-colonel H. Woods atteignent les abords nord de la forêt et dans la soirée, une patrouille de reconnaissance composée d’éléments de la compagnie B est déployée en direction de la forêt pour renseigner sur le dispositif défensif de l’adversaire ; ces fantassins sont appuyés par des chars Sherman du 4th/7th Dragoons Guard (8th Armoured Brigade). Les Allemands ouvrent le feu à leur approche et parviennent à détruire deux Sherman tout en infligeant des pertes sévères à la compagnie B (le Major Kenny, commandant d’unité, est blessé et trois officiers sont tués).
Le lendemain, 14 juin, l’attaque de la forêt de Lingèvres débute à 10 heures 15 par un imposant tir d’artillerie auquel s’ajoute des frappes aériennes réalisées par des chasseurs Spitfire (10 roquettes sont tirées). Les fantassins du 9th Battalion Durham montent ensuite à l’assaut de la forêt, appuyés par les Sherman appartenant à l’escadron A du 4th/7th Dragoons Guard. Les compagnies A (à gauche) et C (à droite) sont en tête du dispositif. La progression débute sans encombre mais rapidement, les Allemands réagissent : un char camouflé dans la lisière ouvre le feu et détruit un Sherman, puis toute la lisière s’embrase de coups de feu en direction du découvert traversé par les Anglais. En quelques minutes, tous les cadres du régiment sont mis hors de combat et le lieutenant-colonel Woods devient l’un des seuls officiers encore en mesure de commander. Woods contacte par radio son adjoint, le Major John Mogg, et lui ordonne d’envoyer les compagnies B et D en direction du village. Peu de temps après, un obus de mortier éclate à proximité du lieutenant-colonel Woods, le blessant mortellement. John Mogg prend aussitôt le commandement du régiment.
Les compagnies B et D progressent jusqu’à Verrières appuyés par le 4e peloton (escadron A du 4th/7th Dragoons Guard) commandé par le lieutenant Alastair Morrison. Les chars ouvrent le feu avec tout leur armement en dotation pour réduire au silence les tireurs de précisions allemands qui infligent des pertes dans les rangs des fantassins anglais. Le 9th Battalion Durham étant parvenu à s’emparer des premières habitations, des obus allemands tombent sur Lingèvres. Les défenseurs de la Panzer-Lehr se replient en-dehors du village et les blindés du lieutenant Morrison sécurisent aussitôt les abords vers midi. Le Major Mogg atteint à son tour le village et installe un poste de secours dans l’église puis organise la défense. Quelques minutes après sa mise en place à la sortie est du village, le char Sherman Firefly commandé par le sergent W. Harris décèle un Panther allemand en approche à environ 900 mètres et ouvre le feu : l’obus de 76,2 mm stoppe le blindé adverse sans le détruire. Lorsque l’équipage s’extrait de la caisse, les fantassins neutralisent les personnels puis détruisent le char avec une roquette de PIAT. Aux alentours de 12 heures 30, un autre char Panther se présente sur la route de Tilly-sur-Seulles et le sergent Harris l’engage à environ 650 mètres de distance et le blindé allemand prend aussitôt feu. Harris change de position de tir et quelques instants plus tard, un troisième char s’approche sur la même route, s’arrêtant derrière les carcasses des deux Panther : il tire des obus explosifs sur le village et touche le Sherman du Corporal Johnson positionné face au nord-est. Les blessés parviennent à s’extraire du char avant que le blindé allemand ne donne le coup de grâce. Peu de temps après, le 2e peloton de chars Firefly arrive en renfort dans Lingèvres.
Vers 16 heures 30, un char Tigre est décelé par le capitaine John Stirling avec son char Sherman et il tire trois obus AP en tourelle : le Tigre prend feu. Deux minutes plus tard, trois nouveaux Panther sont décelés et le sergent Harris les engage. Le premier prend feu, le deuxième est touché mais continuer à avancer (sans pouvoir s’orienter) et le troisième, touché à son tour, explose. Le deuxième Panther termine sa course près de l’église de Lingèvres et son équipage l’abandonne. Avec cinq obus, le pointeur-tireur D. Mackillop commandé par le sergent Harris a détruit cinq Panther !
A 17 heures 50, les Allemands lancent une nouvelle contre-attaque avec de l’infanterie et les Anglais subissent une impressionnante concentration des feux. A 19 heures 20, les chasseurs Spitfire de la Royal Air Force patrouillent autour de Lingèvres et bombardent plusieurs positions adverses avant la nuit, terminant de repousser la contre-offensive allemande.
Du 1er au 6 août 1944, le 5357 Airfield Construction Wing construit un aérodrome sur les terres de la commune de Lingèvres et qui est baptisé ALG B-19. Il sert de base principale à la 125 Wing et reste opérationnel jusqu’au 9 septembre 1944.
Cartes de Lingèvres :
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