La Fière (Manche)
Les villes de Normandie pendant les combats de 1944
Libération : 6 juin 1944
Unités engagées :
325th Glider Infantry Regiment, 82nd Airborne Division
505th Parachute Infantry Regiment, 82nd Airborne Division
507th Parachute Infantry Regiment, 82nd Airborne Division
508th Parachute Infantry Regiment, 82nd Airborne Division
357th Infantry Regiment, 90th Infantry Division
Grenadier-Regiment 1057, 91. Infanterie Division
III/Grenadier-Regiment 1058, 91. Infanterie Division
Panzer-Ersatz-Abteilung 100
Historique :
Le hameau de La Fière, placé au printemps 1944 sous la responsabilité du Grenadier-Regiment 1058 (91. Infanterie Division), se trouve à proximité immédiate d’un point de passage sur la rivière du Merderet et à travers les terres inondées du secteur. Cette chaussée longue de 500 mètres devient, lors de la phase de préparation de l’opération Overlord, un objectif prioritaire des Alliés : de son contrôle dépend le maintien de la tête de pont dans le Cotentin qui est ceinturée par la Douve au sud et le Merderet à l’ouest.
La prise de La Fière et de son précieux pont est confiée au 1er bataillon du 505th Parachute Infantry Regiment (82nd Airborne Division) commandé par le Major Frederick C. A. Kellam. Bien que les parachutages du 505th PIR soient les plus précis de tous les largages alliés effectués dans la nuit du 5 au 6 juin, Kellam ne parvient pas à réunir suffisamment de soldats pour diviser ses forces en deux groupes comme convenu (l’un devant se diriger vers le pont de La Fière, l’autre vers celui de Chef-du-Pont). Il prend la décision de concentrer ses forces en direction de La Fière. La compagnie A, commandée par le lieutenant John J. Dolan, est en tête du dispositif. En chemin, ils rencontrent des parachutistes provenant des différents régiments de la 82nd Airborne Division qui sont rattachés à l’action en cours en attendant de les renvoyer vers leur unité. Le général Gavin, commandant en second de la division, progresse dans les marais bordant la rivière du Merderet avant de se rattacher à son tour aux forces du 1er bataillon du 505th PIR en route vers La Fière.
Le lieutenant Dolan, puis le lieutenant John H. Wisner (officier renseignements du 507th PIR), prennent d’assaut le pont peu après le lever du jour mais ils sont repoussés par les tirs adverses. Plus tard dans la matinée, près de 550 parachutistes de toutes unités sont rassemblés dans le secteur de La Fière. Ils sont placés sous le commandement du colonel Roy E. Lindquist, chef de corps du 508th PIR. Celui-ci organise un assaut du hameau de La Fière en s’appuyant sur les groupes organiques les plus nombreux : la compagnie A du 505th PIR, la compagnie G du 507th PIR et la compagnie B du 508th PIR. A midi, il ordonne l’assaut du hameau où sont retranchés les soldats allemands ; après de violents combats, les Américains s’emparent de la position et les parachutistes de la compagnie G du 507th PIR commandés par le capitaine Schwartzwalder réussissent l’exploit de traverser le pont de La Fière puis la route en direction d’Amfreville. Ils parviennent même à établir la liaison avec d’autres parachutistes du second bataillon du 507th PIR à l’est d’Amfreville avant de se replier à hauteur de Cauquigny.
Quelques heures plus tard, le 1er bataillon du 505th PIR prend position aux abords du pont de la Fière et remplace les hommes du colonel Lindquist qui sont placés en retrait à l’est le long de la voie ferrée. Progressivement, en milieu d’après-midi, les tirs dirigés contre les positions américaines sont de plus en plus nourris et les parachutistes du 505th PIR sont continuellement sous le feu, notamment de l’artillerie. Soudain, à 16 heures, deux chars Beutepanzer de type Renault R35 appartenant au Panzer-Ersatz-Abteilung 100 apparaissent sur la chaussée et progressent en direction du pont de La Fière : deux équipes de chasseurs de chars armées de bazookas sont installés dans des trous de combat de part et d’autre de la route et, sur ordre, détruisent le premier char. L’infanterie adverse (appartenant au Grenadier-Regiment 1057) progresse immédiatement derrière les blindés et engage le combat à très courte distance. Appuyés par leurs camarades, les deux équipes de chasseurs de chars ouvrent le feu sur le deuxième blindé qui est détruit à son tour. Mais l’un des bazookas est hors d’usage et l’équipe se replie. Alors que les Américains n’ont plus de roquettes antichars, un troisième char apparaît sur la route : assistant à cette scène depuis la rive est du Merderet, le Major Frederick Kellam et son adjoint, le capitaine Dale Roysden, récupèrent des munitions antichars et traversent le pont pour ravitailler la ligne de contact : ils sont tous les deux tués. Les pertes sont particulièrement élevées et la défense sur la rive occidentale du pont menace de céder.
Constatant que l’équipe antichar qui s’est repliée en raison d’un incident de tir a laissé sur position des roquettes de bazooka, le para Marcus Heim s’y déplace, récupère ce dont il a besoin et retrouve son chargeur, Gordon Pryne : ils parviennent à détruire le troisième char, stoppant ainsi la violente charge allemande le long de la chaussée de La Fière. Vers 20 heures, le lieutenant-colonel Maloney renforce le secteur avec une centaine d’hommes prélevés sur la position défensive de Chef-du-Pont.
Le 7 juin 1944, la position défensive de La Fière est renforcée par le 1er bataillon du 325th Glider Infantry Regiment (GIR). Bien que le secteur soit constamment bombardé par les Allemands, les Américains ne sont pas particulièrement préoccupés par ce secteur qu’ils considèrent comme bien tenu par Lindquist et Maloney.
Le 9 juin, l’offensive vers l’ouest est relancée avec l’intervention du 1/325th GIR commandé à ce moment par le Major Teddy H. Sanford. Mais cette première action échoue ; le 3e bataillon du 325th GIR (armé par des soldats appartenant au 2e bataillon du 401st GIR) renouvelle l’assaut aussitôt après un barrage d’artillerie de quinze minutes entre 10 heures 30 et 10 heures 45. La traversée de la chaussée est lente et les soldats aérotransportés enregistrent de lourdes pertes, l’axe étant battu par les feux de l’adversaire. Pour ajouter au désordre des tirs de mortiers et de mitrailleuses, un char Sherman est touché par une mine américaine n’ayant pas été relevée par les parachutistes, encombrant un peu plus la petite route. C’est à ce moment que le soldat Charles N. DeGlopper de la compagnie C du 325th GIR réalise une action héroïque à la sortie ouest de la chaussée en couvrant par le feu le déplacement de ses camarades, au péril de sa vie. Progressivement et dans la douleur, les sections atteignent la rive ouest du Merderet et s’installent en défensive face au hameau du Motey.
Le 10 juin à 4 heures du matin, le 357th Infantry Regiment appartenant à la 90th Infantry Division traverse la chaussée de La Fière qui est toujours exposée à l’artillerie allemande. L’arrivée de ces renforts permet d’accentuer la pression exercée sur les forces adverses qui sont progressivement obligées de se replier pour se réorganiser, éloignant ainsi la menace pesant sur la chaussée de La Fière.
Photos de la chaussée de La Fière en 1944
Cartes de La Fière :
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