Cauquigny (Manche)

Les villes de Normandie pendant les combats de 1944

 

Libération : 9 juin 1944

Unités engagées :

Drapeau américain 325th Glider Infantry Regiment, 82nd Airborne Division

Drapeau américain 505th Parachute Infantry Regiment, 82nd Airborne Division

Drapeau américain 507th Parachute Infantry Regiment, 82nd Airborne Division

Drapeau américain 508th Parachute Infantry Regiment, 82nd Airborne Division

Drapeau américain 357th Infantry Regiment, 90th Infantry Division

Drapeau nazi Grenadier-Regiment 1057, 91. Infanterie Division

Drapeau nazi III/Grenadier-Regiment 1058, 91. Infanterie Division

Drapeau nazi Panzer-Ersatz-Abteilung 100

Historique :

Le hameau de Cauquigny relève administrativement de la commune d’Amfreville et est placé au printemps 1944 sous la responsabilité du Grenadier-Regiment 1058 (91. Infanterie Division). Il se trouve à l’extrémité nord du passage sur la rivière du Merderet et à travers les terres inondées du secteur. Cette chaussée longue de 500 mètres devient, lors de la phase de préparation de l’opération Overlord, un objectif prioritaire des Alliés : de son contrôle dépend le maintien de la tête de pont dans le Cotentin qui est ceinturée par la Douve au sud et le Merderet à l’ouest.

Cauquigny est l’un des objectifs du second bataillon du 507th Parachute Infantry Regiment (PIR) commandé par le lieutenant-colonel Charles J. Timmes, qui est chargé de sécuriser les abords nord-ouest du pont de La Fière jusqu’au village de Gourbesville. Mais aux premières heures du 6 juin 1944, les parachutages du 507th PIR sont les plus imprécis de l’ensemble des troupes aéroportées américaines : de nombreux parachutistes atterrissent dans les marais de part et d’autre de la rivière du Merderet et meurent noyés sous le poids de leurs équipements. Le lieutenant-colonel Timmes ne parvient à rassembler qu’une trentaine de soldats une fois au sol ; après avoir pris la direction de la chaussée de La Fière puis d’Amfreville, il rebrousse chemin et s’installe en position défensive moins d’un kilomètre au nord-ouest de Cauquigny. Sans radio, il doit absolument rétablir la liaison avec ses chefs et décide alors d’envoyer une patrouille de 17 parachutistes aux ordres du lieutenant Lewis Levy (compagnie D, 507th PIR) en direction du pont de La Fière.

A Cauquigny, le capitaine Floyd B. Schwartzwalder, commandant d’unité de la compagnie G du 507th PIR, a pris position dans le hameau et interdit la progression sur la chaussée vers l’ouest avec des parachutistes de différentes unités. Pendant sa progression, le lieutenant Levy rencontre un autre chef de section de la compagnie D, le sous-lieutenant Joseph Kormylo, accompagné par 20 parachutistes : une équipe armée d’une mitrailleuse est dirigée vers le nord pour renforcer la position du lieutenant-colonel Timmes tandis que les autres éléments viennent renforcer la patrouille de Levy qui poursuit en direction de Cauquigny. Arrivé à hauteur du hameau, Levy rend compte de la situation au capitaine Schwartzwalder. Ses hommes viennent renforcer la position car les Allemands se montrent de plus en plus agressifs dans le secteur et les tirs d’armes légères se multiplient. Le capitaine Schwartzwalder décide de réorganiser son dispositif vers le nord afin de sécuriser la position de Timmes, ce qui l’oblige à ne laisser que 7 hommes à hauteur de Cauquigny aux ordres du lieutenant Levy : ces derniers sont installés dans des postes de combat de fortune espacés d’une quinzaine de mètres les uns des autres face à la chaussée.

Vers 16 heures, les Allemands attaquent en force la chaussée de La Fière en traversant Cauquigny. Ils sont renforcés par des éléments du Grenadier-Regiment 1057 ainsi que par trois chars Renault modifiés appartenant au Panzer-Ersatz-Abteilung 100. Les parachutistes aperçoivent les chars et l’infanterie progresser dans leur direction puis engagent le combat à très courte portée, utilisant notamment des grenades Gammon contre les blindés (ces grenades sont lancées par le soldat Orlin Stewart). L’un des chars ouvre le feu sur la petite église qui est partiellement détruite, faisant pleuvoir une grande quantité de débris sur les soldats qui défendent le secteur. Pendant ce temps, des parachutistes de la compagnie B du 508th PIR aux ordres du capitaine Royal R. Taylor installés au sud de Cauquigny profitent de la formidable résistance des hommes de Levy pour se replier vers le sud afin de franchir le Merderet et rejoindre la rive est. Mais ils doivent traverser un vaste marécage à découvert et leurs pertes sont nombreuses : plusieurs d’entre eux sont blessés et meurent quelques instants plus tard, ne pouvant être transportés ou rejoindre une position protégée.

Aux abords immédiats de Cauquigny, l’adversaire arrive en si grand nombre que les Américains ne peuvent tenir plus longtemps : Levy ordonne le repli vers le nord en direction de la position du lieutenant-colonel Timmes, les Allemands s’emparent de Cauquigny quelques instants plus tard.

Le 7 juin, le hameau est exposé à l’artillerie américaine durant toute la journée. Les Allemands utilisent les habitations pour observer et corriger des tirs en direction du pont de La Fière. Pendant ce temps, le général Gavin (commandant en second de la 82nd Airborne Division) installé à La Fière prépare une nouvelle offensive pour sécuriser la chaussée.

Le 8 juin à l’aube, les soldats aérotransportés du 1er bataillon du 325th Glider Infantry Regiment (GIR) commandés par le Major Teddy H. Sanford abordent Cauquigny par le nord pour sécuriser la chaussée à l’ouest du pont de La Fière. Mais ils sont rapidement fixés environ 1 000 mètres au nord du hameau et stoppent l’offensive. Le général Gavin décide alors de renouveler l’assaut le lendemain avec un autre bataillon.

Le 9 juin 1944 à 6 heures du matin, l’attaque de la chaussée lancée depuis la Fière est lancée par la compagnie C du 325th GIR commandée par le capitaine Dave E. Stokley. Les pertes sont nombreuses et le capitaine Stokley est blessé ; il est remplacé par le capitaine Wayne W. Pierce qui parvient à atteindre Cauquigny après de durs combats durant lesquels le soldat Charles N. DeGlopper réalise une action héroïque pour couvrir ses camarades, au péril de sa vie Le 3e bataillon du 325th GIR (armé par des soldats appartenant au 2e bataillon du 401st GIR) renouvelle l’offensive après un barrage d’artillerie de quinze minutes entre 10 heures 30 et 10 heures 45. Progressivement et dans la douleur, les sections avancent vers l’ouest sous des tirs extrêmement nourris. La compagnie E commandée par le Major Charles Murphy, appuyée par les parachutistes du 507th PIR postés sur la rive est du Merderet et soutenue par la compagnie F du capitaine James M. Harney, prend d’assaut les ruines de Cauquigny malgré de lourdes pertes et obtient la reddition de plusieurs Allemands. Les Américains poursuivent jusqu’au hameau du Motey tandis que plusieurs parachutistes du 507th PIR commandés par le capitaine Robert D. Rae renforce la ligne de front. En début de soirée, ce dernier se replie sur ordre à hauteur de Cauquigny pour y passer la nuit en tant qu’unité de réserve.

Le 10 juin à 5 heures du matin, le 357th Infantry Regiment commandé par le colonel Philip H. Ginder et appartenant à la 90th Infantry Division traverse la chaussée et vient renforcer les troupes dans le secteur du Motey, éloignant de ce fait la menace de perdre une nouvelle fois le hameau de Cauquigny.

Cartes de Cauquigny :

Image : carte de Cauquigny