Consolidation de la tête de pont (1/2)
Jour-J + 12 à Jour-J + 32 – Du 18 juin au 8 juillet 1944
Objectif : Cherbourg
Au 18 juin 1944, la tête de pont alliée en Normandie tient bon, mais des objectifs initialement prévus par le plan Overlord sont toujours à atteindre, notamment la prise de Caen, prévue pour le Jour J (6 juin).
La consolidation de la tête de pont alliée repose en grande partie sur les deux ports artificiels que les Alliés ont construit et assemblé en face des localités d’Arromanches-les-Bains et de Saint-Laurent-sur-Mer. Ils ravitaillent en carburant, munitions, vivres et équipement les forces combattantes alliées. Mais les 19 et 20 juin 1944, une très forte tempête détruit le port de Saint-Laurent et endommage celui d’Arromanches qui peut toutefois être réparé. Néanmoins, des dizaines de navires sont coulés ou échoués et près de 140 000 tonnes de matériels furent perdu.
Destructions allemandes dans le port de Cherbourg. Photo: US National Archives
L’approvisionnement est nettement plus faible, au point que l’état-major allié réalise véritablement l’importance grandissante de capturer un port en eau profonde, comme celui de Cherbourg. C’est ainsi que commence les batailles pour le contrôle de Cherbourg qui sont principalement menées par le 7e corps du général Collins, qui possède la réputation d’être l’un des meilleurs tacticiens de l’armée américaine.
Prisonnier allemand du Schifsstammeabteilung à Cherbourg. Photo : US National Archives
La progression américaine dans la presqu’île du Cotentin est lente, mais rien n’arrête Collins. Les combats sont très violents et très meurtriers, les Allemands défendant âprement leurs positions, même s’ils ne possèdent pas autant de blindés que dans la région de Caen. Mais les 4e, 9e, et 79e divisions américaines viennent à bout de leurs ennemis et atteignent la ville de Cherbourg le 21 juin qui tombe entièrement le 27. Elle n’est totalement sous contrôle qu’à partir du 1er juillet 1944.
Ce n’est que le 17 juillet que le premier bâtiment allié entre dans le port de Cherbourg tout juste rénové pour décharger sa précieuse cargaison.
Un des forts de Cherbourg photographié après les bombardements alliés. Photo : US National Archives
Les généraux allemands croient à Fortitude
Les chefs d’états-major allemands le savent, Rommel et von Rundstedt en premiers : la capture de Cherbourg par les Alliés marque un tournant de la bataille de Normandie qui annonce une défaite de plus grande envergure pour l’Allemagne nazie.
Hitler, de son côté, ordonne toujours à ses généraux de stationner la XVe armée dans le nord de la France, car il croit toujours que le débarquement de Normandie n’est qu’une simple diversion et que le véritable débarquement se fera face au Pas-de-Calais.
Mais les services de renseignement alliés inondent les bureaux de l’état-major allemand de faux rapports qui trompent les généraux de l’Axe.
Le jour de la chute de Cherbourg, le 27 juin 1944, les services de renseignements allemands rédigent ce message : L’ennemi emploie 27 à 31 divisions dans la tête de pont. En Angleterre restent 67 grandes unités dont 57 peuvent être employées pour une opération de grande envergure. L’opération Fortitude fonctionne à merveille car en vérité, les Alliés ne dispose que de 15 divisions prêtes à débarquer et que 25 divisions sont dans la tête de pont. Conséquence immédiate : les Allemands laissent dans le Pas-de-Calais 150 000 soldats qui leur manquent cruellement sur le front Normandie.
A l’est de la Normandie, face à Caen, de très violents combats sont en cours, selon des nouveaux plans élaborés par le général anglais Montgomery, surnommé « Monty », commandant en chef des forces terrestres alliées engagées en Normandie. Cette liberté d’action par rapport aux plans initiaux établis le 15 mai 1944 à Londres semble agacer les autres généraux alliés qui pensent même, comme le général commandant les forces aériennes alliées, Arthur Tedder, à le limoger.
Les aviateurs alliés sont les premiers à penser que l’avancée des armées du général « Monty » est trop lente et inefficace, car il leur est impossible de disposer de nouvelles pistes d’aviation, faute de s’emparer de terrains supplémentaires.
Dans le but de justifier sa stratégie, Montgomery présente sa manière de procéder : « La 2e armée britannique doit mener l’assaut à l’ouest de l’Orne afin d’engager des opérations au sud et au sud-est pour s’assurer des aérodromes et pour protéger le flanc est de la 1ère armée américaine qui devra s’emparer de Cherbourg. Par la suite, la IIe armée pivotera sur sa gauche et présentera un front solide contre les manœuvres adverses venant de l’est« .
Soldats allemands en position avec une mitrailleuse MG 42 dans le bois de Bavent. Photo : Bundesarchiv
Le général Eisenhower écrit à ce sujet : « A l’est, nous n’avions pas pu percer vers la Seine et la concentration du maximum de la puissance ennemie dans le secteur de Caen ne nous avait pas permis de nous assurer dans cette région du terrain dont nous avions tellement besoin. Toutefois nos plans étaient suffisamment souples pour que nous puissions tirer un avantage des contre-attaques de l’ennemi en ordonnant aux unités américaines de l’ouest d’attaquer en force hors de la zone de consolidation tandis que les Britanniques et les Canadiens gardaient les Allemands occupés dans l’est« .
Le 26 juin, des soldats du 6e « Royal Scot Fusiliers » attaquent avec des fumigènes. Photo: IWM
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