Opération Mallard
Opérations aéroportées du débarquement de Normandie
Ordre de bataille de la 6th Airborne Division
Chronologie des vols et transports
Les origines de l’opération Mallard
La 6e division aéroportée du général Gale est chargée de s’emparer de points vitaux sur le flanc gauche de la tête de pont que les Alliés veulent installer en Normandie. Plus de 5 300 soldats anglais et canadiens doivent être transportés par les groupements 38 et 46 de la Royal Air Force (R.A.F.). Etant donné que ces deux unités ne disposent pas de vecteurs en nombre suffisant pour transporter l’intégralité de la division sur ses différents points de chute, la mission est décomposée en deux vagues : la première (baptisée opération Tonga) dédiée aux missions principales, obligatoirement remplies avant le début du débarquement sur les plages, la deuxième (opération Mallard) dédiée aux missions secondaires.
Avec ce deuxième assaut aéroporté prévu le Jour J à 21h00, la 6th Airborne prévoit de se renforcer dans deux secteurs : sur la rive est de l’Orne (où les unités engagées lors de l’opération Tonga sont isolées en territoire ennemi) en posant une partie de ses planeurs sur la Landing Zone (LZ) « N » à l’est de Ranville dégagée de tous obstacles pendant la nuit par les sapeurs et sur la rive ouest avec l’introduction d’une nouvelle LZ : « W ». Cette dernière est située entre Ouistreham et Bénouville, près de Saint-Aubin-d’Arquenay et doit avoir été reconnue par les commandos sous la responsabilité de la 3e division d’infanterie britannique débarquée à Sword Beach le 6 juin 1944.
De ce fait, les moyens transportés lors de l’opération Mallard sont des équipements lourds destinés à augmenter sensiblement la puissance de feu des forces aérotransportées qui, dans la logique tactique, sont dotés de moyens plus légers lors de l’assaut initial : à bord des planeurs se trouvent des chars Tetrarch, des Jeeps, des remorques et des canons anti-char.
Des bombardiers Stirling Mk 4 remorquent des planeurs Horsa pendant l’opération Mallard. Photo : IWM
La répartition des forces de l’opération Mallard est la suivante : 142 appareils (remorquant 112 planeurs Horsa et 30 planeurs Hamilcar) sont désignés pour rejoindre la LZ « N » tandis que 104 Horsa sont attendus sur la LZ « W ». Ces vecteurs transportent d’une part (LZ « N ») l’état-major de la 6th Airlanding Brigade, le 6th Airborne Division Armoured Reconnaissance Regiment et le 1st Royal Ulster Rifles et d’autre part (LZ « W ») la compagnie A du 12e bataillon du Devonshire Regiment (12th Devons), le 2nd bataillon du Oxfordshire & Buckinghamshire Light Infantry (2nd Ox & Bucks) sans la compagnie D du Major Howard qui est déjà à Bénouville et des éléments de l’Airlanding Brigade (211th Airlanding Light Battery R.A., 249th Field Company, R.E. et deux sections du 195th Airlanding Field Ambulance).
Les appareils remorquant des planeurs arrivent au-dessus de la côte normande peu avant 21h00. Photo : IWM
Déroulement de l’opération Mallard
Les 246 appareils de l’opération Mallard décollent d’Angleterre à compter de 18h40 le Jour J en remorquant 216 Horsa et 30 Hamilcar. Quatre planeurs sont perdus lors de la traversée de la Manche : l’un d’entre eux (appartenant au 12th Devons) s’abime en mer avec son équipage à sept kilomètres du rivage (cinq soldats survivent au crash et parviennent à rejoindre à la nage la côte devant Merville où ils sont faits prisonniers par les Allemands), un autre se perd à l’est de la zone de poser et les deux derniers effectuent un atterrissage d’urgence en Angleterre.
Ces artilleurs de la 3e division d’infanterie assistent aux parachutages de la 6e division aéroportée à 21h00. Photo : IWM
A 20h51, les premiers planeurs se posent sur la LZ « W ». Une section, aux ordres du lieutenant Sneezum, est chargée de détruire directement après leur atterrissage la ligne de chemin de fer reliant Cagny à Mézidon. Les autres éléments rejoignent leurs positions défensives immédiatement après leur arrivée en Normandie.
Atterrissage de trois planeurs Hamilcar sur la Landing Zone « N » le Jour J à 21h00. Photo : IWM
Il en est de même pour les unités atterrissant sur la LZ « N » près de Ranville qui accueille les chars Tetrarch : sur les 30 engins déployés, 11 sont immobilisés dans les cinq minutes qui suivent leur arrivée suite à des problèmes techniques. En effet, la LZ est recouverte de parachutes qui se glissent dans les chenilles et les bloquent. Le secteur est également totalement encombré par les planeurs qui peinent à trouver un espace dégagé pour atterrir.
Un Horsa a heurté un muret lors de l’atterrissage sur la Landing Zone « N » à l’est de Ranville. Photo : IWM
Le capitaine Wilhelm von Gottberg commandant la I./Panzer-Regiment 22 assiste à l’assaut aéroporté : il se trouve à ce moment à Lion-sur-Mer avec six chars d’où il observe les opérations de débarquement après avoir réussi à s’infiltrer à travers les lignes adverses. Craignant d’être définitivement encerclé suite à l’atterrissage des planeurs alliés, il rend compte à l’état-major de la 21. Panzerdivision et fait marche arrière.
Débarquement d’un Horsa sur la Landing Zone « N » près de Ranville. Photo : IWM
Bilan de l’opération Mallard
Les pertes pendant la traversée sont très faibles par rapport aux moyens engagés : 242 planeurs sur 246 initialement prévus ont atterri en Normandie. La qualité du pilotage, les bonnes conditions météorologiques sur les zones de poser et le travail des sapeurs pour retirer un maximum d’obstacles comme les « asperges de Rommel » avant le début de l’opération permettent de limiter les dégâts et les pertes en hommes et matériels sur les zones de combat.
Une Jeep et sa remorque débarquent d’un Horsa sur la Landing Zone « N » près de Ranville. Photo : IWM
L’opération Mallard contribue à ôter à la 21e division blindée allemande tout espoir de réussir sa contre-attaque avant la tombée de la nuit. Son état-major envisage que de nouveaux parachutages et atterrissages de planeurs puissent avoir lieu derrière leurs lignes pendant la nuit. Inversement, l’arrivée des renforts de la 6e division aéroportée aux vues de tous redonne le moral aux Alliés présents dans le secteur et qui se préparent à passer leur première nuit sur le sol de France après une dure journée de combats.
Les combattants de la 6e division aéroportée attendent les nouvelles contre-attaques adverses et valorisent leurs positions défensives pendant la nuit. Le lendemain, 7 juin, les Allemands attaquent en force utilisant chars et artillerie. C’est notamment le cas à Ranville qui reçoit l’assaut du Major Hans-Ulrich von Luck à la tête du Panzer-Grenadier-Regiment 125 : l’armada alliée effectue plusieurs tirs de barrage qui stoppent ces contre-offensives. Le front sur la rive est de l’Orne reste statique jusqu’au lancement de l’opération Paddle le 17 août 1944.
1 166 soldats de la 6e division aéroportée ont trouvé la mort pendant la bataille de Normandie. La plupart d’entre eux sont enterrés au cimetière militaire de Ranville.
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