Témoignage de Crawford J. Ferguson III
Mitrailleur sur B-17, 92nd Group, 8th Air Force
Crawford J. Ferguson III avait 19 ans en juin 1944. Il était mitrailleur axial pendant la Seconde Guerre mondiale sur les très connues Forteresses Volantes américaines, des bombardiers quadrimoteur Boeing B-17 « Flying Fortress ».
Le Jour J, il participe aux bombardements préparatifs du Débarquement de Normandie, notamment à l’attaque de la redoutable batterie côtière de Longues-sur-Mer, entre Omaha Beach et Gold Beach.
Le père de Crawford Ferguson s’est battu en France pendant la Première Guerre mondiale. Il a d’ailleurs été décoré de la Croix de Guerre Française. La famille Ferguson se souvient très bien des actions de la Fayette aux Etats-Unis lors de la Guerre d’Indépendence américaine.
Après le débarquement de Normandie, Crawford Ferguson III participe à de nombreux bombardements d’objectifs stratégiques en Europe. Dans l’ordre chronologique : Evreux, Lille/Vendeville, Paris, Nantes, l’Evesque, Renascure, Brême, Orléans, Leipzig, Aires, Leipzig (deuxième bombardement), Munich, Saint-Lô, Orléans (deuxième bombardement), Montech, Senlis, Frankfort, Cologne, Magdebourg et enfin Kassel.
Blessé par les tirs de la FLAK (défense anti-aérienne allemande) lors d’un raid au-dessus d’Auxerre, il se souvient très bien des impressions qu’il a ressenti lors des vols effectués.
Crawford Ferguson est décédé le 12 janvier 2013.
« Le Jour J n’était pas pour notre Groupe (le 92ème Groupe, surnommé « The old, Slam-Bam 92« ), une étonnante surprise. Les jours précédant le 6 juin 1944, le 92ème a été bombarder des installations ennemies tout le long des côtes au nord de la France. Et en soirée du 5 juin 1944, nous avons été consigné à la base (une restriction dont nous n’avions pas l’habitude et qui nous a fait penser que « quelque chose se préparait »).
Ce qui se préparait le Jour J était que 85 Forteresses Volantes du 92ème Groupe avaient été regroupées en trois escadrilles, qui devaient quant à elles mener trois missions différentes.
Peu avant l’aube du 6 juin 1944, l’équipage du B-17 nommé « The Old Shillelagh » (un shillelagh est un club de guerre Irlandais. La plupart des hommes d’équipage étaient des Américains d’origine Irlandaise, d’où le nom. Pour ma part, je suis d’origine écossaise) décolle avec 39 autres Forteresses Volantes. L’objectif était la batterie côtière allemande de Longues-sur-Mer, où quatre canons de fort calibre pouvaient mettre en danger les navires alliés.
Nous avons bombardé l’objectif à 17 000 pieds, et alors que nous avions l’habitude de rencontrer une résistance acharnée lors des bombardements au-dessus de Berlin ou Munich, la FLAK (défense anti-aérienne allemande) était loin d’être intense dans les environs de Longues-sur-Mer. De plus, la Luftwaffe ne s’est pas montrée.
Sur le chemin du retour, nous pouvions apercevoir la première vague d’assaut se diriger vers le rivage. Le « Shillelagh » est rentré sans encombre à la base.
Nous avons ensuite été « briefé » dans les locaux des Services de Renseignement (où on nous servait toujours un excellent Scotch). Après 3 verres de Scotch, certains d’entre nous s’imaginaient avoir vaincu à eux seuls toute la Luftwaffe.
Puis nous sommes allé en ville et nous nous sommes arrêtés dans quelques pubs où nous étions très, très attirés par les jeunes demoiselles anglaises (j’avais 19 ans, comme tous les autres de l’équipage).
Le jour suivant, le 7 juin 1944, nous avons reçu un nouvel ordre de mission : bombarder un aérodrome de la Luftwaffe près de Lorient.
Je savais que les Français apprécient leur magnifique langage et je m’étais entraîné à prononcer quelques phrases (au cas où notre avion était abattu et que nous devions sauter en parachute au-dessus de la France) notamment celle-ci : « S’il vous plait, ne me tirez pas dessus« .
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