Batterie de Longues-sur-Mer – Wn 48 – MKB
Batteries allemandes du mur de l’Atlantique en Normandie
Unité : 4/Heeres-Küsten-Artillerie-Abteilung 1260
Nom de code : MKB Longues – Wn 48
Pièces d’artillerie : 4x 150 mm TK C/36
Issue : sous contrôle de la compagnie C du 2nd Devonshire Regiment le 7 juin 1944
La batterie de Longues-sur-Mer est localisée en bordure de la côte à huit kilomètres au nord de la ville de Bayeux, perchée au sommet de moyennes falaises de soixante mètres dominant la mer.
Le site de la batterie de Longues-sur-Mer. Photo : D-Day Overlord |
Construction et composition de la batterie de Longues
Sa construction débute en septembre 1943. Les Allemands construisent entre Arromanches à l’est et Port-en-Bessin à l’ouest, quatre casemates type Regelbau M272 et le poste de commandement type Regelbau M262A, équipé d’un système électrique de communication et de direction des tirs très moderne à l’époque. A cet effet, ils utilisent des artisans du Reich et la main d’oeuvre locale. La batterie adopte le nom de code Wn 48 et est armée par quatre canons de marine de 150 mm TK C/36 fabriqués par Skoda, d’une portée d’environ 20 kilomètres. Ces pièces reposent sur un affût à pivot central Torpedolafette (TP) C/36.
Vue intérieure d’une casemate sur une pièce de 150 mm. Photo : D-Day Overlord |
En plus de ces casemates, les Allemands construisent des abris pour les servants et des soutes à munitions, installent un projecteur et trois pièces antiaériennes de 20 mm, tout en protégeant l’ensemble du site contre d’éventuelles attaques provenant de l’intérieur des terres par des positions de mitrailleuses, de champs de mines et un important réseau de barbelés. Une pièce de 122 mm (un canon soviétique K390) renforce également le site.
La garnison allemande de la batterie de Longues est forte de 184 militaires sous le commandement de la marine de guerre, la Kriegsmarine. Le site est placé sous la responsabilité des artilleurs de la 4e batterie du Heeres-Küsten-Artillerie-Abteilung 1260, aux ordres de l’Oberleutnant M.A. Kurt Weil. Au sein des artisans locaux employés pour la construction du site se glissent des résistants français qui renseignent les Alliés sur la disposition et les capacités de la batterie tout en sabotant le béton utilisé pour la construction de l’une des casemates M272, la rendant plus fragile aux coups.
Une des quatre casemates M272 formant la batterie d’artillerie côtière de Longues-sur-Mer. Photo : D-Day Overlord |
La batterie de Longues le Jour J
La MKB (Marineküstenbatterie) Longues est située au centre des plages du débarquement allié, entre les secteurs d’Omaha et de Gold. Cette position favorable aux Allemands inquiète les chefs militaires qui décident de lancer de multiples et puissants raids aériens à compter de mai 1944. Pendant les deux semaines précédant le Jour J, du 28 mars au 3 juin, la batterie reçoit pas moins de 1 500 bombes. Les destructions demeurent toutefois limitées, mise à part l’une des casemates M272 dont le béton fut saboté par les résistants français et les câblages électriques reliant le poste de commandement aux casemates de tir qui sont coupés par les bombes, obligeant les Allemands à utiliser un système de communication moins rapide et moins performant.
Le poste d’observation de la batterie de Longues. Photo : D-Day Overlord |
Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, 604 tonnes de bombes sont larguées sur le site par 99 quadrimoteurs. Touchés à plusieurs reprises par des impacts directs, les murs des casemates, épais de deux mètres et conçus en béton armé, tiennent bon.
Plan de la batterie de Longues
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)
Le cuirassé léger britannique HMS Ajax, faisant route dans la Manche au sein de la force navale G, reçoit la mission d’ouvrir le feu après le passage des escadrilles sur la batterie allemande de Longues-sur-Mer, à cinq heures trente, avec ses canons de 152 mm et de 102 mm.
Une des quatre casemates M272 formant la batterie d’artillerie côtière de Longues-sur-Mer. Photo : D-Day Overlord |
Les artilleurs allemands réagissent en ouvrant le feu peu avant six heures en direction d’Omaha Beach, sans causer des dégâts sérieux. A compter de six heures vingt, la batterie de Longues engage le navire amiral de la force G (Gold Beach), l’HMS Bulolo, qui transporte l’état-major du 30e corps britannique. Celui-ci est alors obligé de quitter son mouillage et de se replier hors de portée des tirs. Les cuirassés Ajax et Argonaut reçoivent l’ordre de s’approcher au plus près de la côte pour appliquer des tirs précis et ouvrent le feu à 179 reprises : la riposte britannique est telle que la batterie allemande plonge dans un silence total à compter de huit heures quarante-cinq, faisant croire aux marins qu’ils sont parvenus à la détruire.
Plus tard dans la matinée, après des travaux rapides de réparation effectués par les artilleurs allemands, les canons de 150 mm ouvrent à nouveau le feu en direction d’Omaha. En réaction, les croiseurs français Georges Leygues et Montcalm ainsi que le croiseur américain U.S.S. Arkansas ripostent à leur tour et parviennent alors à détruire une pièce par un tir direct et endommagent deux autres canons.
La pièce de 150 mm détruite par un tir direct de la marinée alliée. Photo : D-Day Overlord |
La batterie reste silencieuse jusqu’à ce que la quatrième pièce, rescapée des duels d’artillerie, ouvre à nouveau le feu au cours de l’après-midi du 6 juin, aux côtés du canon soviétique de 122 mm, en direction des plages de Gold et d’Omaha, sans parvenir à inquiéter outre mesure les Alliés. Au total, la batterie de Longues a tiré 115 obus en direction des forces alliées pendant le Jour J.
Le 7 juin, les Alliés lancent un nouveau raid aérien aux environs de 09h00 (à l’aide de sept escadrilles de B-17 Flying Fortress) qui précède l’assaut des troupes britanniques de la compagnie C du 2e régiment du Devonshire en provenance de Gold Beach. Les fantassins s’emparent de la batterie avant midi et font prisonniers les 120 artilleurs et fantassins allemands rescapés des bombardements, se rendant sans opposer de résistance particulière.
Une des quatre casemates M272 formant la batterie d’artillerie côtière de Longues-sur-Mer. Photo : D-Day Overlord |