Historique de la 6th Airborne Division

Image : 6ème division aéroportée britannique

L’insigne d’épaule de la 6th Airborne Division, représentant la figure mythologique de Pégase.

After Action Report – Juin 1944

Naissance de la 6e division aéroportée

La 6e division aéroportée (D.A., surnommée « Red Devils » ou encore « Pegase ») voit le jour en plein milieu de la Seconde Guerre mondiale, le 3 mai 1943. Elle est appelée à regrouper les parachutistes de l’armée qui sont les précurseurs britanniques dans ce domaine, à l’image de leurs compatriotes de la 1ère division aéroportée et des parachutistes américains des 82e et 101e divisions Airborne.

Commandés par le général Richard Gale, les parachutistes de la 6e D.A. se préparent minutieusement à l’invasion de la forteresse Europe. La division aéroportée comprend dans ses rangs des parachutistes et des fantassins aéroportées à bord de planeurs de type Horsa (les Américains utilisent essentiellement les planeurs type Waco). Elle se compose des 3e et 5e brigades parachutistes ainsi que de la 6e brigade aéroportée.

Opération Overlord et la bataille de Normandie

En début de soirée du 5 juin 1944, les parachutistes et fantassins aérotransportés britanniques embarquent à bord des appareils qui les transportent au-dessus de la Manche pour leur permettre de mener à bien leurs missions. Leur zone d’action se situe au nord de Caen, sur les rives est de l’Orne : les parachutistes doivent s’emparer des ponts et des points particuliers de la région afin de protéger le flanc est de la zone d’invasion alliée contre d’éventuelles contre-attaques allemandes dans les heures qui suivent le début du débarquement.

Trois missions essentielles à la réussite de l’opération Overlord sont confiées à la 6e D.A. Tout d’abord, pour le Major John Howard (6e brigade, 2e bataillon, compagnie D), il s’agit de s’emparer des deux seuls ponts sur l’Orne et le Canal de Caen (dont le fameux Pegasus Bridge) et de les défendre contre toutes les éventuelles contre-attaques adverses jusqu’à l’arrivée des troupes débarquées en provenance de Sword Beach : avec ses hommes transportés par six planeurs, il réussit parfaitement sa mission et peu après midi, le Jour J, les forces débarquées font leur jonction avec les parachutistes britanniques.

Le lieutenant-colonel Terence Otway, commandant le 9e bataillon de la 3e brigade, doit quant à lui s’emparer de la batterie de Merville forte de plusieurs pièces d’artillerie directement dirigées vers Sword Beach et qui menacent les opérations de débarquement sur cette plage. Malgré la perte de l’essentiel de ses matériels lourds durant les opérations de parachutage et ne réunissant qu’un septième de ses forces pour mener à bien sa mission, il attaque malgré tout, s’empare de la batterie allemande et détruit les canons, au prix de lourdes pertes.

Enfin, d’autres parachutistes s’emparent dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 des hauteurs à l’est de l’Orne et détruisent dans le même temps des ponts sur la Dives, notamment à Troarn.

Dans la journée du 6 juin 1944, les planeurs et les parachutistes de la 6e division aéroportée réalisent l’opération Tonga : ils atterrissent à l’arrière des lignes allemandes et apportent renforts en hommes, équipements, véhicules et munitions pour appuyer les actions de leurs camarades.

Pendant toute la durée de la bataille de Normandie, le « 6th Para » continue avec succès d’assurer sa mission de flanc-garde à l’est de l’Orne, en empêchant les Allemands de percer le flanc est de l’invasion alliée. Le 12 juin 1944, un tir d’artillerie britannique se perd sur les positions de la 6e D.A. en plein briefing des cadres supérieurs, tuant le commandant du 12e bataillon, le lieutenant-colonel A. P. « Johnny » Johnson (remplacé par le lieutenant-colonel William Harris) et blessant Hugh Kindersley (commandant la 6e brigade) et Lord Lovat (Commandant la 1st Special Service Brigade). Lorsque les Alliés débutent l’offensive en direction de Cabourg, la 6e D.A. participe aux combats jusqu’en septembre, période à laquelle les parachutistes sont transportés en Grande-Bretagne afin de se reconstituer et de préparer la suite des opérations.

A l’issu de la bataille de Normandie, la 6e D.A. a perdu près de 4 000 soldats, aussi bien tués, blessés ou encore disparus.

Des Ardennes au Rhin

Si la 6e D.A. ne participe pas à l’opération Market Garden dans les Pays-Bays, elle est toutefois placée en réserve d’intervention. Et les Alliés font appel aux parachutistes britanniques suite à l’offensive allemande dans les Ardennes : ces derniers enfoncent les lignes anglo-américaines à compter du 16 décembre 1944 et ils profitent du mauvais temps empêchant l’aviation alliée d’appuyer les troupes au sol. Mais la réaction décisive contre les forces allemandes met un terme à l’offensive à la mi-janvier 1945.

Après la Belgique, la 6e D.A. prend part à l’opération Varsity le 24 mars 1945, la dernière grande opération aéroportée alliée de la Seconde Guerre mondiale, qui vise à s’emparer d’une tête de pont en Allemagne, au nord-ouest de la Ruhr. Elle doit s’emparer, avec 7 200 parachutistes, des villages de Hamminkeln et Scnappenberg et des ponts sur l’IJssel afin de bousculer les troupes allemandes dans la région et de s’assurer des portes d’entrée vers l’est de l’Allemagne.

Malgré une résistance allemande inattendue et une série d’erreurs de pilotage de la part des Alliés, une grande partie des objectifs de l’opération Varsity sont atteints. La 6e division aéroportée a perdu au soir du 24 mars 1945 près de 1 400 hommes, soit tués, blessés ou disparus.

Les Britanniques s’enfoncent par la suite à travers les lignes allemandes et effectuent la jonction avec les soldats soviétiques fin avril à proximité du port de Wismar.

L’Extrême-Orient et le Proche-Orient

Peu avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Grande-Bretagne décide de débuter le déploiement de la 6e division aéroportée en Extrême-Orient à partir de juillet 1945 en vue de poursuivre les combats contre le Japon. Le 5e bataillon est sur place lorsque les Japonais capitulent sans condition le 2 septembre 1945 : il reçoit alors la mission de contrôler le désarmement japonais en Malaisie et à Singapour, puis apporte son aide aux forces néerlandaises sur l’île de Java jusqu’en avril 1946 contre les forces nationalistes indonésiennes.

Pendant ce temps, les autres bataillons sont déployés en Palestine de septembre 1945 à avril 1948 afin d’assurer des missions maintien de la paix contre les groupes paramilitaires de la Haganah, de l’Irgoun et du Lehi (opposés à la présence britannique). La 6e division aéroportée britannique, forte d’un riche passé en quelques années seulement, est dissoute le 1er avril 1948.

Auteur : Marc Laurenceau – Reproduction soumise à l’autorisation de l’auteur – Contact Webmaster