Caen (Calvados)
Les villes de Normandie pendant les combats de 1944
Libération : 19 juillet 1944
Unités engagées :
II corps, 1ère armée canadienne, 21e groupe d’armées
I corps, 2e armée britannique, 21e groupe d’armées
VIII corps, 2e armée britannique, 21e groupe d’armées
XXX corps, 2e armée britannique, 21e groupe d’armées
LXXIV. Armee-Korps, 7. Armee, Heeresgruppe B
Historique :
Le plan initial des Alliés prévoit la libération de la ville de Caen dans la soirée du mardi 6 juin 1944 par les troupes britanniques de la 3e division d’infanterie.
Ainsi, de nombreux fantassins sont équipés de bicyclettes pliables lors du débarquement afin de se déplacer plus rapidement. Mais durant l’assaut des plages, les unités prennent du retard sur les horaires prévus. Après la phase de débarquement et de nombreux chars se retrouvent isolés, à quelques kilomètres de Caen seulement, sans le soutien de l’infanterie. Ne voulant pas risquer la perte inutile de blindés, l’état-major britannique fait reculer les éléments les plus avancés. La libération de Caen est alors ajournée et les généraux alliés estiment que cela n’est plus qu’une question d’heures.
A Jour J + 1 (7 juin), le général Montgomery, commandant les forces terrestres alliées en Normandie, lance l’opération Perch qui vise à relancer l’offensive de la veille afin de s’emparer enfin de Caen. Mais les Allemands se défendent avec acharnement et empêchent les Britanniques de progresser. Les premiers assauts sont stoppés par les soldats et les chars allemands de la 12. S.S. Panzer-Division défendant Caen et notamment l’attaque menée par la 185e brigade de la 3e division d’infanterie britannique dans Lebisey, bordant la capitale. En effet, la défense allemande est prête à défendre ses positions. Le commandant de la 21. Panzer-Division, Edgar Feuchtinger, dispose de 16 000 hommes, 146 chars, 4 bataillons d’infanterie motorisée, environ 50 canons et un bataillon de canons de Flak avec 24 pièces de calibre 88 enterrées au nord de Caen. Le général Montgomery ordonne à la 7e division blindée (les célèbres « Rats du Désert ») et à la 51st Highland Infantry Division, appartenant chacune au 8e corps britannique, de débuter l’assaut. Après un début d’encerclement au nord de Caen, l’avance des Alliés dans ce secteur doit s’arrêter : à Jour J + 5 (11 juin), les pertes en hommes et en matériel sont désastreuses : le 12e bataillon de parachutistes britannique (6th Airborne Division), perd 141 des 160 paras engagés lors de la prise de Bréville.
La prise de Caen prenant un sérieux retard par rapport à la date initialement prévue, d’autant plus que Montgomery décide d’attendre le renfort de suffisamment d’unités avant de relancer l’offensive : ainsi, il prévoit d’utiliser au Jour J + 17 (23 juin) les forces commandées par le général Richard O’Connor, à savoir les 1er, 8e et 30e corps d’armée (60 000 hommes, 600 chars et 700 canons). Cette nouvelle opération est baptisée « Epsom« . Mais le 23 juin, une nouvelle tempête fait rage en Manche et les renforts en vivres, matériels et carburants sont bloqués à bord des navires ou en Angleterre, ne pouvant plus être acheminés par la mer pendant un certain temps à cause du temps exécrable. Et si les Alliés souffrent de ne plus pouvoir avancer, les Allemands, eux, profitent de cette accalmie pour renforcer leur ligne de front par une nouvelle division blindée, la Panzer Lehr. Au total, l’effectif allemand dans le secteur de Caen représente 228 chars, 150 canons de 88 mm ainsi que de multiples canons divers.
Le dimanche 25 juin 1944 marque le début de l’offensive terrestre de l’opération Epsom : 60 000 hommes et 600 chars appartenant à la 2e armée britannique attaquent à l’ouest de Caen. Deux jours, plus tard, les Ecossais ont percé le front allemand sur près de 10 kilomètres de profondeur, une performance impressionnante mais qui n’atteint pas les espérances de Montgomery qui, depuis son quartier général situé à Blay, est inquiété par les rapports catastrophiques des pertes britanniques depuis le début de l’opération Epsom.
Le 1er juillet, alors que l’opération Epsom est stoppée sur ordre du commandement, Caen n’est toujours pas tombée. Cette offensive a attiré autour de la ville de très nombreux blindés allemands (appartenant au 2e S.S. Panzerkorps (9e et 10e S.S. Panzerdivisions) de Pologne et à la 1ère S.S. Panzerdivision venue de Belgique) qui n’ont pas pu percer par la suite entre Bayeux et Arromanches, comme le voulait Hitler. Ce dernier refuse d’abandonner la capitale du Calvados et remplace la plupart de ses généraux à la tête des unités défendant le secteur environnant Caen : von Kluge va remplacer von Rundstedt, limogé après avoir proposé de faire la paix avec les Alliés. Rommel reste toujours à la tête du groupe d’armées B mais Eberbach remplace Geyr von Schweppenburg blessé.
La ville de Caen se retrouve encerclée au nord (et notamment par les parachutistes britanniques de la 6e division aéroportée en position depuis le Jour J) et à l’ouest par les positions tenues par les Anglo-Canadiens sur l’Odon. La situation devient extrêmement tragique pour les défenseurs allemands qui doivent supporter un bombardement le 7 juillet au soir, par les forces stratégiques composées d’appareils types Lancaster et Halifax du général Harris. 2 500 tonnes de bombes sont larguées au nord de Caen, sur les faubourgs. La 3e division canadienne et la 3e division britannique occupent au Jour J + 33 (9 juillet 1944) la partie nord de Caen tandis que la 12e S.S. Panzerdivision et la 272e division se replient vers le sud de l’Orne.
L’état-major britannique estime qu’une nouvelle offensive de vaste envergure permettra à ses troupes de contrôler toute la ville et de faire fuir les Allemands hors de Caen et des routes du Sud. Il met sur pied l’opération nom de code Goodwood qui commence le 18 juillet : 750 chars doivent percer par l’est vers Bourguébus. En même temps, une attaque de diversion doit attirer les défenseurs ennemis à l’ouest de la ville, deux heures avant le début de Goodwood. Auparavant, 4 500 bombardiers alliés doivent détruire tous les objectifs sur les routes empruntées par les Britanniques : ils larguent 7 000 tonnes de bombes et sont épaulés par l’artillerie navale et l’artillerie terrestre qui tirent près de 250 000 obus. Mais les chars Tigre et Panther allemands bloquent la route, aidés par les redoutables canons de 88. Très rapidement, avec tous les bombardements précédant Goodwood, les officiers allemands ont ordonné que les chars soient enterrés, ne laissant dépasser que la tourelle : les 36 chars Tigre deviennent plus dangereux que jamais. Le 18 juillet au soir, 6 000 soldats sont victimes des combats et près 400 chars sont détruits pour une avance alliée qui ne dépasse pas 11 kilomètres, Bourguébus n’étant toujours pas sous contrôle britannique. La 11e division britannique perd 126 chars en cette seule journée.
Très critiqué par l’état-major allié, Montgomery se défend en indiquant que l’offensive de Goodwood n’est pas une défaite : trois obstacles majeurs sont franchis : l’Orne, l’Odon et Caen. De plus, les troupes britanniques ont le mérite d’avoir attiré la plupart des divisions blindées allemandes autour de Caen, libérant un peu plus l’accès vers le sud du Cotentin pour les troupes américaines. La ville de Caen est complètement libérée le 20 juillet, à la fin des opérations Goodwood et Atlantic (cette dernière est confiée au 2e corps canadien dans le cadre de l’opération Goodwood), et la plaine de Caen contrôlée jusqu’à 7 kilomètres autour de la ville. Mais la ville est presque entièrement détruite par les bombardements incessants des forces terrestres, maritimes et aériennes alliées.
Cartes de Caen :
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