Port-en-Bessin (Calvados)
Les villes de Normandie pendant les combats de 1944
Libération : 8 juin 1944
Unités engagées :
47 Royal Marine Commando, 50th Infantry Division
1/Grenadier-Regiment 726, 716. Infanterie-Division
Historique :
Au printemps 1944, la ville de Port-en-Bessin est occupée par la 1ère compagnie du Grenadier-Regiment 726 (716. Infanterie-Division). Son port de pêche est situé en contre-bas d’une importante falaise qui est aménagée pour la défense par les Allemands. Du fait de sa situation géographique et des difficultés d’accès par la côte, les Alliés renoncent à tenter un débarquement face à la commune et décident de s’en emparer par un assaut depuis la terre. Cette mission est confiée aux soldats anglais du 47 Royal Marine Commando (rattaché à la 50th Infantry Division) commandés par le lieutenant-colonel C. F. Phillips. Après leur débarquement sur la plage de Gold, secteur Jig, ils doivent longer la côte et prendre d’assaut Port-en-Bessin depuis l’est. La commune est également située à la limite entre les secteurs américains et anglo-canadiens. Les Alliés ont prévu d’y effectuer leur jonction le Jour-J. Les Allemands ont installé trois points d’appui dans le secteur de Port-en-Bessin, codés de Wn 56 à Wn 58. Le Wn 56 défend les accès directs au port et est armé par un canon de 47 mm Skoda Pak 36 (t) ainsi qu’un canon de 47 mm Pak 181 (f). Le Wn 58 est situé sur les hauteurs à l’ouest de la ville et se compose d’un canon de 75 mm FK235 (b) sous casemate.
Le 6 juin 1944 à 9 heures 30, le débarquement ne se déroule pas comme prévu pour les commandos anglais qui subissent de très lourdes pertes. Les retards sur les horaires prévus s’accumulent et le 47 Royal Marine Commando n’atteint les hauteurs du mont Cavalier, situé au sud-est de Port-en-Bessin, qu’à la tombée du jour. Bien qu’épuisés par les combats et leur longue marche, les commandos lancent plusieurs patrouilles en direction de la ville pour définir le contour du système défensif allemand. Ils ont par ailleurs récupéré du matériel de guerre allemand pour compléter les pertes enregistrées pendant la phase de débarquement et depuis le début de la progression.
Dans l’après-midi du 7 juin 1944, l’infiltration des Anglais de Port-en-Bessin s’effectue avec l’appui de chasseurs-bombardiers alliés ainsi que de la marine de guerre au large des côtes. La résistance allemande s’est concentrée à l’ouest de la commune et c’est lorsque l’une des sections de commandos débute la progression le long de la falaise à l’ouest de la ville que les Allemands engagent violemment le combat : deux bâtiments de guerre allemands, des canonnières antiaériennes, ouvrent le feu avec leurs mitrailleuses et occasionnent de lourdes pertes : 11 commandos sont tués et 14 autres sont blessés en quelques minutes. Pendant ce temps, les Allemands contre-attaquent sur les hauteurs du mont Cavalier où sont postés des éléments appartenant à l’état-major du 47 Royal Marine Commando : certains sont faits prisonniers, d’autres parviennent à se replier. La situation semble désespérée : isolés, manquant de munitions et de ravitaillement, les Anglais doivent rapidement trouver une solution s’ils veulent éviter la défaite.
L’un des commandants d’unité, le capitaine Terence Cousins, âgé de 22 ans seulement, découvre une tranchée partant du port qui permet d’atteindre à couvert les hauteurs à l’est de Port-en-Bessin, où les Allemands défendent le secteur à partir de plusieurs bunkers. Accompagné de 25 commandos menés par le capitaine Vincent et le lieutenant Stickings, il s’y infiltre et à la tombée du jour, il gagne le sommet où la demi-section est prise sous le feu d’un des bunkers ; le capitaine Cousins, coiffé de son béret vert, donne l’ordre à la colonne de s’arrêter et s’élance ensuite à l’assaut de la position adverse avec quatre soldats anglais : Arthur Delap (armée de sa mitrailleuse Bren), Howe, Madden et Tomlinson. Ils se ruent à l’assaut en hurlant, ouvrant le feu avec toutes leurs armes. Appuyé par les tirs de ses 4 commandos, Cousins force une barrière de barbelés qui bloque l’accès à l’entrée du bunker mais une grenade allemande tombe à proximité du capitaine et le blesse mortellement, touchant également Madden. Les commandos en attente montent aussitôt à l’assaut à travers le découvert jusqu’à la position retranchée allemande. Les combats se poursuivent jusqu’aux environs de minuit et aboutissent à la reddition des Allemands : la prise de ce point d’appui assure le contrôle des hauteurs. Les Anglais du 47 Royal Marine Commando doivent encore combattre durant le restant de la nuit pour s’emparer de la totalité de la commune de Port-en-Bessin. Au petit matin du 8 juin 1944, la ville est définitivement libérée et les commandos sont parvenus à effectuer leur jonction avec les soldats américains.
Deux jours plus tard, le 10 juin 1944, Port-en-Bessin reçoit la visite du commandant en chef des troupes terrestres alliées pendant l’opération Overlord, le général anglais Bernard Montgomery. Il s’entretient pendant quelques minutes avec les habitants de la commune.
Aussitôt après les combats, les Alliés entament les travaux de réhabilitation du port suite aux destructions occasionnées par les combats ainsi que par les sabotages effectués par les soldats Allemands. Le but est à la fois d’effectuer des débarquements de matériel et de ravitaillements, mais également de mettre en place un système de pipeline conformément au plan PLUTO (Pipe-Line Underwater Transport of Oil) : à compter du 9 juin, les Alliés débutent l’installation des premiers éléments du Minor System qui, en liaison avec ceux également mis en place à Sainte-Honorine-des-Pertes, alimentent des réserves en carburant qui sont positionnées à hauteur du Mont Cauvin, au nord-est d’Etréham. L’avant-port est organisé de telle manière à ce que les Américains travaillent à l’ouest tandis que les Britanniques prennent en compte l’est afin de faciliter les opérations. Deux pipelines de 15,24 cm de diamètre (6 pouces) et d’une longueur d’un kilomètre sont installés dans le port et les pétroliers peuvent ainsi décharger leur carburant en raccordant les pipelines à leur soute : jusqu’à 1 000 tonnes de carburant sont livrées quotidiennement. Les premières livraisons sont effectuées à compter du 16 juin 1944 (2 jours après la remise en état du port de Port-en-Bessin) et le démontage des installations débute le 10 octobre 1944.
Le port a connu un pic d’activités après la tempête du 19 au 21 juin 1944 qui a mis hors d’état de fonctionnement le port artificiel américain Mulberry A à Omaha Beach : de nombreux navires de transport sont en effet déroutés vers Port-en-Bessin pour décharger leurs précieuses cargaisons afin de poursuivre les opérations de ravitaillement des troupes.
En 1972, les communes de Port-en-Bessin et Huppain fusionnent administrativement pour donner naissance à Port-en-Bessin-Huppain.
Photos de Port-en-Bessin en 1944
Cartes de Port-en-Bessin :
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