Stanley Hollis - Victoria Cross

Stanley Elton Hollis

Biographie


Stanley Hollis est né le 21 septembre 1912 à Middlesbrough en Angleterre. A 17 ans, il débute une formation pour devenir officier de navigation et effectue sur une période de deux ans plusieurs voyages en mer avec la Rowland & Marwood Steamship Company, avant d’accepter un emploi comme conducteur de poids lourds dans la région de Middlesbrough. En 1933, il se marie Alice Clixby qui lui donne deux enfants, un garçon et une fille.

Stanley Hollis avec sa femme, sa fille Pauline et son fils Brian. Photo : DR

Stanley Hollis avec sa femme, sa fille Pauline et son fils Brian. Photo : DR

Avant la déclaration de guerre contre l’Allemagne, Stanley Hollis s’engage dans l’armée territoriale au sein du 4th Battalion Green Howards. Lors de la mobilisation générale, il est muté au 6th Battalion Green Howards et est déployé en France en 1940 au sein de la force expéditionnaire britannique. Il participe à l’évacuation de Dunkerque avant de rejoindre l’Afrique du Nord avec la 8e armée, combattant à El Alamein. Il est blessé à la tête en avril 1943 lors de la bataille de Wadi Akarit en Tunisie.

Stanley E. Hollis en Tunisie pendant la bataille de Wadi Akarit en 1943

Stanley E. Hollis (avec le bandage à la tête) en Tunisie pendant la bataille de Wadi Akarit en 1943. Photo : DR.

En 1943, il est promu Company Sergeant Major (CSM) puis participe à l’opération Husky, l’assaut en Méditerranée contre la Sicile occupée, qui débute le 9 juillet. Blessé quelques jours plus tard pendant la bataille du pont de Primosole, il doit être évacué.

De retour en Angleterre au printemps 1944, son régiment se prépare à l’assaut de la forteresse Europe. Aussi bien au quartier qu’en manœuvres, Stanley Hollis se distingue par sa rigueur et sa discipline à toute épreuve. Particulièrement redouté lors des revues et ne tolérant aucun écart, il est à la fois craint et admiré de ses hommes.

Stanley E Hollis, VC, England

Stanley Hollis inspecte ses hommes lors d’une parade militaire en Angleterre. Photo : DR

Le 6 juin, Jour J, son régiment s’apprête à débarquer sur le secteur King de Gold Beach, à l’Ouest de La Rivière. A 31 ans, il commande la section d’appui de la compagnie D, composée de trois mitrailleuses lourdes et trois mortiers, et fait figure de vétéran à côté des jeunes soldats anglais de son unité. Lorsque son commandant d’unité, le Major Ronnie Lofthouse, ordonne la distribution de préservatifs à bord du navire de transport « SS Empire Lance », qui doivent servir à protéger les armes de l’eau de mer et du sable lors de l’assaut de la plage. Stanley s’exclame avec goguenardise : « mon commandant, est-ce qu’on va les combattre ou les baiser ?« . Tout le monde éclate de rire. Sa présence rassure.

Lorsque les chalands de débarquement s’approchent de la plage, il distingue à travers la brume et la fumée des obus fumigènes ce qu’il croit être un poste de combat ennemi. Il obtient de l’un de ses hommes une mitrailleuse Lewis et tire l’intégralité du chargeur, prenant appui sur la coque de l’embarcation. En rendant l’arme à son propriétaire, il se brûle la paume de la main avec le canon encore brûlant de la mitrailleuse. Le bunker ennemi n’était en fait qu’un abri ferroviaire sur la ligne de chemin de fer côtière. S’il s’est un peu emporté à cette occasion, Stan a démontré une fois de plus qu’il n’était pas là pour faire de la figuration.

Après son débarquement au Hable-de-Heurtot sous quelques obus de mortiers, la compagnie D s’engage à l’intérieur des terres. Elle se dirige vers la position défensive allemande du Mont-Fleury (Stp 35a) au Nord de Ver-sur-Mer, mais ils doivent d’abord traverser un champ de mines. Le CSM Hollis fait mettre en batterie ses mortiers et tirer plusieurs obus fumigène afin de masquer la progression des fantassins dans le découvert. Plusieurs mitrailleuses du point d’appui Stp 35a sont en activité, et infligent des pertes aux Anglais. Avec son pistolet-mitrailleur Sten et des grenades, Stanley Hollis traverse le découvert qui les sépare des premières casemates allemandes : il se dirige vers la position d’où provient l’essentiel des tirs ennemis. Atteignant une première casemate, il envoie une grenade à travers l’ouverture d’accès et vide deux chargeurs de sa Sten, tuant deux soldats ennemis et en blessant d’autres. Faisant plusieurs prisonniers, il suit ensuite une tranchée menant à une seconde casemate, construite dans le jardin d’une maison. Il s’engage seul dans le bunker et capture ses occupants. Au total, vingt-six soldats se sont rendus : la batterie du Mont-Fleury est désormais sous contrôle. Les artilleurs de la position s’avèrent être des soldats ukrainiens, enrôlés dans l’armée allemande et servant au sein de l’Ost-Bataillon 441, dont le poste de commandement régimentaire est installé à Ver-sur-Mer. Plusieurs soldats ennemis parviennent à se replier vers le Sud, mais Stanley les repère et ouvre le feu, abattant l’un d’entre eux. C’est à ce moment qu’il est touché à la mâchoire par l’éclat d’une balle ennemie, probablement tirée par un tireur de précision.

Batterie et village de Mont-Fleury. Photo : DR

Vue aérienne de la batterie et du village de Mont-Fleury. Photo : DR

Après avoir dépassé Ver-sur-Mer, la compagnie D s’approche le village de Crépon et engage les soldats allemands qui s’y trouvent. Ces derniers sont renforcés par plusieurs mitrailleuses et un canon qui bloquent la progression alliée. Stanley Hollis prend à ce moment le commandement de la 16e section, dont le chef a été tué quelques minutes plus tôt. Il décide de faire taire la pièce d’artillerie ennemie : il donne l’ordre à une partie de ses hommes de concentrer leur feu en direction de la haie, mais la riposte est particulièrement violente. Plusieurs de ses subordonnés sont tués. Hollis prend alors un lance-roquettes PIAT et donne l’ordre à deux de ses hommes, chacun armés d’une mitrailleuse Bren, de l’accompagner. Rampant dans un champ de rhubarbe, ils s’approchent silencieusement de leur cible et atteignent les ruines d’une habitation dans laquelle ils prennent position. A moins de cent mètres de son objectif, Hollis ajuste le canon, tire… mais manque sa cible. Les Allemands ripostent aussitôt : en net surnombre, ils font pleuvoir l’acier sur les trois anglais. Stanley donne l’ordre de repli, mais ses deux subordonnés sont fixés par les tirs allemands et s’avèrent incapables de rompre le contact. Hollis est déjà loin et constate avec frayeur qu’il est seul. Craignant à juste titre pour la vie de ses hommes, il s’empare d’un Bren Gun et ouvre aussitôt le feu afin d’attirer l’attention sur lui et permettre à ses deux soldats de se dégager de ce mauvais pas, ce qu’il parvient à réaliser.

Simultanément, un blindé anglais de l’escadron B du 4th/7th Royal Dragoon Guards apporte son concours aux compagnies du 6th Battalion Green Howards, bloquées dans Crépon. L’arrivée du char change la situation : l’initiative change de camp. La compagnie C s’engage sur le flanc gauche, la compagnie B sur le flanc droit, la compagnie A au centre. Le CSM Hollis prend part à l’assaut, jetant des grenades comme un grenadier-voltigeur de la Première Guerre mondiale. Avec une poignée d’hommes, il gagne une nouvelle position le long d’une haie qui flanque les soldats Allemands : ouvrant le feu avec toutes les armes dont ils disposent, ils font s’effondrer la défense ennemie à hauteur du village.

Après la bataille de Normandie, Stanley Hollis est une nouvelle fois blessé en septembre 1944. Touché à la jambe, il doit être impérativement évacué en Angleterre. Le 10 octobre, à peine remis de sa blessure, il est reçu à Buckingham Palace pour être décoré par le Roi George VI en personne de la Victoria Cross, la médaille militaire la plus prestigieuse de l’armée britannique pour ses multiples faits d’armes le Jour J à Mont-Fleury et Crépon. Le CSM Hollis a été l’unique récipiendaire de la Victoria Cross pour l’ensemble des actions de feu réalisées en Normandie le 6 juin 1944.

Le pub « Hollywell View » à Loftus en 2016, désormais fermé, qui avait été la propriété de Stanley Hollis de 1970 à 1972. Photo : Google Street View

Démobilisé en 1945, Stanley a travaillé pendant quelques années dans une aciérie. Il a ensuite été embauché dans un garage de Darlington puis comme ingénieur de constructions navales avant de devenir propriétaire de son propre pub dans le quartier de North Ormesby à Middlesbrough, naturellement baptisé « The Green Howard« . En 1970, il a acheté le pub « Hollywell View » à Loftus. Stan est décédé deux ans plus tard, le 8 février 1972. Il repose désormais au cimetière Aclkam de Middlesbrough. Sa femme Alice est enterrée avec lui depuis le 23 mars 1990.

Le Green Howards Memorial à Crépon, avec une statue d’un soldat anglais représentant Stanley Hollis. Photo : DR

En 1996, un mémorial en mémoire des 6th et 7th Battalions, Green Howards Regiment, est inauguré par le roi de Norvège à Crépon : la statue d’un soldat assis sur des ruines, qui semble reprendre son souffle après de durs combats, représente Stanley Hollis. Le 26 novembre 2016, sa ville natale a inauguré une statue et des plaques commémoratives en sa mémoire, en présence de son fils Brian. Depuis 2016, une école de Middlesbrough porte également son nom.

La statue en l’honneur du CSM Stanley Hollis, érigée dans sa ville de Middlesbrough. Photo : CD1965 (2016).

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Auteur : Marc Laurenceau – Reproduction soumise à l’autorisation de l’auteur – Contact Webmaster