Juno Beach

Historique et photos de la plage

Lieu : de La Rivière à Saint-Aubin-sur-Mer

– Horaire : 07h35 – Jour J

– After Action Reports – Rapports après action

Juno Beach est l’un des trois secteurs d’invasion des forces du Commonwealth : ici débarquent les Canadiens. Les plages de Juno sont situées à 1,5 kilomètres à l’est de Gold Beach et sont délimitées entre les localités de La Rivière, à l’ouest, et Saint-Aubin-sur-Mer à l’est, soit une largeur totale de près de 8 kilomètres.

Image : Navires Alliés en route vers l'objectif : Juno Beach Navires alliés en route vers l’objectif : Juno Beach. Photo : IWM

Forces en présence

Juno Beach compte 3 grands secteurs, d’ouest en est : « Love« , « Mike » et « Nan« . Les premiers soldats qui doivent débarquer sur cette plage, à l’aube du 6 juin 1944, appartiennent à la 7e brigade (composée des régiments Royal Winnipeg Rifles et Regina Rifle) et à la 8e brigade (composée des régiments Queen Own Regiment et North Shore Regiment). Ces hommes sont sous le commandement de la 3e division d’infanterie canadienne, elle-même sous l’autorité du 1er corps d’armée britannique du lieutenant général John Crocker. Ces unités sont épaulées par les troupes britanniques du Commando 48 Royal Marine débarquées à l’ouest de Sword Beach, sur le secteur « Oboe« , en face de Saint-Aubin-sur-Mer.

Image : Péniche de débarquement contenant des soldats Canadiens avec leurs bicyclettes Péniche de débarquement contenant des soldats Canadiens avec leurs bicyclettes. Photo : IWM

Juno Beach est défendue par des éléments du 736e régiment de la 716e division d’infanterie allemande, cette dernière étant composée de 29 compagnies et armée de 500 mitrailleuses, 50 mortiers et 90 canons de divers calibres. La 5e compagnie du 736e régiment tient Bernières-sur-Mer, la 6ème est localisée à Courseulles-sur-Mer, la 7e compagnie tient le secteur « Mike » et la 9e est stationnée à Saint-Aubin-sur-Mer et devant le secteur « Nan« . Deux kilomètres au sud, quatre autres compagnies et un escadron de chars forment une seconde ligne de défense.

Image : Défense antiaérienne au-dessus d'un bunker Allemand à Juno Beach Défense antiaérienne au-dessus d’un bunker allemand à Juno Beach. Photo : IWM

L’assaut

Cet assaut est précédé, comme sur les autres plages de l’invasion, d’un bombardement aérien puis d’un bombardement naval, deux heures avant le début du débarquement, qui est prévu de commencer à 7 heures 35.
Sur Sword Beach, comme sur Gold et Juno, des hommes-grenouilles sont chargés de dégager, 20 minutes avant l’Heure H, plusieurs accès à la plage en déplaçant ou en supprimant des éléments des défenses de plage afin de faciliter la navigation des engins de débarquement.

Image : Vague d'assaut Canadienne se dirigeant vers la plage Vague d’assaut canadienne se dirigeant vers la plage. Photo : IWM

Au petit matin du 6 juin 1944, la mer devant le secteur de Juno est extrêmement houleuse. Il existe de très nombreux rochers sous-marins devant Courseulles-sur-Mer, Bernières-sur-Mer ou encore Saint-Aubin-sur-Mer et la taille des vagues augmente et à mesure qu’elles s’approchent de la plage. De plus, la tempête faisant rage dans la Manche ne s’est toujours pas arrêtée même si elle est nettement moins puissante que la veille.

L’assaut, qui doit donc commencer à 7 heures 35, est retardé par la forte houle et le manque de visibilité qui empêchent les marins alliés de bien manœuvrer. De nombreuses embarcations de débarquement heurtent des défenses de plage minées que la mer, démontée, recouvre. Quant aux chars amphibies, les duplex drive, ils sont également submergés par des vagues passant au-dessus de la jupe flottante.

Image : Des soldats du régiment canadien francophone de la Chaudière avant le débarquement sur Juno Des soldats du régiment canadien francophone de la Chaudière avant le débarquement sur Juno. Photo : IWM

Un autre Omaha Beach ?

Les rochers devant Juno Beach forment une série de récifs extrêmement dangereux pour la navigation, et la mer, houleuse, les submerge. Les péniches de débarquement viennent également se heurter à ces rochers qui déchirent la carlingue métallique des barges qui coulent à pic.

Ce mauvais temps est immédiatement synonyme de retard : les sapeurs, qui sont chargés d’ouvrir et baliser des brèches à travers la forêt de défenses de plage, ne peuvent pas travailler de manière optimale avec une mer aussi démontée : très vite, ils comptent près d’une demi-heure de retard et comme sur la plage d’Omaha Beach, ils ne peuvent pas réaliser suffisamment d’ouvertures avant l’arrivée des chars et des péniches d’assaut de renfort.

Image : Canon Allemand de 75 mm dans un blockhaus à Juno Beach Canon allemand de 75 mm dans un blockhaus à Juno Beach. Photo : IWM

Malgré les risques, les navires transportant les chars amphibies (Landing Craft Tank, LCT), s’approchent au plus près de la plage afin de limiter les pertes. Ainsi, certains chars doivent traverser une distance de 600 mètres, mais les vagues restent dangereuses. C’est pourquoi certains navires LCT débarquement directement les véhicules de soutien d’infanterie à même la plage.

Carte des secteurs de Juno Beach en Normandie. Photo : D-Day Overlord

Plan de Juno Beach
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Image : Débarquement des soldats Canadiens devant la localité de Bernières-sur-Mer Débarquement des soldats canadiens devant la localité de Bernières-sur-Mer.  Photo : IWM

Ce retard permet aux Allemands de se réorganiser temporairement et de préparer la défense des plages. Ils attendent que les barges soient suffisamment à portée pour ouvrir le feu : mitrailleuses, mortiers, canons antichars… Les Canadiens font face à un redoutable mur de l’Atlantique, comme les Américains à Omaha.

Image : Débarquement Canadien à Bernières-sur-Mer, dans le secteur "Nan" Débarquement canadien à Bernières-sur-Mer, dans le secteur « Nan ». Photo : IWM

Sur les 306 embarcations de débarquement, 90 sont détruites avant même de toucher le sol normand. Les 7e et 8e brigades accusent de lourdes pertes et un sérieux retard : 10 minutes pour la 7ème, 20 pour la 8ème. L’infanterie débarque avant les chars et opère sans appui devant Bernières-sur-Mer : les hommes du Queen Own’s Regiment sont accueillis par un tir extrêmement nourri qui fauche bon nombre de soldats sur la plage longue de cent mètres.

Image : Débarquement Canadien devant la localité de Bernières-sur-Mer Débarquement canadien devant la localité de Bernières-sur-Mer. Photo : IWM

Les assaillants sont bloqués par une digue de protection contre la mer haute de deux mètres que les Allemands ont pris soin de conserver dans leur dispositif, dissimulant notamment les nombreux chemins d’accès reliant les points d’appuis. Face à ce dispositif, sans l’appui des chars, les Canadiens tentent de franchir cet obstacle pendant plus d’un quart d’heure mais sans succès : l’arrivée des blindés amphibies change le cours des choses. Ces derniers détruisent un à un les points de défenses allemands et permettent aux hommes des premières vagues d’attaquer les positions ennemies à l’intérieur des terres et aux renforts de débarquer.

Image : Débarquement des Chars Sherman Canadiens sur Juno Beach Débarquement des chars Sherman canadiens sur Juno Beach. Photo : IWM

La plage témoigne alors du carnage qui aurait pu s’y dérouler, si les chars n’étaient pas arrivés à temps : elle est encombrée de centaines de véhicules détruits, de corps déchiquetés, de matériel divers abandonnés sur le sable lors de l’assaut.

Image : A marée haute, la plage disparait presque totalement sous l'eau A marée haute, la plage disparait presque totalement sous l’eau. Photo : IWM

Bilan

La réussite sur Juno Beach est principalement due à la présence des chars spéciaux qui ont appuyé après leur arrivée l’infanterie canadienne. Si tous les objectifs initialement prévus ne sont pas encore atteints, la tête de pont est solidement installée en Normandie et la jonction se réalise entre la 3e division d’infanterie canadienne et les soldats britanniques de la 50e division d’infanterie débarqués à Gold Beach (la tête de pont est alors à cet endroit large de près de 19 kilomètres). Cependant, à l’est de Juno, aucun véritable contact n’a pu être établit avec les troupes britanniques débarquées à Sword Beach et un couloir large de 3 à 6 kilomètres sépare les deux têtes de pont.

Image : Prisonniers Allemands gardés devant leurs fortifications Prisonniers allemands gardés devant leurs fortifications. Photo : IWM

Les forces canadiennes ont atteint au sud les villages d’Anisy et de Mathieu, ce qui représente une distance d’environ 12 kilomètres depuis la plage. Un des objectifs principaux, l’aérodrome de Carpiquet, est encore à plus de 5 kilomètres, tout comme la ville de Caen. Des chars Canadiens ont contrôlé en fin d’après-midi une portion de la route Caen-Bayeux, mais du fait de l’absence de l’infanterie alliée dans le secteur, ils sont dans l’obligation de se replier plus au nord.

Image : Renforts Canadiens faisant route vers l'intérieur des terres Renforts Canadiens faisant route vers l’intérieur des terres. Photo : IWM

Le 6 juin 1944 à minuit, 3 200 véhicules ont débarqué sur Juno, bien que 90 des 306 chalands de débarquements soient détruits ou endommagés. Les pertes de la 3ème division d’infanterie canadienne sont très élevées : 340 soldats ont été tués, 574 sont blessés et 47 faits prisonniers. Le régiment Queen’s Own Rifles a été le plus touché avec 143 pertes (128 pour le Royal Winnipegs, 125 pour le North Shore et 108 pour le Regina Rifles). C’est le rapport de pertes le plus lourd des trois plages d’invasion dédiées aux forces du Commonwealth.

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