Estrées-la-Campagne (Calvados)
Les villes de Normandie pendant les combats de 1944
Libération : 10 août 1944
Unités engagées :
1er régiment blindé, 10e brigade blindée, 1 Dywizja Pancerna
28th Armoured Regiment « British Columbia », 4th Armoured Brigade 4th Armoured Division
The Algonquin Regiment, 10th Infantry Brigade 4th Armoured Division
Schwere SS Panzer-Abteilung 101
Kampfgruppe Wünsche, 12. SS Panzer-Division « Hitlerjugend »
Historique :
Les six semaines du siège de la ville de Caen permettent aux forces allemandes de fortifier les défenses de nombreuses communes au sud, et Estrées-la-Campagne en fait partie. Afin de percer ce front adverse en direction de Falaise, les Britanniques déclenchent l’opération Totalize dans la nuit du 7 au 8 août 1944 qui débute avec des bombardements aériens et terrestres. Estrées-la-Campagne est alors défendu par des éléments appartenant à la 85. Infanterie-Division ainsi que par le Kampfgruppe Wünsche (12. SS Panzer-Division « Hitlerjugend ») qui se compose à ce moment des 3e et 8e escadrons du SS Panzer Regiment 12, des 1er et 3e bataillons du SS-Panzer Grenadier Regiment 26, du 3e bataillon du SS Panzer Artillerie Regiment 12 ainsi que d’un escadron du Schwere SS Panzer-Abteilung 101.
Le 9 août, au deuxième jour de l’opération Totalize, deux régiments canadiens (le 28th Armoured Regiment « The British Columbia Regiment » de la 4th Armoured Brigade et trois compagnies de l’Algonquin Regiment de la 10th Infantry Brigade) aux ordres du lieutenant-colonel Worthington (chef de corps du British Columbia Regiment, BCR) sont engagés pour s’emparer de cette hauteur qui représente un point d’intérêt tactique important. Au lever du jour, le BCR qui progresse en tête du groupement tactique est à 2 kilomètres à l’est d’Estrées-la-Campagne, à proximité du point coté 111 : après un rapide point topographique, les Canadiens qui croyaient être arrivés à proximité du point coté 195 réalisent qu’ils n’ont pas pris la bonne direction. En effet, au lieu de longer la RN 173 vers le sud, ils ont suivi le Chemin Haussé du duc Guillaume, une voie romaine qui traverse la plaine de Caen. Réalisant son erreur, Worthington met en place un périmètre de sécurité sur le point coté 111 s’appuyant tant bien que mal sur les quelques haies qui peuvent être trouvées dans le secteur et fait installer des moyens de signalisation au sol visant à éviter d’éventuels tirs fratricides de la part de l’aviation alliée.
Lorsque les derniers éléments de la colonne (l’escadron A du BCR et la compagnie D de l’Algonquin Regiment) atteignent Estrées-la-Campagne, le Kampfgruppe Wünsche engage le combat. Les Allemands, solidement installés en défensive, taillent en pièces leurs adversaires et seuls deux chars Sherman de l’escadron A parviennent à traverser la zone battue par les feux. Worthington a installé à compter de 7 heures son dispositif sur la colline 111 dans un champ de 300 mètres de longs et 100 mètres de large bordé de haies et de petites zones boisées (au nord et au sud). Deux grands arbres se tiennent au milieu de ce champs et le lieutenant-colonel choisi celui le plus au centre du dispositif pour y installer son poste de commandement. Sans liaison radio avec ses supérieurs, il décide d’y attendre les renforts ; mais étant donné qu’il ne se trouve pas sur le point 195 et qu’il n’est pas en liaison avec le reste de la division, l’état-major ne peut lui envoyer des éléments de renforcement. Worthington confie le commandement des blindés au Major T. B. Baron, commandant l’escadron C du BCR : à ce moment de la bataille, les Canadiens disposent de 31 chars Sherman et 1 char léger de reconnaissance. Ces blindés sont disposés sur tout le périmètre du champ et sont renforcés par des half-tracks transportant les fantassins de l’Algonquin Regiment. Ces derniers sont répartis de la manière suivante : la compagnie C prend en compte les approches sud-est et sud-ouest du champ, la compagnie B est installée au nord et la compagnie D doit, une fois arrivée sur position, prendre en compte les approches nord-ouest.
A 8 heures, des éléments du Kampfgruppe Wünsche passent à l’attaque. Des blindés et des soldats allemands prennent position dans un bois à 700 mètres au sud-est et le lieutenant-colonel Worthington déploie à deux reprises des éléments blindés en dehors de son périmètre défensif pour déloger ses adversaires, mais les Canadiens enregistrent de lourdes pertes, notamment lors du deuxième engagement à 9 heures. Toutefois, ils parviennent à réduire la position adverse et les survivants retournent à leur point de départ une demi-heure plus tard. A compter de 10 heures, les Allemands lancent une violente contre-attaque en direction des Canadiens avec environ 200 fantassins appuyés par 4 chars. Ils sont repoussés avec de lourdes pertes. Aussitôt après avoir repoussé leurs adversaires, Worthington rassemble ses chefs d’éléments pour un point de situation improvisé, mais un obus allemand détruit son char de commandement et l’explosion occasionne des pertes : A. J. Primeau, company sergeant major de la compagnie C est tué tandis que le lieutenant-colonel A. J. Hay est grièvement blessé par un éclat ; un garrot est placé sur sa jambe pour arrêter l’hémorragie. A midi, la moitié des véhicules de combat canadien sont hors d’état. Worthington fait charger les blessés à bord de six véhicules semi-chenillés qui, recouverts de larges croix rouges, doivent rejoindre les lignes alliées, mais ils sont pris sous les tirs des Allemands pendant le trajet.
Malgré une passe de bombardement effectuée tôt le matin, des chasseurs-bombardiers anglais Typhoon appuient du mieux qu’ils le peuvent les Canadiens. En début d’après-midi, les Polonais d=u 1er régiment blindé commandés par le lieutenant-colonel A. Stefanewicz (10e brigade blindée, 1ère division blindée) qui progressent à hauteur de Saint-Sylvain, 4 kilomètres au nord-est, arrivent progressivement à portée de canons du périmètre défensif canadien : des obus sont tirés par les chars polonais jusqu’à ce que les hommes de Worthington déclenchent des grenades fumigènes pour s’identifier comme éléments amis. Les Polonais sont engagés par les Allemands lorsqu’ils sont à une distance de 1 500 mètres et bien qu’ils ne soient qu’à 300 mètres des Canadiens, ils sont obligés de se replier en milieu d’après-midi, ayant enregistré de trop lourdes pertes. Peu après 15 heures, Worthington ordonne aux 8 chars rescapés de se replier en direction des lignes alliées tandis que les fantassins sont solidement postés dans des tranchées creusées dans le sol dur. A 17 heures 30, une nouvelle offensive allemande est déclenchée et un obus de mortier tue le lieutenant-colonel Worthington ; le Major Macpherson prend alors le commandement des rescapés. Ces derniers reçoivent l’ordre de se replier à la tombée de la nuit. Au total, 47 chars canadiens (44 Sherman, 2 Stuart, 1 Crusader) sont détruits sur les 52 engagés. Les pertes s’élèvent à 240 pour les Canadiens : le BCR a 40 tués, 38 blessés et 34 prisonniers tandis que l’Algonquin Regiment a 45 tués, 38 blessés et 45 prisonniers.
Le 1er régiment blindé polonais, qui se réorganise au nord-est d’Estrées-la-Campagne durant la journée du 10 août, reprend l’offensive et atteint le village qu’il libère dans la nuit.
Cartes d’Estrées-la-Campagne :
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