Longues-sur-Mer (Calvados)

Les villes de Normandie pendant les combats de 1944

Libération : 7 juin 1944

Unités engagées :

Drapeau anglais C Company, 2nd Devonshire Regiment, 231st Infantry Brigade, 50th Infantry Division

Drapeau anglais 602nd RAF squadron, 125th Wing, 83rd Group, 2nd Tactical Air Force

Image : drapeau Australie 132th RAAF squadron, 125th Wing, 83rd Group, 2nd Tactical Air Force

Image : drapeau Australie 453rd RAAF squadron, 125th Wing, 83rd Group, 2nd Tactical Air Force

Drapeau canadien de 1944 441st RCAF squadron, 144th Wing, 144th Wing, 2nd Tactical Air Force

Drapeau nazi 4/Heeres-Küsten-Artillerie-Abteilung 1260

Historique :

Sous l’Occupation allemande, la construction d’une batterie côtière débute en septembre 1943. Les Allemands choisissent à cet effet le plateau surplombant les falaises à proximité du village de Longues-sur-Mer. C’est ainsi que quatre casemates type Regelbau M272 sortent de terre, accompagnées d’un poste de direction des tirs (de type Regelbau M262A), équipé d’un système électrique de communication et de direction des tirs, très moderne pour l’époque. A cet effet, ils utilisent des artisans du Reich et la main d’œuvre locale. La batterie de Longues-sur-Mer adopte le nom de code Wn 48 et se compose de quatre canons de marine de 150 mm TK C/36 fabriqués par Skoda, d’une portée d’environ 20 kilomètres.

La garnison allemande de la batterie de Longues est forte de 184 militaires sous le commandement de la marine de guerre, la Kriegsmarine. Le site est placé sous la responsabilité des artilleurs de la 4e batterie du Heeres-Küsten-Artillerie-Abteilung 1260, aux ordres de l’Oberleutnant M.A. Kurt Weil. Au sein des artisans locaux employés pour la construction du site se glissent des résistants français : ils renseignent les Alliés sur la disposition et les capacités de la batterie, tout en sabotant le béton utilisé pour la construction de l’une des casemates M272, la rendant plus fragile aux coups de l’artillerie.

Pendant les deux semaines précédant le Jour J, du 28 mars au 3 juin, la batterie ne reçoit pas moins de 1 500 bombes larguées par les avions alliés. Les destructions demeurent toutefois limitées, mise à part l’une des casemates M272 dont le béton fut saboté par les résistants. Des câblages électriques reliant le poste de commandement aux casemates de tir furent également coupés par les explosions, obligeant les Allemands à utiliser un système de communication de secours, moins rapide et moins performant. Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, 604 tonnes de bombes sont larguées sur le site par 99 quadrimoteurs. Touchés à plusieurs reprises par des impacts directs, les murs des casemates, épais de deux mètres et conçus en béton armé, tiennent bon.

Le cuirassé léger britannique HMS Ajax, faisant route dans la Manche au sein de la force navale G, reçoit la mission d’ouvrir le feu après le passage des escadrilles sur la batterie allemande de Longues-sur-Mer, à cinq heures trente, avec ses canons de 152 mm et de 102 mm.

Les artilleurs allemands réagissent en ouvrant le feu peu avant six heures en direction d’Omaha Beach, sans causer des dégâts sérieux. A compter de six heures vingt, la batterie de Longues engage le navire amiral de la force G (Gold Beach), l’HMS Bulolo, qui transporte l’état-major du 30e corps britannique. Celui-ci est alors obligé de quitter son mouillage et de se replier hors de portée des tirs. Les cuirassés Ajax et Argonaut reçoivent l’ordre de s’approcher au plus près de la côte pour appliquer des tirs précis et ouvrent le feu à 179 reprises : la riposte britannique est telle que la batterie allemande plonge dans un silence total à compter de huit heures quarante-cinq, faisant croire aux marins qu’ils sont parvenus à la détruire.

Plus tard dans la matinée, après des travaux rapides de réparation effectués par les artilleurs allemands, les canons de 150 mm ouvrent à nouveau le feu en direction d’Omaha. En réaction, les croiseurs français Georges Leygues et Montcalm ainsi que le croiseur américain U.S.S. Arkansas ripostent à leur tour et parviennent alors à détruire une pièce par un tir direct et endommagent deux autres canons. La batterie reste silencieuse jusqu’à ce que la quatrième pièce, rescapée des duels d’artillerie, ouvre à nouveau le feu au cours de l’après-midi du 6 juin, aux côtés du canon soviétique de 122 mm, en direction des plages de Gold et d’Omaha, sans parvenir à inquiéter outre mesure les Alliés. Au total, la batterie de Longues a tiré 115 obus en direction des forces alliées pendant le Jour J.

Le 7 juin, les Alliés lancent un nouveau raid aérien aux environs de 09h00 (à l’aide de sept escadrilles de B-17 Flying Fortress) qui précède l’assaut des troupes britanniques de la compagnie C du 2e régiment du Devonshire en provenance de Gold Beach. Les fantassins s’emparent de la batterie avant midi et font prisonniers les 120 artilleurs et fantassins allemands rescapés des bombardements, se rendant sans opposer de résistance particulière.

Du 18 au 21 juin 1944, les sapeurs britanniques construit une piste aérienne avancée, seulement trois cent-mètres à l’est de la batterie de Longues. Baptisée ALG B-11, elle accueille des escadrilles de chasseurs des 125th et 144th Wings (2nd Tactical Air Force), et voit notamment le passage de l’aviateur français Pierre Clostermann à bord de son Spitfire. Les casemates M272 sont utilisées par la Royal Air Force pour stocker des munitions, mais une explosion accidentelle détruit la casemate numéro 4 (la plus à l’est) : quatre soldats alliés sont tués sur le coup.

Photos de Longues-sur-Mer en 1944

 

Carte de Longues-sur-Mer :