Ouistreham-Riva-Bella (Calvados)

Les villes de Normandie pendant les combats de 1944

Libération : 6 juin 1944

Unités engagées :

Drapeau anglais Drapeau France Libre N°4 Commando, 1st Special Service Brigade, 3rd Infantry Division

Drapeau anglais 2nd Battalion East Yorkshire Regiment, 8th Infantry Brigade, 3rd Infantry Division

Drapeau anglais 13th/18th Royal Hussars, 27th Armored Brigade, 3rd Infantry Division

Drapeau anglais 5th Royal Marine Independent Armoured Support Battery, Royal Marine Independent Armoured Support Group

Drapeau nazi I/Grenadier-Regiment 736, 716. Infanterie-Division

Drapeau nazi I/Heeresküstenartillerie-Abteilung 1260

Historique :

La commune d’Ouistreham-Riva-Bella dans le Calvados est occupée en 1944 par le 1er bataillon du Grenadier-Regiment 736 (716. Infanterie-Division) dont le poste de commandement est situé dans un ensemble de bunkers codé Wn 14 (surnommé « position Sole » par les Britanniques). La proximité immédiate de l’embouchure de l’Orne explique la construction par les Allemandes de plusieurs points d’appuis importants.

La plage et l’embouchure de l’Orne sont défendues par le point d’appui codé Wn 08 (également codé Stp 08) comprenant un imposant poste d’observation et de direction des tirs haut de dix-sept mètres au profit de la 1ère batterie du 1260ème régiment d’artillerie côtière allemand. Ce poste de direction de tir comporte cinq étages (dont un souterrain), un puissant télémètre, plusieurs chambres de veille, de transmissions, de munitions et pour la troupe. Plusieurs habitations sont détruites afin d’installer des encuvements qui reçoivent des canons de 155 mm d’origine française (des GPF mle 1917) d’une portée de 19 kilomètres. Le Stp 08 est soutenu par un point d’appui construit en 1943 en bord de plage à l’emplacement de l’ancien casino de Riva-Bella, est qui est codé Wn 10 par les Allemands.

Les accès au sud de la commune sont défendus par un important point d’appui allemand codé Wn 12 (surnommé « batterie Daimler » par les Britanniques) situé à proximité du château d’eau. Etant initialement une position de batterie hippomobile, le Wn 12 est finalement doté de quatre encuvements avec soutes attenantes et est armé par la 4ème batterie de l’Artillerie-Regiment 1716 (716. Infanterie-Regiment) et comprend quatre canons de 155 mm sFH 414 (f).

Compte tenu de la superficie de la localité, les Alliés n’envisagent pas de débarquer face à la commune mais ils veulent prendre pied dans un premier temps 1 500 mètres plus à l’ouest à hauteur de La Brèche d’Hermanville (où la densité d’habitations est plus réduite) puis dans un deuxième temps s’emparer d’Ouistreham et de ses différents points d’appui par un mouvement tournant. Ce sont les commandos franco-anglais de la 1st Special Service Brigade qui sont chargés d’effectuer cette manœuvre le Jour-J.

Le 6 juin 1944 à 8 heures, le n°4 Commando (1st Special Service Brigade) commandé par le lieutenant-colonel R. W. P. Dawson et transporté à bord de 13 LCA et 2 LCI (LCI 523 et LCI 527) débarque sur le secteur Queen Red de Sword Beach face à La Brèche. Dawson est blessé à deux reprises (à la jambe et à la tête) et doit laisser temporairement la main au Major Ronald Menday. Les deux premières unités, les Troop 1 et Troop 8, se composent des commandos français dirigés par le capitaine de corvette Kieffer : les soldats du « Commando Kieffer » sont envoyés en première ligne pour s’emparer d’Ouistreham, appuyés par des chars Centaur du 5th Royal Marine Independent Armoured Support Battery et soutenus par les autres éléments du n°4 Commando. Les Français s’attaquent tout d’abord au Wn 10 (à l’emplacement de l’ancien casino) : la Troop 8 s’installe en appui et la Troop 1 monte à l’assaut, mais les Allemands résistent. Kieffer, blessé, parvient à obtenir l’appui d’un char Sherman Duplex Drive anglais appartenant à la Troop 1 de l’escadron B du 13th/18th Royal Hussars. Ce dernier, de part son intervention décisive, permet aux commandos de réduire au silence plusieurs positions ennemies. Le capitaine-médecin Robert Lion du commando Kieffer est tué par le tir d’un tireur isolé allemand qui le touche en plein cœur lors de cet assaut, alors qu’il tente de porter secours au caporal Paul Rollin, grièvement blessé à la tête. Ce sont ensuite les commandos anglais qui ratissent et nettoient l’ensemble du point d’appui tandis que les Français poursuivent vers la rive est de l’Orne.

Les Anglais du 2nd Battalion East Yorkshire Regiment (8th Infantry Brigade), également débarqués à La Brèche, progressent directement en direction des points d’appui Wn 12 (position Daimler) et Wn 14 (batterie Sole) qu’ils doivent prendre d’assaut. Ils parviennent à accomplir leur mission, perdant toutefois 137 soldats tués, blessés, disparus ou faits prisonniers durant cette première journée de combat.

Le poste d’observation et de direction des tirs du point d’appui Stp 08 résiste encore dans la soirée du 6 juin : cinquante-trois soldats allemands sont retranchés à l’intérieur et refusent de se rendre. Trois jours plus tard, les Alliés veulent mettre un terme à cette situation : le lieutenant Robert « Bob » Orrel appartenant à la 91st Field Company (3rd Beach Group, Royal Engineers) fait détonner peu après 22 heures trois kilos d’explosifs devant la porte d’entrée blindée, mais sans succès. Une nouvelle tentative est ordonnée avec cinq kilos supplémentaire, permettant aux sapeurs de s’engager prudemment dans l’édifice à 2 heures du matin le 10 juin. Une voix se fait entendre dans les escaliers : dans la langue de Shakespeare, un Allemand leur propose de monter les rejoindre. Orrel leur répond aussitôt : « Il n’en est pas question, c’est à vous de descendre ! ». Cette reddition anecdotique marque la fin de la libération de la commune Ouistreham.

  Photos d’Ouistreham-Riva-Bella en 1944

Carte d’Ouistreham-Riva-Bella :

Image : carte du secteur de Ouistreham-Riva-Bella - Bataille de Normandie en 1944
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