Saint-Lambert-sur-Dive (Orne)
Les villes de Normandie pendant les combats de 1944
Libération : 19 août 1944
Unités engagées :
29th Armoured Reconnaissance Regiment « The South Alberta Regiment », 4th Armoured Division
The Argyll and Sutherland Highlanders, 10th Infantry Brigade, 4th Armoured Division
5th Anti-Tank Regiment, 4th Armoured Division
10. SS Panzer-Division « Frundsberg »
12. SS Panzer-Division « Hitlerjugend »
Historique :
Le 14 août 1944 les Anglo-Canadiens lancent une nouvelle offensive terrestre, baptisée opération Tractable, qui vise à fermer la nasse dans laquelle près de 110 000 soldats allemands sont pris au piège. Une grande partie d’entre eux tente de s’extraire de ce chaudron afin de rompre l’encerclement : les éléments en déroute, appartenant à de nombreuses unités désorganisées, cherchent désormais à se replier à l’est de la Seine. Toutes les heures, plusieurs milliers de ces soldats parviennent à s’exfiltrer avec quelques équipements lourds. Il devient alors urgent pour les Alliés de bloquer définitivement la route des Allemands pour les empêcher de se réorganiser.
Les Canadiens de la 4th Armoured Division commandés par le Major General George Kitching reçoivent l’ordre de s’emparer de Saint-Lambert-sur-Dive après la prise de la commune de Trun qui tombe le 18 août, afin de couper une des routes utilisées par les Allemands pour échapper à la fermeture de la nasse qui est également appelée « poche de Falaise« . Kitching ordonne au 29th Armoured Reconnaissance Regiment « The South Alberta Regiment » de s’emparer de la commune de Saint-Lambert-sur-Dive afin de contrôler les axes la traversant. Le Major David V. Currie, commandant l’escadron C du régiment armé de chars Sherman, est renforcé par les compagnies d’infanterie B et C de l’Argyll and Sutherland Highlanders of Canada « Princess Louise’s ainsi que par des éléments du Lincoln and Welland Regiment (10th Infantry Brigade, 4th Armored Division) afin d’accomplir cette mission qui lui a été confiée. Currie débute la progression avec ses 175 personnels en direction de Saint-Lambert-sur-Dive à compter de 18 heures sous les tirs d’obus de mortiers et il marque une halte pour la nuit à mi-chemin entre Trun et son objectif.
Dès le lendemain matin, 19 août, les Canadiens approchent de la commune et sont dès lors pris à partie par les Allemands et deux de leurs chars sont détruits sous les tirs d’une pièce antichar. Les adversaires des Canadiens sont conscients qu’ils doivent à tout prix défendre le pont sur la Dive : celui-ci représente pour les Allemands une des précieuses portes de sortie du « chaudron ». Le Major Currie et ses hommes sont fixés à moins d’un kilomètre de Saint-Lambert-sur-Dive par un feu extrêmement nourri qui les empêche de manœuvrer. Ne disposant que trop peu d’hommes face aux éléments mélangés de trois divisions blindées adverses en cours de repli, les Canadiens doivent déclencher un tir de barrage sur leurs éléments les plus avancés pour mettre un terme à la pression allemande. Les Canadiens parviennent néanmoins à s’infiltrer dans le village, au prix de lourdes pertes humaines et matérielles. Les contacts entre les deux camps se font à très courte distance, parfois au corps à corps. Mais Currie est également préoccupé par une difficulté inattendue : il doit gérer des prisonniers de plus en plus nombreux qui se rendent par dizaines. En effet, beaucoup d’Allemands ne savent pas au moment où ils s’engagent dans Saint-Lambert-sur-Dive que la commune est déjà aux mains de leurs adversaires : les prisonniers sont d’ailleurs plus nombreux que les soldats Canadiens dans le secteur.
Un char allemand en provenance de Chambois s’approche de Saint-Lambert-sur-Dive et parvient à toucher un char Sherman avant d’être repéré par les Canadiens. Les membres d’équipage parviennent à s’extraire de la carcasse, mais le tireur ne donne aucun signe de vie. Le Company Sergeant-Major George Mitchell de la compagnie B de l’Argyll and Sutherland Highlanders n’écoute alors que son courage et parvient, avec l’aide de plusieurs soldats et notamment celle du Corporal J. R. Holmes, à sortir le tireur du char qui est inconscient : il est transporté à l’aide d’une porte en bois dans la zone nord de Saint-Lambert-sur-Dive où les Canadiens ont installé une antenne médicale avancée (toutefois, il meurt de ses blessures quelques jours plus tard).
Currie tient toute la nuit face aux flux permanents de soldats ennemis. Le 20 août 1944 à 8 heures du matin, les Allemands attaquent de manière violente à l’ouest du village. Un transport chenillé Universal Carrier traverse la ligne de front et les Canadiens l’arrêtent : ils découvrent deux Allemands en caisse qui ont fait prisonnier le pilote et qui l’ont forcé à rejoindre son camp ; le prisonnier est libéré et les deux adversaires sont placés avec les autres soldats captifs. Plus tard, le Lance-Sergeant Earl McAllister découvre 50 soldats allemands dans une grange qui se constituent aussitôt prisonniers. Les combats se poursuivent dans la totalité du village en ruines, les Canadiens ne parvenant pas à conserver une ligne de front homogène.
Ne pouvant plus tenir la position du pont, le Major Currie ordonne le regroupement de ses éléments à l’ouest de Saint-Lambert-sur-Dive. C’est durant cette journée que le commandant d’unité de la compagnie B de l’Argyll and Sutherland Highlanders, le capitaine Ivan Harold Martin, est tué par un éclat d’obus de mortier. Les prisonniers, particulièrement nombreux, sont évacués par groupes entiers en arrière de la ligne de front, parfois dans le désordre le plus complet : l’un des groupes ne reçoit pas l’ordre de retirer leurs casques, signe distinctif de captivité, et un char canadien ouvre le feu à leur approche, tuant le soldat Fred Mclntee, le garde qui les escortait.
Les combats se poursuivent jusqu’au 21 août avec la même intensité et quelques renforts du 5th Anti-Tank Regiment (4th Armored Division) parviennent à hauteur de la commune. Mais la nasse dans laquelle des dizaines de milliers de soldats allemands sont piégés est désormais fermée et ils cessent progressivement le combat sur ordre de leurs chefs. Les hommes du Major Currie ont accompli avec brio leur mission, malgré des pertes importantes : les compagnies d’infanterie B et C ne comptent plus que 70 soldats en état de combattre. Ils sont parvenus à détruire 7 chars, 40 véhicules et 12 canons de 88 mm tout en faisant 2 100 prisonniers. Les Allemands enregistrent la perte de 300 tués et 500 blessés. Les rescapés canadiens sont relevés sur position par la 3rd Infantry Division et se dirigent ensuite vers Trun pour un court repos bien mérité.
Photos de Saint-Lambert-sur-Dive en 1944
Cartes de Saint-Lambert-sur-Dive :
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