Elargissement de la tête de pont (3/3)
Jour-J + 1 à Jour-J + 12 – Du 7 au 18 juin 1944
Les Allemands sur la défensive
Si les Allemands sont en nette infériorité numérique, ils savent tirer le meilleur parti du terrain normand, le bocage. Ce bocage est composé de parcelles de terrains et de vergers, toutes entourées par des grandes haies d’arbustes et d’orties, que les habitants entretiennent depuis des décennies. Ces véritables fortifications naturelles sont profitables aux allemands qui les intègrent dans leur stratégie défensive.
Un chasseur de chars allemand Panther attaque les forces britanniques à l’ouest de Caen. Photo : Bundesarchiv
Le général Rommel demande alors au Führer s’il croit encore aux chances allemandes en Normandie. Hitler répond : « Cette question n’est pas de votre responsabilité mais de la mienne« . Car il croit toujours aux armes secrètes allemandes, comme les fusées V-1, tant que les troupes de Normandie contiennent les forces débarquées et qu’elles laissent le temps aux ingénieurs de créer et produire ces engins de destruction massive, pour les employer notamment contre des objectifs militaires : les ports artificiels alliés par exemple.
Fusée allemande V1 en vol. Photo : Bundesarchiv
Au moment où Hitler donne ses ordres aux généraux allemands de la Normandie, à la mi-juin 1944, les fusées V-1 ne sont toujours pas assez précises pour être efficaces : le 17 juin, le jour même de cette rencontre entre le Führer, von Rundstedt et Rommel, un V-1 tombe à quelques mètres du bunker d’Hitler, au lieu d’atterrir sur la ville de Londres. Les deux généraux allemands (qui avaient quitté le bunker avant l’accident) ne peuvent plus revoir le Führer après cet incident et rentrent en Normandie sans qu’ils aient obtenu des aides supplémentaires des forces armées allemandes.
Les Alliés s’installent
Rommel sait que l’objectif des Alliés, une fois la tête de pont réunifiée et un maximum de divisions engagées en Normandie (vingt divisions sont alors engagés entre Sainte-Mère-Eglise et Ouistreham et 24 500 tonnes de matériel sont débarquées), est de s’emparer de la ville de Cherbourg. Il décide alors de défendre au maximum la presqu’île du Cotentin, mais déjà, le 18 juin, le 7e corps du général Collins coupe le Cotentin en deux.
C’est également à cette date que les deux ports artificiels d’Arromanches et de Saint-Laurent-sur-Mer sont terminés et prêts à recevoir les navires de ravitaillement. Ces installations sont favorables à un début de deuxième action offensive, après celle de l’élargissement de la tête de pont : sa consolidation. Il s’agit pour les Alliés de s’emparer de Cherbourg, percer vers le sud du secteur américain en direction de Saint-Lô, et de s’emparer de Caen tout en sécurisant la zone est de l’invasion alliée de l’embouchure de l’Orne à la capitale du Calvados.
Rommel résume ainsi la situation : « L’ennemi se renforce sous la protection d’une très forte supériorité aérienne. Notre aviation et notre marine sont incapables de mener une opposition valable. L’ennemi se renforce beaucoup plus vite que n’arrivent nos réserves… Notre position est extrêmement difficile : l’adversaire nous interdit tout mouvement en journée alors qu’il déplace ses forces (même par air) en toute liberté. L’ennemi a une totale maîtrise de l’air au-dessus du front, et jusqu’à 100 kilomètres en arrière… Notre aviation et notre D.C.A. sont totalement incapables d’interrompre sa puissance de destruction…«
Le 20 juin 1944, deux jours après la rencontre de Margival, Hitler demande une contre-offensive sur le front ouest au centre de la tête de pont alliée avec le 2e S.S. Panzerkorps ramené de Pologne : le Führer estime que les unités d’élite S.S. du IIIe Reich réussiront là où la Wehrmacht, une unité plus classique, a échoué.
Soldats allemands (16e Luftwaffe-Feld-Division) armés de mitrailleuses MG sur la Place Courtonne à Caen. Photo : Bundesarchiv
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Suite : La consolidation de la tête de pont
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