Thomas M.Rice 101st Airborne Division

Thomas « Tom » M. Rice
101st Airborne Division
1921-2022

Biographie

Thomas M. Rice est né à Coronado (Californie) le 15 août 1921.

Pendant son enfance, en 1934, son père est tué lors d’un accident d’avion dans la zone du canal de Panama. Diplômé du Coronado High School en 1940, il s’engage dans l’armée américaine à Fort Rosecrans près de San Diego le 17 novembre de la même année. En 1943, il effectue ses classes au camp Toccoa, en Géorgie, avant d’être envoyé à l’école des troupes aéroportées de Fort Benning. Après dix-huit mois d’entraînement, il intègre le 501st Parachute Infantry Regiment (PIR) de la 101st Airborne Division. Pendant son service au sein de cette nouvelle infanterie aéroportée, Rice commande un groupe de combat de douze parachutistes et sert en qualité de sous-officier adjoint pendant six mois.

Déployé en 1944 en Angleterre avec l’ensemble de la compagnie C du 501st PIR, il se prépare à l’opération Overlord, l’assaut de la Normandie. Il appartient à un groupe d’appui principalement armé de mortiers. Le 5 juin 1944, il embarque sur l’aérodrome de Merryfield à bord d’un Douglas C-47 qui appartient à la quatorzième série de largage. La mission de sa division est baptisée « Albany » : elle vise à sécuriser plusieurs routes traversant les marais du Cotentin.

Rice se souvient des heures qui ont précédé son parachutage en France : « Dans la nuit du 5 juin 1944, alors que nous embarquions dans des avions qui nous mèneraient au combat, je ne suis pas sûr d’avoir compris l’ampleur des dangers et des difficultés auxquels nous allions être confrontés, et les centaines de milliers d’autres hommes qui allaient faire face à des épreuves similaires ou même pires, mais si nous avions su tout cela, cela n’aurait fait aucune différence pour nous. Nous étions prêts et presque impatients de passer à l’action et de mener à bien toute cette affaire sanglante.« 

Pris sous le feu de l’artillerie antiaérienne allemande, la « Flak« , le C-47 transportant les 18 parachutistes commandés par le lieutenant Janssen accélère pour échapper aux obus. Alors que l’appareil survole la zone de saut baptisée « D », un obus touche la carlingue et plusieurs soldats sont sonnés pendant quelques secondes. Un temps précieux qui se transforme en autant de kilomètres les éloignant de leur objectif. Alors qu’il parvient à franchir la porte, Thomas Rice reste finalement accroché au C-47 pendant de nouvelles secondes qui lui paraissent interminables. Finalement, il parvient à se dégager et son parachute s’ouvre à cent mètres du sol. L’ensemble du « stick » est éparpillé dans les environs, notamment en raison de la vitesse particulièrement élevée de l’avion (aux alentours de 265 kilomètres par heure, alors que la vitesse de largage réglementaire est située entre 180 et 175 km/h) : l’un des parachutistes, Marvin Buskirk, se retrouve ainsi en mer, à plus d’une centaine de mètres du rivage, dans la baie des Veys. Il parvient néanmoins à s’extraire de son matériel et à nager jusqu’à la terre ferme.

Après un atterrissage mouvementé, Tom reprend ses esprits, contrôle son pistolet-mitrailleur Thompson et observe les environs. Il réalise qu’il se trouve à proximité d’un canal (celui de Carentan à la mer) et retrouve dans un premier temps deux de ses camarades, Tony Das et Franck Ficarotta. D’autres parachutistes, isolés, les rejoignent progressivement. Le secteur est particulièrement marécageux, et les hommes luttent pour ne pas s’enfoncer dans le sol détrempé. Perdus, ils doivent désormais trouver un point caractéristique du terrain qui doit leur permettre ensuite de s’orienter. Pendant ce temps, les tirs de l’artillerie antiaérienne se faisaient toujours entendre, perçant le ciel de longues traînées lumineuses. Progressant au hasard de l’obscurité vers le sud-est, le groupe d’une dizaine de parachutistes atteint finalement une ferme isolée. Un habitant leur ouvre, inquiet et toujours en chemise de nuit : il ne parle pas anglais. A force de gestes et d’intonations de voix, il leur indique sa position sur une carte d’état-major présentée par les Américains, permettant aux parachutistes de s’orienter pour la suite de leur mission. Ils sont situé à environ deux kilomètres au nord de l’écluse de la Barquette, l’objectif principal.

Les parachutistes quittent aussitôt la ferme après en avoir remercié le couple de propriétaire, complètement apeuré par cette apparition d’hommes sur-équipés, trempés jusqu’aux os et le visage recouvert de suie noire. Leur localisation en poche, les militaires s’imaginent avoir fait le plus dur en ayant battu le premier adversaire de la journée : la topographie. Cependant ils ne le savent pas encore : le lieutenant-colonel Caroll (commandant le 1er bataillon du 501st PIR) est tué, son adjoint le Major Phillip Gage est blessé puis fait prisonnier, et les commandants d’unité sont introuvables. Poursuivant leur marche, Tom Rice et ses frères d’armes découvrent en chemin un cheval blessé à la tête par un éclat d’obus. Plusieurs d’entre eux vivaient à la campagne et étaient habitué à soigner les chevaux : un infirmier pris le temps de soigner tant bien que mal la plaie qui saignait abondamment, mettant en place un bandage sommaire. Sans attendre davantage, le groupe d’hommes se remit en marche pour atteindre quelques minutes plus tard le hameau de La Basse-Addeville.

Les secteurs de La Basse-Addeville et du Canal de Carentan dans lesquels Tom Rice et ses camarades ont débuté leurs combats pour la libération de l’Europe.

Le jour commençait à se lever, et la visibilité augmentait de minute en minute. Aux abords du hameau, Tom Rice fait la rencontre avec un lieutenant du génie appartenant au 326th Airborne Engineer Battalion. Lui et ses hommes sont fixés par la présence d’un tireur isolé allemand qu’ils n’arrivent pas à localiser. Le lieutenant donne l’ordre au groupe du 501st PIR de servir d’appât en se déplaçant dans les découverts pour inciter l’ennemi à ouvrir le feu, permettant ainsi de le dénicher. S’étonnant de cette tactique peu soucieuse de leur vie, les « paras » se sont exécutés en traversant un champ, mais sans obtenir l’effet escompté. Les hommes se regroupent ensuite aux abords d’un talus à proximité immédiate des premières maisons. Les parachutistes ne portant sur eux qu’une quantité limité de munitions, qui seraient consommées en l’espace de quelques minutes seulement en cas de contact soutenu avec l’ennemi, il était urgent de trouver davantage de cartouches. Pour le First Sergeant (adjudant) Marshall Buckridge, ce recomplètement était indispensable avant de se jeter dans la gueule du loup : Franck Ficarotta se porte volontaire pour retourner sur la zone de saut pour récupérer des munitions de petit calibre, mais il est tué d’une balle en pleine tête par le tireur isolé, avant même d’avoir quitté sa position.

Les Américains sont finalement placés sous les ordres du Major Allen, Malgré la présence du tireur allemand, le groupe accompagnant Tom continue de progresser à marcher en toute discrétion le long de la petite route traversant La Basse-Addeville, progressant de maison en maison et fouillant chaque construction à la recherche de l’ennemi. Il est pris pour cible dans le village et est légèrement blessé à la jambe par l’éclat d’une balle qui le manque de peu. Malgré cette situation confuse, le Major Allen du 501st PIR regroupe les parachutistes de différentes unités qui errent dans le secteur et parvient à rassembler une centaine d’entre eux : les parachutistes poursuivent leur progression en direction de l’écluse de la Barquette tout en continuant à chercher des munitions et armes supplémentaires sur la zone de saut.

Carte du secteur des combats de Tom Rice le 6 juin 1944.

Carte du secteur des combats de Tom Rice le 6 juin 1944.

Thomas M. Rice et ses camarades traversent le carrefour situé entre Basse-Addeville et l’écluse, bientôt baptisé « Hell’s corner » : le carrefour de l’enfer. Les éléments d’assaut franchissent l’écluse et s’installent sur l’autre rive du canal, s’emparant sans difficulté de La Barquette et creusant rapidement des abris pour se protéger des tirs adverses. Pendant toute la journée du 6 juin, les parachutistes américains tenant l’écluse sont soumis à d’importants tirs d’artillerie et de mortiers provenant aussi bien de la région est de Carentan que de Saint-Côme-du-Mont. A 20 heures le Jour-J, la position de La Barquette est tenue par 280 parachutistes.

Thomas "Tom" Rice, vétéran de la 101st Airborne Division en Normandie, 2018. Photo : Normandy WW2 International Film Festival

Thomas « Tom » Rice au musée d’Utah Beach en Normandie, 2018.
Photo : Normandy WW2 International Film Festival

Après la bataille l’écluse, Tom Rice a participé aux combats pour élargir la tête de pont en direction de Saint-Côme-du-Mont puis Carentan du 7 au 8 juin 1944. Une fois la bataille de Normandie terminée pour la 101st Airborne Division, sa compagnie a été désengagée puis transportée en Grande-Bretagne pour préparer l’opération Market-Garden. Le 17 septembre 1944, il est largué au-dessus de la Hollande puis participe aux combats dans les Ardennes de décembre 1944 à janvier 1945. Grièvement blessé par balles dans le secteur de Bastogne, il est évacué du front mais reste en Europe pour être soigné avant de rejoindre son unité. Il participe notamment aux combats de la prise du nid d’Aigle d’Hitler à Berchtesgaden, en Allemagne.

Démobilisé le 21 décembre 1945, il reprend ensuite ses études à la San Diego State University. Il a enseigné les sciences sociales et l’histoire pendant près de 44 ans en Californé. Père de cinq enfants, il a rédigé ses mémoires, publiées en 2004 sous le titre « Trial by Combat: A Paratrooper of the 101st Airborne Division Remembers the 1944 Battle of Normandy« .

Il réside dans la maison californienne de 55 mètres carrés construite par son père. Participant régulièrement aux commémorations du débarquement et de la bataille de Normandie, il continue de sauter en parachute comme à Montpellier en juin 2018. Le 5 juin 2019, il a sauté en tandem à proximité de Carentan à l’occasion du 75e anniversaire du D-Day.

Il décède le 17 novembre 2022, à 101 ans.

Tom Rice, alors âgé de 97 ans, lors de son saut commémoratif à Carentan-les-Marais le 5 juin 2019.
Photo : REUTERS/Pascal Rossignol.

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Auteur : Marc Laurenceau – Reproduction soumise à l’autorisation de l’auteur – Contact Webmaster