Carpiquet (Calvados)
Les villes de Normandie pendant les combats de 1944
Libération : 9 juillet 1944
Unités engagées :
Régiment de La Chaudière, 8th Infantry Brigade, 3rd Infantry Division
The North Shore Regiment, 8th Infantry Brigade, 3rd Infantry Division
10th Armoured Regiment Fort Garry Horse, 2nd Canadian Armored Brigade
27th Armoured Regiment Sherbrooke Fusilier, 2nd Canadian Armored Brigade
24th Airfield Construction Group
I/S.S. Panzergrenadier-Regiment 26, 12. S.S. Panzer-Division
S.S. Panzer-Regiment 12, 12. S.S. Panzer-Division
S.S. Panzerartillerie-Regiment 12, 12. S.S. Panzer-Division
Historique :
La commune de Carpiquet située à l’ouest de Caen dispose d’un aérodrome qui représente un objectif majeur pour les Alliés. Cet aérodrome était déjà utilisé par les Français avant la guerre puis est occupé par les Allemands. Il se compose initialement d’une piste en ciment de 1 800 mètres de long.
Le 29 avril 1941, les Normands Jean Hébert et Denys Boudard réussissent l’exploit de s’emparer d’un avion allemand Bücker Jungmann puis ils se posent au Royaume-Uni, rejoignant ainsi les rangs de la France Libre.
Carpiquet et son aérodrome doivent passer sous le contrôle des soldats Alliés dès le 6 juin 1944. Mais le Jour-J, les soldats débarqués sur les plages prennent un important retard au départ de l’action, et les soldats allemands en profitent pour installer une solide ligne défensive visant à interdire les accès à la ville de Caen.
Carpiquet demeure pendant près d’un mois aux mains des soldats Allemands de la 12. S.S. Panzer-Division commandée par l’Oberführer Kurt Meyer, ce qui leur laisse le temps de mettre en place des postes de combat redoutables malgré les bombardements alliés permanents, qui obligent notamment les « Panzer » à s’embosser. La 3ème compagnie du S.S. Panzergrenadier-Regiment 26 (renforcée par la 1ère section de la 1ère compagnie) est en position à l’ouest de Carpiquet. Des éléments de la 4ème compagnie sont en interdiction à l’est. L’état-major du 1er bataillon et les autres éléments du régiment sont situés au sud de l’aérodrome, profitant des installations défensives de l’aérodrome mises en place avant le début de la bataille de Normandie. L’infanterie est appuyée par les chars du S.S. Panzer-Regiment 12 (cinq chars Panzer IV du 9ème escadron aux ordres de l’Obersturmfürher Buettner) installés au sud-est de l’aérodrome et disposant d’une vue complète sur l’ensemble du site. Les artilleurs du 3ème régiment du S.S. Panzerartillerie-Regiment 12 soutiennent également la défense du secteur.
Le général Montgomery, commandant les forces terrestres alliées en Normandie, envisage une première opération pour s’emparer de Carpiquet : l’opération Ottawa, qui s’inscrit dans le cadre de l’opération Epsom lancée le 26 juin 1944. En raison des pertes rencontrées durant Epsom, Ottawa est annulée. Il faut attendre le 4 juillet et le lancement de l’opération Windsor pour voir la situation évoluer.
L’opération Windsor est précédée par une importante préparation d’artillerie délivrée par les 21 batteries de campagne composées de 248 tubes de différents calibres ainsi que les pièces de 408 mm et 380 mm embarquées à bord des cuirassés britanniques HMS Rodney et HMS Roberts dans Manche. Une première attaque de déception menée par le Royal Winnipeg est lancée le 4 juillet à cinq heures du matin en direction des hangars d’aviation de l’aérodrome. Au même moment, les Canadiens du régiment de La Chaudière et du North Shore (8th Infantry Brigade) montent à l’assaut de la commune de Carpiquet. Les chars du Sherbooke Fusiliers (2nd Armored Brigade) parviennent à traverser les champs de mines au nord de Carpiquet mais se heurtent à une farouche défense de la part des soldats S.S. qui prennent également sous leur feu le North Shore Regiment. Les Canadiens, appuyés par les chars du 10ème régiment blindé Fort Garry Horse (2nd Armored Brigade), entrent dans Carpiquet à 06h32 où de violents combats de rues débutent contre les S.S. de la 12. S.S. Panzer-Division. Peu après 08h30, les Alliés s’emparent de la commune et se concentrent ensuite leurs efforts sur l’aérodrome.
Le Royal Winnipeg Rifles relance son offensive qui cette fois vise à s’emparer des hangars et des pistes d’aviation, mais les Canadiens doivent franchir le grand découvert qui les sépare des positions allemandes. Ils subissent de lourdes pertes : plusieurs chars Sherman sont détruits et, alors qu’ils sont à mi-chemin des hangars, les Canadiens se replient vers leur point de départ. Aucun compte-rendu ne remonte vers le général Keller qui est persuadé que tout fonctionne conformément au plan initialement prévu : le front forme un saillant qui est défavorable aux Alliés, mais les Allemands restent en position défensive et n’exploitent pas le repli temporaire des Canadiens. Dans Carpiquet, les hommes de la 8ème brigade d’infanterie installent leurs positions défensives en prévision d’éventuelles contre-attaques adverses. Ils sont situés à 1600 mètres des premières habitations de Caen et représentent une menace très importante pour les forces allemandes : ces dernières ont concentré leur défense au nord de la capitale du Calvados et la présence des soldats Canadiens sur leur flanc gauche leur est largement défavorable. Les forces alliées sont susceptibles d’utiliser leur tête de pont excentrée de Carpiquet pour faire tomber les lignes de défense allemandes.
En début d’après-midi, le Royal Winnipeg relance son offensive en direction de l’aérodrome, appuyé cette fois par deux escadrilles d’appareils Typhoon qui partent en chasse des blindés et canons allemands. Ils parviennent à atteindre les hangars au nord de l’aérodrome mais les S.S. de la 12ème Panzer ne plient pas et lancent plusieurs contre-attaques avec leurs chars depuis les hangars au sud : à nouveau, les Canadiens sont obligés de se replier sur leur point de départ malgré l’intervention de leur aviation. Les Alliés ont perdu treize chars pendant cette première journée de l’opération Windsor.
Dans la nuit du 4 au 5 juillet 1944, Kurt Meyer prépare la contre-offensive allemande visant à reprendre la commune de Carpiquet, essentielle selon lui à la défense de Caen. Ses troupes se tiennent prêtes à percer la ligne de front depuis le village de Francqueville et elles rassemblent tous les appuis nécessaires en blindés, artillerie, mortiers, mitrailleuses lourdes. Peu après minuit, le 5 juillet, la contre-attaque débute. La défense de Carpiquet tient bon contre cette offensive allemande : les combats se prolongent tout au long de la nuit et jusqu’à l’aube. Les Allemands ne lancent pas moins de trois attaques qui se solderont toutes par un échec et leurs pertes sont élevées. Ils maintiennent la pression malgré tout par des tirs de mortiers et de lance-roquettes pendant la journée, mais les défenses canadiennes tiennent bon.
Toute la nuit suivante, les Allemands renouvellent leur offensive face au régiment du North Shore avec le soutien de leur artillerie. Les Canadiens, une fois de plus, ne reculent pas et leurs adversaires sont fixés par de puissants tirs. A l’aube du 6 juillet 1944 les soldats S.S. appuyés par des chars lancent une large offensive contre les positions tenues par le régiment de La Chaudière. L’infanterie canadienne doit se replier en attendant l’appui salvateur des chars Sherman qui lui permet de retrouver sa ligne de défense initiale.
L’aérodrome tombe entièrement et définitivement aux mains des Canadiens le dimanche 9 juillet 1944 suite à l’opération Charnwood (lancée depuis la veille par la 3ème division d’infanterie canadienne) visant à prendre le contrôle de Caen par le nord et l’ouest. Suite à un bombardement massif mené par 450 appareils de la Royal Air Force, le régiment de La Chaudière s’empare des derniers hangars au sud de l’aérodrome tandis que les fantassins du Queen’s Own Rifles of Canada s’emparent des casernes.
A compter du 13 juillet 1944, les sapeurs du 24th Airfield Construction Group installent une piste recouverte de plaques PSP croisée avec la piste cimentée qui doit être réparée. Les travaux de l’aérodrome codé ALG B-17 par les Alliés se terminent le 8 août 1944.
Cartes de Carpiquet :
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