Crisbecq (Manche)
Les villes de Normandie pendant les combats de 1944
Libération : 12 juin 1944
Unités engagées :
502nd Parachute Infantry Regiment, 101st Airborne Division
508th Parachute Infantry Regiment, 82nd Airborne Division
4th Reconnaissance Troop, 4th Infantry Division
22nd Infantry Regiment, 4th Infantry Division
39th Infantry Regiment, 9th Infantry Division
899th Tank Destroyer Battalion
Marine-Artillerie-Abteilung 260
II/Grenadier-Regiment 919, 709. Infanterie Division
Historique :
Au printemps 1944, le village de Crisbecq est occupé par des éléments de la 6e compagnie de l’Oberleutnant Geissler appartenant au Grenadier-Regiment 919 (709. Infanterie Division). Une batterie côtière est également installée sur la commune (également connue sous l’appellation « batterie de Saint-Marcouf » ou « Marine Küsten Batterie Marcouf » et « Seeziel Batterie Marcouf » en allemand). La garnison de la batterie de Crisbecq est forte de 320 soldats appartenant au Marine-Artillerie-Abteilung 260 et placés sous les ordres de l’Oberleutnant Zur See (enseigne de vaisseau de 1ère classe) Walter Ohmsen.
La construction de la batterie débute en 1942 sous le contrôle de l’organisation Todt chargée de la mise en place des installations du Mur de l’Atlantique. Initialement composée de six pièces de 155 mm qui sont ensuite déplacées à proximité de Fontenay-sur-Mer, les Allemands souhaitent installer sur ce site quatre casemates de type Regelbau R683 abritant chacune un canon de 210 mm (des Skoda K39/40 d’une portée de plus de 30 kilomètres), dont les tirs sont commandés par un poste de direction. Au printemps 1944, seules deux casemates R683 sont terminées et opérationnelles (même si les boucliers mobiles devant équiper les canons n’étaient pas encore en place) et trois canons de 210 mm seulement sont présents : les bombardements alliés qui s’accélèrent depuis le mois d’avril de la même année empêchent la bonne continuité des travaux. Le 5 juin 1944, une troisième casemate est encore en construction tandis que les travaux pour la quatrième n’ont pas même débuté. Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, Crisbecq est abondamment bombardée par l’aviation alliée : 598 tonnes de bombes sont larguées. Des dizaines de soldats allemands sont tués lors de ce raid et tous les canons anti-aériens ainsi qu’une des pièces de 210 mm sont mis hors d’usage.
Aux premières heures du Jour J, des parachutistes américains appartenant au 502nd Parachute Infantry Regiment de la 101st Airborne Division prennent d’assaut le site de Crisbecq. Ces soldats, parachutés bien au-delà de leur zone de saut dans la région de Saint-Martin-de-Varreville, ont tenté le tout pour le tout mais se heurtent à la solide défense allemande : vingt d’entre eux sont faits prisonniers. Les rescapés font route toute la journée vers le sud pour rejoindre leurs différents points de ralliement.
A 5 heures du matin, l’Oberleutnant Zur See Omhsen aperçoit l’armada alliée et rend compte à sa hiérarchie. A 5 heures 52, il reçoit l’ordre d’ouvre le feu ce qu’il fait 3 minutes plus tard. La batterie engage le destroyer USS Corry, le croiseur USS Tuscaloosa et le cuirassé USS Nevada. Au moment exact du débarquement sur Utah Beach, soit à 6 heures 33, des obus atteignent directement l’USS Corry sous la surface de l’eau au niveau de la quille et le destroyer américain commence à sombrer. A 8 heures, l’USS Nevada met hors d’usage le canon le plus proche de la côte puis, à 9 heures, les multiples tirs des trois bâtiments de guerre américains neutralisent la deuxième pièce de 210 mm. Un obus tiré par l’USS Nevada fait but et détonne à l’intérieur de la casemate, tuant tous ses servants. Pendant ce temps, la dernière pièce ouvre le feu sur la plage d’Utah, causant de lourdes pertes dans les rangs de la 4th Infantry Division.
En début de soirée du 7 juin 1944, tandis que les duels entre la batterie et l’armada alliée se poursuivent toute la journée, le 1er bataillon du 22nd Infantry Regiment (4th Infantry Division) dépasse Saint-Marcouf et s’approche de Crisbecq. Les Allemands ripostent avec un 75 mm qui appuie une contre-offensive allemande : les Américains se replient pour la nuit au sud de Saint-Marcouf. Le 8 juin à 10 heures, appuyés par les chars de l’escadron C du 899th Tank Destroyer Battalion, le 1er bataillon du 22nd Infantry Regiment lance l’assaut en direction du village. De 13 heures 30 à 13 heures 50, les Alliés effectuent un tir d’artillerie sur le site de batterie avant que le bataillon commence son attaque. La compagnie D est placée en appuie tandis que les compagnies A et B avancent de front, soutenues par la compagnie C. Lorsqu’elles sont à portée de tir, les compagnies A et B se placent à leur tour en appui et laissent la compagnie C monter à l’assaut en traversant entre les deux unités. L’infanterie américaine engage alors un combat à très courte portée, détruisant à l’explosif les installations allemandes dont ils s’emparent. Ohmsen ordonne alors à ses hommes de se mettre à couvert dans les casemates et demande à la batterie d’Azeville, située à 1 500 mètres au sud-ouest, d’ouvrir le feu sur sa propre position afin de repousser l’attaque américaine. Le flanc gauche du 1er bataillon est sévèrement pris à partie par une contre-attaque allemande menée par les hommes d’Ohmsen et des éléments de la 6e compagnie de l’Oberleutnant Geissler : les Américains se replient une nouvelle fois, 98 des leurs sont faits prisonniers par les Allemands.
Le général Raymond O. Barton commandant la 4th Infantry Division décide de contourner la batterie pour ne plus se laisser retarder et de poursuivre la progression vers le nord du Cotentin. Il ne veut pas que les Allemands aient le temps de préparer de nouvelles lignes de défenses autour de Cherbourg. Le 22nd Infantry Regiment débute sa progression à compter de 16 heures 30.
A court de munitions et de matériel médical, Ohmsen reçoit l’ordre de se replier vers le nord. Dans la nuit du 11 au 12 juin, à la faveur de l’obscurité, il parvient à traverser les lignes américaines sans se faire repérer avec 78 de ses hommes. Il laisse à la batterie 21 de ses blessés avec un infirmier et 126 prisonniers américains. Dans la matinée du 12 juin, à 8 heures 20, une patrouille menée par des éléments du 1er bataillon du 39th Infantry Regiment (9th Infantry Division) aux alentours de la batterie de Crisbecq permet de constater que le site est abandonné par les Allemands. L’intégralité de la commune de Crisbecq est alors sous contrôle américain.
Durant les semaines qui suivent la conquête de la batterie de Crisbecq, le génie militaire américain procède à des essais de résistance des casemates allemandes, utilisant de grandes quantités d’explosifs dont les effets occasionnent plus de dégâts que les bombardements des combats.
Cartes de Crisbecq :
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