Colombelles (Calvados)
Les villes de Normandie pendant les combats de 1944
Libération : 18 juillet 1944
Unités engagées :
5th Battalion The Black Watch, 153rd Infantry Brigade, 51st Highland Infantry Division
1st Battalion The Gordon Highlanders, 153rd Infantry Brigade, 51st Highland Infantry Division
5/7th Battalion The Gordon Highlanders, 153rd Infantry Brigade, 51st Highland Infantry Division
148th Regiment Royal Armoured Corps
The Queen’s Own Rifles of Canada, 8th Infantry Brigade, 3rd Infantry Division
The North Shore Regiment, 8th Infantry Brigade, 3rd Infantry Division
Régiment de la Chaudière, 8th Infantry Brigade, 3rd Infantry Division
Stormont, Dundas & Glengarry Highlanders, 9th Infantry Brigade, 3rd Infantry Division
6th Armoured Regiment (1st Hussars), 2nd Armoured Brigade, 3rd Infantry Division
Luftwaffen-Jäger Regiment 32, 16. Feld-Division (L)
II/Panzergrenadier-Regiment 125, 21. Panzer-Division
Werfer Regiment 54
Historique :
La commune de Colombelles dans le Calvados est située au nord-est de Caen sur un mouvement de terrain dominant la région et connait avant la Seconde Guerre mondiale un essor industriel grâce à l’implantation de la Société métallurgique de Normandie (SMN). Colombelles abrite le poste de commandement du deuxième bataillon du Panzergrenadier-Regiment 125 commandé par l’Hauptmann Kuron et appartenant à la 21. Panzer-Division. Deux autres postes de commandement y sont également implantés : celui de la 8e compagnie de l’Oberleutnant Laber et celui de la 10e compagnie notamment équipée de quatre semi-chenillés Somua modifiés et codés mSPW S307 (f).
Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, les parachutistes de la 6e division aéroportée britannique sont largués au nord-est de Colombelles. L’un des avions transportant un stick du 8th Battalion Parachute Regiment (3rd Para Brigade), le DC3 immatriculé KG 429 appartenant au N°46 Group de la Royal Air Force Transport Command, s’écrase dans le secteur de la commune près de l’église Saint-Martin, touché par un canon de la défense antiaérienne situé à hauteur des chantiers navals. Il n’y a qu’un seul survivant sur les 19 parachutistes et 4 membres d’équipage : les soldats tués sont enterrés dans une fosse commune près de l’église [ils reposent depuis 1952 dans le cimetière militaire de Ranville].
Les Britanniques de la 3e division d’infanterie doivent s’emparer de Colombelles dès le 6 juin mais l’important retard pris sur la plage ne leur permet pas de respecter les délais. Les Allemands profitent de la situation et renforcent leur ligne de défense le Jour-J, notamment avec des soldats appartenant au Luftwaffen-Jäger Regiment 32 de la 16. Feld-Division (L). Ils sont progressivement renforcés par des éléments du Schwere Panzer-Abteilung 503 équipés des premiers chars Tigre II déployés pendant la bataille de Normandie. Durant les semaines qui suivent, le front n’évolue pas. Colombelles est soumis à des bombardements réguliers et les Allemands évacuent progressivement le village afin de préparer sa défense. L’usine métallurgique, soumise à des attaques aériennes et à des frappes d’artillerie régulières, n’est plus qu’un vaste champ de ruines mais elle permet toutefois aux éléments d’observations de demander puis corriger des tirs d’artillerie dans la région nord de Caen.
Le 9 juillet 1944, après l’arrêt de l’opération Charnwood au nord de Caen, les Allemands renforcent leurs positions et notamment à Colombelles. Le général Montgomery, commandant le 21e groupe d’armées, ordonne alors la destruction des cheminées de l’usine, utilisées par les observateurs d’artillerie allemands : cette action prend le nom d’opération Stack. Dans la nuit du 10 au 11 juillet, la 153rd Infantry Brigade composée des 5th Battalion The Black Watch, 1st Battalion The Gordon Highlanders et 5/7th Battalion The Gordon Highlanders, se lance à l’assaut des positions défendues par le Schwere Panzer-Abteilung 503. L’infanterie est appuyée par les chars Sherman et Firefly du 148th Regiment Royal Armoured Corps (RAC). Les soldats anglais sont rapidement fixés par des bombardements violents de mortiers et de Nebelwerfer du Werfer Regiment 54. Les chars du 3e escadron aux ordres de l’Oberleutnant Richard Freiherr von Rose (le commandant d’unité en titre, l’Hauptmann Scherf, remplace temporairement le chef de corps, malade) contre-attaquent à l’aube et détruisent 9 des 10 Sherman de l’escadron A du 148th RAC. Trois autres blindés sont mis hors de combat et les Allemands capturent deux Sherman : l’un d’eux est utilisé plus tard comme dépanneuse au profit du régiment. La 153rd Infantry Brigade se replie, abandonnant l’espoir d’atteindre les objectifs de l’opération Stack.
Le 18 juillet, les Alliés lancent l’opération Atlantic (partie canadienne de l’opération Goodwood) qui vise également à s’emparer de Caen : l’offensive débute avec un bombardement massif qui détruit la grande majorité des positions allemandes. Les Canadiens de la 8th Infantry Brigade se lancent à l’assaut à 7 heures 45. Le flanc droit est pris en compte par le régiment de La Chaudière qui progresse le long de l’Orne, le Queen’s Own Rifles of Canada est positionné sur le flanc gauche et le North Shore Regiment est situé au centre, en deuxième échelon. Les hommes de La Chaudière sont appuyés par l’escadron C du 1st Hussars (2nd Armored Brigade), ceux du Queen’s Own Rifles par l’escadron B. Les Canadiens de La Chaudière sont accueillis par un feu nourri provenant du château de Colombelles et des ruines de l’usine métallurgique, ils sont rapidement fixés.
De son côté, la compagnie A du Queen’s Own Rifles aux ordres du Major Hume Elliot Dalton progresse à travers les ruines de la commune de Colombelles. Le régiment est ralenti par la capture de nombreux soldats du Luftwaffen-Jäger Regiment 32 : les sections sont sous le feu de tireurs isolés allemands qui profitent du chaos des ruines de l’usine métallurgique pour appliquer des feux sans être repérés. Les compagnies C et D du Queen’s Own Rifles contournent par l’est et se dirigent vers Giberville. Au sud de l’usine métallurgique, la compagnie A engage un violent combat : tous les chefs de section de la compagnie sont tués. De nombreux soldats trouvent la mort et sont blessés lors de cet engagement.
Vers 11 heures, le régiment de La Chaudière n’est pas parvenu à déloger ses adversaires : le North Shore est engagé et doit se frayer un chemin à travers les positions des unités du premier échelon, créant un désordre épouvantable. Comble du malheur, le Stormont, Dundas & Glengarry Highlanders (9th Infantry Brigade) qui devait avancer en direction de Vaucelles (faubourg sud-ouest de Caen) sans gêner les Canadiens s’imbrique à son tour. A midi, le général Keller, commandant la 3e division d’infanterie, demande un appui aérien contre la position du château qui continue de fixer La Chaudière, mais le bombardement est sans effet. A 14 heures 40, un déluge d’obus alliés tombe sur le château : croyant le tir terminé, des sections du Stormont, Dundas & Glengarry Highlanders reprennent la progression, mais le tir reprend et les pertes sont nombreuses, en particulier dans les rangs des officiers. Le régiment met de longues minutes à se remettre de ce choc. Les canons cessent le tir de neutralisation à 15 heures 18 et le régiment de La Chaudière n’est alors plus fixé et peut à nouveau avancer : les Canadiens poursuivent le combat dans le secteur du château et pénètrent au nord de Colombelles. Le régiment a alors perdu 25 soldats tués et 75 autres sont blessés. De leur côté, les hommes du Stormont, Dundas & Glengarry Highlanders doivent traverser un découvert battu par les feux avant d’atteindre les habitations à l’est du village : bloqués par les tirs de mitrailleuses allemandes, les soldats hésitent. Mais les ordres sont d’atteindre Colombelles, quel qu’en soit le coût en vies humaines. L’absence d’appuis blindés se fait de plus en plus lourde de conséquences et les trous béants créés par les obus d’artillerie gênent considérablement la progression. Toutefois, l’objectif est atteint vers 17 heures et les Alliés tiennent enfin la commune, bien que plusieurs Allemands restent camouflés dans les ruines du village.
Ayant contourné le point de résistance du château et les habitations de Colombelles par l’est, le North Shore Regiment progresse dans les ruines de l’usine métallurgique et doit faire face à la résistance ponctuelle de redoutables soldats Allemands, camouflés dans les décombres. Les combats se poursuivent toute la nuit, les soldats des deux camps sont recouverts d’une importante couche de poussière. Au sud-ouest de Colombelles, le Stormont, Dundas & Glengarry Highlanders parvient péniblement à s’extraire du secteur de l’usine et s’installe de nuit en interdiction. Les derniers défenseurs allemands de Colombelles et de son usine métallurgique sont neutralisés ou capturés au lever du jour suivant.
Entièrement libérée de l’occupant allemand le 19 juillet 1944, la commune de Colombelles est détruite à 80% par les nombreux bombardements. Les décombres de l’usine métallurgique continuent de se consumer plusieurs jours après la fin des combats.
Cartes de Colombelles :
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